A l'exception de quelques rares irréductibles qui osent encore affirmer leur opposition au football (on se souvient des propos de Jean-Marie Brohm dans Le Monde, qui avait parlé "d'opium du peuple", "d'entreprise d'abrutissement populiste" ou encore "de vecteur de désintégration sociale"), le reste de l'humanité aime le foot. Les chiffres sont là pour finir de convaincre les derniers récalcitrants : lors de la rencontre de la finale de la Coupe du Monde du 09 juillet, on attend plus de deux milliards de téléspectateurs, répartis dans 213 pays. Un tiers de l'humanité.
On est bien loin du temps où l'on regardait un match à la télévision, parce que ce soir-là, il n'y avait pas de film. Aujourd'hui, les choses ont changé. Un match, ça se prépare : on en parle, on parie sur telle ou telle équipe, une rencontre importante est l'occasion de changer de téléviseur, ou de se transporter au café du coin qui, pour l'occasion, retransmet le match sur grand écran, on réserve sa soirée, on se réunit en famille ou entre amis, et, pour les plus férus, on s'habille aux couleurs de son équipe, voire, on se maquille le visage de ces mêmes couleurs.
[...] Il a effectué de nombreuses missions en Afrique. Depuis le milieu des années 80, il a diversifié ses champs d'observation en effectuant plusieurs séjours en Amérique Latine et a essayé d'observer les réalités du monde contemporain dans son environnement le plus immédiat d'où son analyse sur l'effet coupe du monde 98. Son approche de terrain sur l'évènement nous permet de le classer dans le courant individualiste. Dans une première partie nous analyserons le texte de Marc AUGE paru dans MONDE DIPLOMATIQUE d'août 98. [...]
[...] Facile à suivre, facile à comprendre dans toutes les langues, le football est devenu une sorte de spectacle sportif. Ainsi, La Coupe de monde le football est sortie du domaine du sport et même de celui du spectacle sportif pour devenir une fiction sportive. Le jeu lui-même n'est plus l'essentiel : ni dans le temps qui y sera consacré par les médias, puisque les à- côtés (entraînements, commentaires, vue des peoples vie privée des vedettes) bénéficieront davantage de temps d'antenne encore que les matchs dont les temps forts - autant émotifs que sportifs - seront eux-mêmes longuement rediffusés ; ni dans la représentation directe dans le stade ou à travers les médias audiovisuels. [...]
[...] Derrière le slogan d'une France black, blanc, beur se dessine non pas la réalité sociale d'un pays, mais un pays fantasmé, idéalisé. Bien sûr, une rencontre comme La Coupe du Monde est l'occasion pour les gens de refaire du lien social (celui-là même peut-être dont on déplore la perte au quotidien), avec ses fêtes, ses chants, ses émotions collectives, ses héros nationaux . Mais en même temps, c'est un repositionnement différent de celui auquel on est habitué auquel on assiste, qui n'oppose plus les riches aux pauvres, les jeunes aux vieux, les hommes aux femmes, les immigrés aux nationaux . [...]
[...] On assiste là à un collectif sans chef ni leader, où tous les membres semblent mis à égalité l'accent étant davantage mis sur l'importance du lien ainsi créé, du partage, du collectif. Limite : A.Ehrenberg avait bien raison, de voir dans la popularité des sports leur capacité à incarner un idéal (et non une réalité) de société. Car si le football est bien une métaphore de la condition humaine, il n'est pas la condition humaine ou le monde social, il n'en est qu'un prisme déformant, un regard subjectif et festif En résumé, on insiste sur l'expression d'une forme d'ouverture à l'autre. [...]
[...] Ainsi, dans les retransmissions audiovisuelles, le direct footballistique réintroduit dans son déroulé le différé parce qu'il se prête mieux au choix des images et à leur répétition en double pour mieux impressionner et façonner les esprits. Par la suite, AUGE développe les effets que la coupe du monde a eus sur les liens sociaux, elle a été l'occasion pour les gens de refaire du lien social. Cet évènement, tellement attendu a fait l'objet d'un besoin de recherche de complicité et de solidarité entre les individus quels qu'ils soient ainsi qu'un besoin d'identification nationale. [...]
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