« Il est évident que le télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont fait plus pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. Eh bien, j'ai l'espoir que l'athlétisme fera plus encore ». Cette déclaration de foi pacifiste et libérale faite à l'USFSA revient à un jeune aristocrate, le baron Pierre de Coubertin, né en 1863.
A l'âge de 24 ans, il décide de rendre service à la France en réformant son système éducatif. Son objectif, très ambitieux, est le suivant : réformer la société par la pédagogie, réformer la pédagogie par le sport, imposer le sport grâce aux Jeux Olympiques.
En 1894, il annonce donc vouloir restaurer les Jeux Olympiques et il fonde le Comité International Olympique.
Deux ans plus tard, les premiers Jeux de l'ère moderne se tiennent à Athènes.
[...] Coubertin ne veut donc pas restaurer les sports traditionnels, mais il va plus loin puisqu'il invente même de nouveaux symboles pour les Jeux, comme le drapeau ou la devise. Une autre idée importante dans son projet est celle de l'amateurisme. Coubertin refuse toute spécialisation et professionnalisation des sportifs, à l'origine selon lui de la fin de l'athlétisme grec, et définit en conséquence deux règles d'or pour les participants: ils ne doivent jamais recevoir d'argent ni concourir avec un professionnel. De même, il s'oppose également farouchement à l'allure de spectacle que peut prendre une compétition sportive. [...]
[...] Toutes ces tensions vont ainsi entraîner au fil des ans un écart grandissant entre le projet et sa réalisation. On le sait, Coubertin était farouchement opposé à la participation des femmes aux Jeux. Il ne pourra cependant pas l'éviter. Avec la complicité de certains organisateurs, quelques unes d'entre elles parviennent à participer à certaines épreuves en 1900, et en 1912, elles sont déjà 57 à concourir. En outre, les Jeux vont définitivement basculer de sport- discipline à sport-spectacle à partir de 1924, où l'on entre dans l'ère des masses et des héros avec des stades de grande taille, une presse sportive internationalisée Jacques Goddet voit les Jeux de Berlin en 1936 comme des «jeux défigurés par le sport spectacle». [...]
[...] En 1894, il annonce donc vouloir restaurer les Jeux olympiques et il fonde le Comité International Olympique. Deux ans plus tard, les premiers Jeux de l'ère moderne se tiennent à Athènes. Quel a été dès lors l'écart entre le projet de Coubertin et sa réalisation? Nous verrons que le projet audacieux de Pierre de Coubertin, aristocrate pacifiste et libéral conservateur, aboutit à une réalisation contrastée. Le projet de Coubertin est un projet audacieux car il est tout à fait original. [...]
[...] Ils sont tout d'abord victimes de la conjoncture politique internationale durant la Première Guerre mondiale et sont annulés en 1916. Les Allemands n'y participent plus avant 1928. En 1936 à Berlin, la récupération politique des Jeux atteint son apogée: un extraordinaire système de communication est mis en place par le régime pour faire des Jeux le plus grand événement médiatique de l'époque, masquant la véritable nature du régime. Cependant, Coubertin refuse de voir la réalité de son échec sur le plan de la neutralité politique, puisqu'il déclare que grandiose réussite des Jeux de Berlin a magnifiquement servi l'idéal olympique». [...]
[...] Le projet de Coubertin se veut également pacifiste, bien que là encore il ne s'inspire pas des jeux antiques. Dans l'Antiquité, les Jeux en Grèce constituent un moment de trêve au milieu des guerres entre cités rivales. Mais Coubertin ignore tout de cela et son idée de jeux pacificateurs lui vient plutôt du pacifisme libéral, qui est l'idée selon laquelle il faut éduquer les peuples par des échanges transfrontaliers économiques et culturels. Ce pacifisme passe obligatoirement par un neutralisme politique. [...]
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