Les réussites d'athlètes issus de l'immigration et sélectionnés dans les équipes de France de football (Nicolas Anelka, Zinedine Zidane), de boxe (Brahim Asloum) ou d'athlétisme (Doucouré) contribuent au mythe du « salut social » par le sport. Ces réussites, si elles témoignent effectivement d'une intégration réussie, restent par définition individuelles. Le sport ne saurait être présenté comme un facteur d'insertion sociale à la lumière de ces seuls exemples.
Aussi convient-il de confronter la croyance du sport intégrateur à la réalité du terrain en nous posant la question suivante : au-delà de ces sportifs hautement médiatiques, le sport peut-il réellement participer à la lutte contre les nouvelles formes d'exclusion sociale et favoriser l'insertion des jeunes ? S'interroger ainsi sur le « sport intégrateur », c'est questionner les vertus intégratrices du sport sous ces multiples visages : sport de compétition certes, mais aussi sport de rue, sport réalisé dans le cadre des dispositifs « sociaux-sportifs » mis en place par les collectivités locales… Quels sont les apports respectifs de ces différentes pratiques au regard de l'insertion sociale ?
[...] Le sport est, c'est une certitude, créateur de lien social. Ce qui pose problème, c'est que les liens tissés par les sportifs issus de l'immigration sont souvent des liens intra-communautaires, qui n'optimisent pas l'intégration au pays d'accueil. Face à cette situation, il convient de s'assurer que cette logique de l'« entre-soi n'est pas subie et que la possibilité du brassage social par le sport demeure effectivement ouverte. En outre, la pratique sportive peut et doit porter des valeurs de respect de l'autre, de dépassement de soi (même s'il est vrai que ces valeurs ne sont pas consubstantielles à la pratique du sport). [...]
[...] Enfin, une dernière critique peut-être énoncée : l'acquisition du respect des règles permet-elle la constitution d'une citoyenneté pleine et entière ? Sans doute pas, mais ne peut-on pas aussi voir le sport comme le vecteur de valeurs positives, propres elles à faire naître une véritable citoyenneté ? Tel est l'enjeu de notre troisième partie. III) La pratique sportive intègre, car le sport porterait en lui des valeurs positives En mai 2003, le Conseil de l'Europe rappelait la valeur sociale du sport pour la jeunesse soulignant, par la même occasion, son rôle en matière d'intégration. [...]
[...] Effets et paradoxes d'une politique locale d'insertion, William GASPARINI et Sandrine KNOBE, 2005). L'étude révèle que si les plus jeunes sont relativement réceptifs aux questions de respect des règles et des contraintes, les adolescents de 13 ans et plus le sont beaucoup moins, pour ne pas dire pas du tout. Ces grands adolescents sont de purs consommateurs selon les mots d'un agent territorial d'animation, qui, ne dissimulant pas son impuissance face aux plus grands, ajoute : Les animations sportives de proximité c'est quelque chose d'intéressant pour les préados, mais pour les grands personnellement je ne vois pas où on peut aller au-delà. [...]
[...] Dès lors, leur pratique du sport se réalise souvent dans le cadre de dispositifs sociaux- sportifs mis en place par les collectivités territoriales, ou par l'Etat central. Depuis 1990 (date de création d'un ministère d'État chargé de la politique de la ville), les ministères de la Ville et des Sports ont ainsi travaillé de concert pour mettre en place des animations sportives de quartier, destinées à favoriser l'insertion sociale des jeunes issus de l'immigration. Ces activités sportives permettent-elles aux jeunes d'acquérir ce respect des règles nécessaire à leur insertion sociale ? [...]
[...] Ils tissent entre eux des liens et la promotion se soude. L'idée du sport intégrateur est ici bel et bien présente. Sans doute le tissage du lien social est-il plus intense lorsque la pratique sportive donne lieu à des compétitions, c'est-à-dire lorsqu'elle s'inscrit dans le cadre d'un club. Au travers des compétitions, les familles se déplacent là où se joue le match, rencontrent d'autres familles. La pratique sportive en club apporte ainsi un surcroît de lien social par rapport aux sports de rue (non encadrés), ou par rapport aux animations sportives ponctuelles. [...]
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