« L'histoire est la connaissance du passé humain », (H.I. Marrou, 1954) et bien souvent, le présent ne s'explique qu'en fonction de ce qui s'est passé. Ainsi, l'éducation physique et sportive (EPS) et les activités culturelles de référence qu'elle utilise comme le sport, n'ont pas toujours fait bon ménage au siècle dernier. G Hébert pouvait écrire en 1925, ‘'L'éducation physique face au sport''. Pourtant, l'appellation ‘'éducation physique et sportive'' institutionnalisée à partir de 1945 laisse entendre que le problème est définitivement réglé. Or les instructions officielles de 1985 affirment que « L'EPS ne se confond pas avec les activités physiques qu'elle propose et qu'elle organise ». De plus, les récents textes qui orientent la discipline EPS, et notamment ceux relatifs au lycée, font mention de développement de compétences culturelles, entendues comme relatives aux activités physiques sociales et des compétences méthodologiques, relatives au développement de l'individu. En somme, le « apprendre à apprendre » des années 80 reste d'actualité.
Néanmoins, si la discipline EPS répond comme toutes autres aux missions qui lui sont confiées, et rappelées dans la mission des enseignants (circulaire du 23 mai 1997), l'instruction, la formation et l'éducation, alors une première difficulté est bien de reconnaître que d'un coté, il s'agit d'éducation et de l'autre d'activités. Suffit-il de faire pratiquer pour éduquer ? Les activités physiques ne sont plus sportives dans le texte ; faut-il alors sous entendre que le sport perd de sa valeur éducative ? Les conséquences de dérives du sport comme objet ultime de la discipline qui s'est réalisé durant les années 70 voient dans l'injonction le souci d'une politique éducative.
Si l'EP s'appuie sur les activités physiques, alors il convient de s'interroger sur l'évolution des activités sociales auxquelles elle se réfère. Depuis les instructions de 1985, le souci de didactiser la discipline pour la rendre scolaire et légitime n'a-t-il pas toujours était engendré par son objet ?
Ne sommes nous pas passés d'une éducation physique et sportive à une éducation physique scolaire ?
Si aujourd'hui l'EPS répond à l'exigence comme une évidence dans les textes, l'est-il réellement sur le terrain ? N'y a-t-il pas toujours eu un décalage entre ce qui est souhaité et la pratique ?
Depuis sa réintégration à l'éducation nationale en 1981, la discipline a constamment cherché à se conformer au système scolaire. Nous montrerons alors qu'au travers des vingt dernières années, l'EP à régulièrement cherché à se détacher de son objet comme moyen et non comme fin, ce qui lui à permit de légitimer sa place dans l'école, élément permanent de sa reconnaissance. En d'autres termes, par les réformes structurelles et fonctionnelles des acteurs et tenants, la discipline a réussi à se légitimer au moment ou elle risquait de perdre son identité scolaire. Elle est alors aujourd'hui une discipline scolaire dans la mesure où elle transmet sa propre culture. Nous somme passé d'une transmission d'une culture sportive relative aux activités physiques à une transmission d'une culture scolaire, instaurée depuis les instructions de 1985.
En ce sens, afin de comprendre notre hypothèse, nous montrerons dans un premier temps que l'EPS ne se confond pas avec les AP dans la mesure où le souci de définir l'identité scolaire de la discipline passe par des efforts de didactisation de l'EPS, dans les textes et dans les pratiques. Puis dans une seconde partie, nous montrerons que par l'enjeu de répondre à ses missions éducatives, l'EPS comme discipline à part entière, a toujours prétendue former le citoyen de demain et que la permanence de ne pas se confondre avec les activités physiques qu'elle propose et organise est effective. Enfin, dans une dernière partie, nous montrerons qu'il a toujours existé un décalage entre la pratique et les textes en EPS, reflétant des efforts de l'institution pour définir des orientations de son système éducatif en lien avec une société qui évolue sans cesse.
[...] L'EPS ne se confond pas avec les APS dans la mesure ou il existe un décalage constant avec l'utilisation de ses pratiques sociales de références. En effet, les ambitions de l'éducation physique, en terme de contenus disciplinaires, tendent depuis le début des années 80 à l'encyclopédisme (A.Beaudou, Histoires d'EPS, JP Saint Martin, 2001). Ainsi, l'élargissement des classifications et sa variabilité dans la période récente : Sept familles d'activités (textes de 1985 et 1986), Cinq domaines d'action (Baccalauréat 1993 et Schéma directeur 1994), Huit groupements d'activités physiques (textes 1996, collège) et Neuf groupements d'activités (textes 2001, lycée), rendent plus aléatoires la cohérence d'une formation physique polyvalente. [...]
[...] Si les instructions de 1985 affirment que l'EPS ne se confond pas avec les AP, il y a alors une nette distanciation voulue avec le sport de type fédéral. A partir de cette période, la volonté de l'EPS de se transformer en discipline d'enseignement scolaire, ne fait que se confirmer sous l'impulsion de l'inspection générale de l'EPS. Son doyen de l'époque, C.Pineau peut ainsi affirmer : Au dessein de former, s'ajoute désormais celui d'enseigner (Revue EPS n°205, 1987). Bien que les instructions officielles de 1985 insistent sur ce point, dans un souci de légitimer la place de la discipline EPS à l'Ecole, comme différente de ce qui se fait à l'extérieur, sa didactique n'est pour la période que la somme des didactiques des APS (Revue EPS 211, 1988). [...]
[...] La discipline ne se confond pas avec les APS qu'elle propose et organise, puisque il existe un décalage entre les pratiques extérieures et ce qui se fait à l'Ecole. Au terme de notre analyse, nous pouvons penser que la discipline EPS à toujours cherché à se définir comme différente du milieu fédéral ou différente de ce que l'on peut encore aujourd'hui entendre, du sport. Au travers les conflits qui ont permis de rendre plus crédible son appartenance au sein du système éducatif ; par ses programmes ou par ses finalités, l'affichage de ses contenus, la discipline a toujours recherché à se distancier de son moyen. [...]
[...] C'est alors tout l'enjeu de cette perspective ; l'EPS ne peut se confondre avec les APS dans la mesure où il semble évident que cette discipline scolaire possède, comme toute autre, des finalités plus larges que la simple transmission de techniques sportives. Lors de la publication des textes de 1996 relatifs aux programmes de classes de 6ème de collège, l'on peut relever les propos suivants : En offrant des occasions concrètes d'accéder aux valeurs sociales et morales, notamment par rapport à la règle, l'EPS contribue à une éducation à la citoyenneté. [...]
[...] Puis dans une seconde partie, nous montrerons que par l'enjeu de répondre à ses missions éducatives, l'EPS comme discipline à part entière, a toujours prétendue former le citoyen de demain et que la permanence de ne pas se confondre avec les activités physiques qu'elle propose et organise est effective. Enfin, dans une dernière partie, nous montrerons qu'il a toujours existé un décalage entre la pratique et les textes en EPS, reflétant des efforts de l'institution pour définir des orientations de son système éducatif en lien avec une société qui évolue sans cesse. [...]
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