Terme polysémique, le sport est une activité physique au sens de jeu, de lutte, d'effort, qui suppose un entraînement méthodique, le respect de certaines règles et disciplines. Il concentre les qualités de libre expression du corps, recherche de la performance et des records, loisir épanouissant, activité lucrative, instrument de combat, marqueur social… Le sport dit moderne émerge au XIXe en Angleterre, premier pays à connaître le phénomène de l'industrialisation, puis s'étend au monde par l'intermédiaire des capitales et des grandes villes commerciales et industrielles. La percée du sport moderne est donc liée à la modernité, l'industrialisation, l'urbanisation : il apparaît dans des sociétés en voie d'industrialisation, où le temps de loisir mesuré sur le temps de travail se construit et possibilité lui est donnée de se développer, des sociétés qui incitent à la diversification et multiplication des rencontres. L'État et la politique qui lui est relative, ont un rôle à jouer dans l'appréhension, la mise en valeur du sport : Etat démocratique et Etat totalitaire ont partie liée avec le sport, les deux y ont vu par exemple un moyen de lutter contre la perte du lien social qui condamnait ces sociétés devenues areligieuses et individualistes et un moyen de redonner ainsi de la cohésion sociale, du ciment collectif.
Mobilisant des références culturelles communes, le sport fait partie de ces langages universels perçus par l'humanité tout entière, de ces activités humaines qui ignorent apparemment les frontières et débordent les idéologies. C'est le but en tout cas que se fixe le Baron Pierre de Coubertin, admiratif de l'œuvre de Thomas Arnold (modéliste de l'esprit sportif anglais) et désireux de populariser le sport en l'internationalisant. Ceci le conduit à vouloir restaurer l'Olympisme antique. L'année 1896 voit la célébration de la première Olympiade à Athènes, les premiers Jeux olympiques de l'ère moderne. Le choix d'Athènes n'est pas anodin, c'est la capitale du pays qui a vu naître les Premiers Jeux ; il souligne bien la volonté d'imprégner ces jeux de la culture hellénique les animant. Ces jeux qui excluaient les professionnels et les femmes au profit de l'amateurisme et du genre masculin ont réuni 13 pays, 295 athlètes concourant dans 43 épreuves réparties entre 9 disciplines, ils furent suivis par 100 000 spectateurs. En 2004, Athènes accueille de nouveau les Jeux mais les données ne sont plus les mêmes : 201 délégations, 10 625 athlètes, professionnels parmi lesquels 4 329 femmes, concourant dans 301 épreuves répertoriées dans 32 disciplines, mais surtout, ce sont 1,5 million de spectateurs auxquels se rajoutent 4 milliards de téléspectateurs qui ont suivi ces Jeux. En 1896, certes, un rituel a été institué pour faire le lien entre Jeux antiques et Jeux modernes, mais c'est le spectacle, non le symbole, qui en marque l'ouverture, ou plutôt le sport est exploité comme un symbole, une démonstration sociale et économique, ces Jeux sont une de ces premières manifestations universelles (si ce n'est la première) qui donnent un sens quasi politique à la mise en scène sportive.
[...] Ses liens avec l'économique se sont également intensifiés. La conversion du sport à l'économie de marché le dénature : l'argent tend à fonder le sport sur une logique économique, non plus sportive. La culture de la veine spectaculaire du sport, déjà vue dans la mise en scène de la nation, transforme le sport en show-bizz. On joue désormais sur l'effet Carpentier (dramatisation sportive pour faciliter l'identification), la montée paroxystique de l'excitation. Le sport est lié à la massification de la culture. [...]
[...] Le sport de haute compétition est devenu un spectacle et le libre jeu des médias et de la publicité segmente la distribution des revenus. Le public choisit ses étoiles. Pour le sportif devenu marchandise, vulgaire produit, il s'agit de se maintenir au niveau médiatique et sportif. Les sports produisent désormais des effets économiques sur la production de biens matériels de consommation (vêtements, chaussures, alimentation), créent des emplois dans des domaines comme l'animation, l'éducation, l'entraînement, la gestion, la médecine spécialisée, ont un impact sur l'équipement du territoire (on se rappelle les problèmes posés par l'équipement en infrastructures aux Jeux d'Athènes en 2004). [...]
[...] En Grande-Bretagne, toute une série d'actes du Parlement est votée dans les années 1930 et encore après la Seconde Guerre mondiale, elle enjoint les pouvoirs locaux de réserver des espaces pour les loisirs, de prévoir des prestations au profit du bien-être physique de la population L'Etat central légifère mais laisse une large autonomie aux associations volontaires et aux pouvoirs locaux quant à l'exécution. En France, sous le Front Populaire est créé un sous-secrétariat d'Etat chargé des Sports et des Loisirs. Le sport est clairement devenu une préoccupation gouvernementale. Le sport apparaît comme moyen de régulation sociale, et par conséquent, suppose, appelle les pouvoirs publics. L'Etat démocratique du XXe siècle fait naître un sport mis au service de tous, une norme autant qu'une aide, une prescription collective autant qu'un libre recours individuel. [...]
[...] Le corps et l'art sont mis au service de la race. Race, sport et corps sont confondus ; les œuvres doivent symboliser la pureté et la vigueur raciales allemandes avec des ressources esthétiques accessibles aux masses. Les Dieux du stade de L. Riefenstahl (1936) est un film documentaire financé entièrement par le régime nazi million de Reichsmark). Le tournage s'est déroulé pendant les Jeux olympiques de Berlin. L'accent est mis sur l'esthétisme des corps, la stature des athlètes est décuplée La déferlante de médailles que le film a suscitée ainsi que les performances des athlètes allemands lors des Jeux mêmes viennent consacrer, l'Allemagne nazie, affirmer, peut-être aussi légitimer, le régime. [...]
[...] Sport, politique et société dans le monde au XXe siècle Terme polysémique, le sport est une activité physique au sens de jeu, de lutte, d'effort, qui suppose un entraînement méthodique, le respect de certaines règles et disciplines. Il concentre les qualités de libre expression du corps, recherche de la performance et des records, loisir épanouissant, activité lucrative, instrument de combat, marqueur social Le sport dit moderne émerge au XIXe en Angleterre, premier pays à connaître le phénomène de l'industrialisation, puis s'étend au monde par l'intermédiaire des capitales et des grandes villes commerciales et industrielles. [...]
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