Lors d'études réalisées dans les années soixante-dix sur les théories de l'apprentissage, Newell a mis en évidence les vertus de la répétition dans la stabilisation et le réinvestissement des apprentissages.
A l'heure où la Charte des programmes (1992) précise que « les apprentissages doivent déboucher sur un réinvestissement », nous pouvons nous interroger sur cette procédure en EPS qui semble pouvoir remplir de nombreuses fonctions, sous différentes formes.
La répétition consiste à faire plusieurs fois une tâche motrice donnée afin de stabiliser les acquis et passer à un niveau moteur supérieur. Nous pouvons relier cette définition à la réflexion de Reuchlin, psychologie, 1977 qui explique « qu'il y a apprentissage quand un individu placé plusieurs fois dans une même situation modifie sa conduite de manière systématique et durable ».
L'une des fonctions de la répétition sera donc de favoriser la stabilisation et le réinvestissement des acquis mais elle permettra également d'acquérir des repères pour agir dans diverses situations.
Dans cette optique, par l'action de l'enseignant, ses formes seront adaptées aux élèves. Elle sera organisée collectivement ou individuellement, portera sur une action spécifique ou non, mise en œuvre à plus ou moins long terme.
Afin de mettre en œuvre une répétition efficace, l'action de l'enseignant s'organisera non seulement pendant la leçon, mais également en amont de celle-ci, par l'intermédiaire de ses choix didactiques.
Nous pouvons alors nous demander dans quelle mesure la répétition favorise-t-elle les apprentissages en EPS du collège au lycée ? Quels sont les différents moyens à disposition de l'enseignant pour favoriser la répétition dans les séances d'EPS ? Autrement dit, face à l'hétérogénéité des élèves du secondaire, quels choix didactiques et pédagogiques effectuera l'enseignant afin de mettre en place une répétition efficace à différents stades d'apprentissage ? Enfin, quels sont les enjeux de la répétition à court, moyen et long terme ?
Fort des ce questionnement, nous allons montrer que la répétition en EPS prend diverses formes (individuelles, collectives, globales ou spécifiques) afin de favoriser la stabilisation, le réinvestissement des acquis et l'acquisition de repères pour agir, garants « de la réussite de tous ». (Mission des professeurs, 1997). Nous verrons alors que c'est dans et par l'action des élèves que la répétition prend tout son sens. Dès lors, l'enseignant adaptera ses choix didactiques, ainsi que ses procédures et contenus d'enseignement à l'hétérogénéité des élèves du secondaire, afin de viser par la répétition une stabilisation et un réinvestissement des apprentissages en EPS, mais également à l'école et dans la vie de tous les jours.
Nous verrons dans un premier temps comment l'enseignant adaptera les différentes formes de la répétition afin de favoriser une stabilisation et un réinvestissement des apprentissages dans ses choix didactiques.
Puis, nous verrons comment, par des procédures et des contenus adaptés aux élèves, il est possible d'adapter les formes et les fonctions de la répétition pour la réussite de tous.
Nous étudierons enfin les enjeux à mettre en place la répétition dans in réinvestissement à court, moyen et long terme.
[...] Nous allons à présent étudier quelle sera l'activité de l'enseignant pour adapter la forme et la fonction de la répétition dans les procédures et contenus d'enseignement. Nous avons vu que la répétition d'un même geste avait pour but de stabiliser ce geste afin de le rendre plus efficace. De plus, Azemar, ontogenèse du comportement moteur explique que l'apprentissage moteur consiste en une multiplication des structures nerveuses puis en une sélection des structures inutiles à la réalisation motrice. Selon Changeux, l'homme neuronal apprendre, c'est éliminer La répétition permettra de stabiliser les trajets nerveux nécessaires à la réalisation d'un geste. [...]
[...] Comment l'enseignant adaptera-t-il les formes de la répétition aux fonctions qu'elle permet par ses choix didactiques ? Nous pouvons penser tout d'abord que la répétition favorisera la construction de compétences en EPS. Une programmation transversale adaptée aux élèves permet dans une certaine mesure la répétition d'une habilité à acquérir, nécessaire à la construction d'une compétence. Par exemple, les programmes du cycle central (1997) invitent en sports collectifs à utiliser à bon escient le jeu direct et indirect Pour construire cette compétence, l'enseignant proposera une programmation composée de différents sports collectifs (football, rugby, basket par exemple) afin que les élèves intègrent les repères sur soi et sur l'adversaire nécessaires à la construction de cette compétence. [...]
[...] Les élèves sont amenés à mettre en relation une méthode et le résultat qui en résulte. En fonctionnant de la même manière dans différentes APS, la répétition de cette méthode favorisera l'acquisition de méthodes de travail à l'école où l'élève met en relation un protocole avec le résultat en physique par exemple. C'est un pari ambitieux que nous faisons ici, mais il semble qu'un projet commun entre les enseignants de différentes disciplines est susceptible de favoriser l'acquisition de méthodes de travail par cette forme de répétition. [...]
[...] Ainsi, la répétition porte sur la même habileté dans différentes APS, sur une même méthode de travail en EPS ou encore sur une habileté spécifique. De plus, la répétition pouvoir contribuer à des enjeux culturels et sécuritaires, de lutte contre l'échec scolaire et de réinvestissement des acquis dans la vie sociale et professionnelle. Les formes et les fonctions de la répétition dans les séances d'éducation physique sont donc multiples et variées. Elle apparaît toutefois comme une procédure convaincante aussi bien à court terme, à long terme, en EPS et hors de l'école. [...]
[...] Les élèves seront regroupés par trois dans un périmètre restreint, le but étant de se faire dix passes sans que le ballon ne soit intercepté par le troisième joueur. Par cette situation, les régulations de l'enseignant et la répétition permettront aux élèves de prendre les repères visuels sur leur partenaire et l'adversaire afin de briser l'alignement adversaire, partenaire, ballon et construire le démarquage. En ce sens, la répétition sous forme d'un élément isolé semble prometteuse. Toutefois, afin de conserver la logique interne de l'activité ainsi que répondre à l'envie de jouer (Programmes 6è, 1996) de ces élèves, il paraît essentiel de recontextualiser ces apprentissages en situation réelle. [...]
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