Le mot sport viendrait du vieux français desport signifiant ‘'divertissement, plaisir physique ou de l'esprit''. Il est essentiellement un loisir comme le corroborent les pratiques particulières, scolaires ou associatives. Il se décline en une multitude de disciplines qui se différencient notamment par leurs modes de pratiques, leurs conditions d'accès (obstacles climatiques, matériels, économiques, moraux...) ou leur attractivité.
Ces distinctions entre disciplines ont façonné un paysage sportif qui rend compte des effets de mobilisation dans l'espace public (France-Italie en football dispose d'un capital médiatique supérieur à la même rencontre en ping-pong). Il est aussi notable que certains sports sont individuels quand d'autres sont collectifs, ce qui engendre des appréciations diverses par le public notamment en ce qui concerne les équipes nationales, véritables instances de représentations des peuples.
Les peuples, qui tous cultivent leur pratique du sport, sont d'ailleurs l'élément déterminant du politique comme en témoigne l'appartenance des deux termes à un champ sémantique commun. De populus, le citoyen ayant droit de vote à politikè, l'organisation de la Cité, il n'y a en effet qu'un pas.
Par ailleurs, parler de politique nécessite un détour par l'anglais qui propose trois traductions au terme français : politics, politic et policy renvoient respectivement à la politique, le politique et les politiques. Cette triple dimension permet d'aborder le lien entre sport et politique de manière stimulante et soulève plusieurs perspectives.
[...] En ce sens, il s'agit d'explorer ce en quoi les deux sphères du sport et de la politique peuvent se recouper. La seconde sphère étant plus formelle et plus générale que la première, il semble intéressant d'orienter cette interrogation en se reposant sur des fondements politiques. Ainsi, peut-il y avoir une vision politique du sport ? Au préalable, on rendra compte des points communs existant entre sport et politique. Ensuite, on identifiera à quel point le sport est intégré à la vie politique. [...]
[...] La mondialisation du sport acquiert également un aspect politique connecté à l'idée de nation. De fait, l'attachement au sport a provoqué l'affirmation d'une identité nationale ouverte et modérée selon Albrecht Sonntag. Celle-ci s'est manifestée à travers les exemples de la formation de l'équipe nationale algérienne par le FLN en 1958 avant toute indépendance ou l'affiliation de la Géorgie à la FIFA avant l'ONU en 1991. Ce nationalisme ouvert est aussi caractérisé par une intégration renforcée : ainsi, la victoire française au Mondial 98 de football a permis de célébrer, certes brièvement, l'idée d'une France aux visages ‘'blacks, blancs, beurs''. [...]
[...] Ceci est confirmé par la simple évocation de schèmes empruntés à cette civilisation : politique, démocratie, olympisme, gymnastique, éthique De même, les anciens Grecs accordaient une origine divine au sport et croyaient à la prégnance des mythes sur la vie politique. On peut ainsi faire référence à Olympie, site qui fut d'abord un sanctuaire dédié à Zeus avant d'être le lieu où concouraient les membres des différentes Cités-états. Ces confrontations à Olympie constituent une trêve entre ces Cités-états et sont l'occasion de trêves entre les nombreux conflits qui les opposent. On devine ici l'influence hellénique quant à la représentation du sport comme espace pacifique. [...]
[...] De la même manière, le sport est une démonstration de prouesse (agilité, force, technique, vitesse ) dont l'issue est de décrocher la victoire. Même si elle avance masquée, on aperçoit une certaine violence derrière ces deux thèmes : celle-ci étant alimentée par les rapports de force qui la structurent traditionnellement. En outre, la représentation athlétique des dieux et demi-dieux contribue à alimenter un idéal d'homme au physique travaillé dont le corps est synonyme de puissance et de virilité. Cette croyance se perpétue à travers les siècles, dans les divers sports ayant émergé, où les opposants combattent pour décrocher les honneurs de la victoire, la gloire du vainqueur autrement dit des symboles de domination. [...]
[...] Plus tard, le sport sert de biais au conflit de Guerre Froide. Les deux blocs, plutôt que de s'affronter militairement, en décousent sur les terrains. Chaque opposition entre les équipes nationales ou des sportifs issus respectivement des Etats-Unis et de l'URSS est l'occasion de tensions sportives et d'une couverture médiatique de grande ampleur. La lutte fictive entre blocs est à son paroxysme au tournant des années 1980. L'organisation des JO à Moscou en 1980 pousse une large frange du bloc occidental à boycotter l'édition. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture