Épistémologie et EPS, ou l’EPS est-elle la science du mouvement humain ?

Résumé du document

Aucune science, aucun art ne procèdent, à leurs origines, d'une définition préalable. Les mathématiques n'ont cherché à circonscrire leur domaine, à préciser leurs projets qu'à un certain moment de leur développement. On embarrasserait un bon nombre de physiciens en leur demandant ce qu'est la physique. Il n'y a donc aucun scandale à constater que les professeurs d'EPS ont du mal à répondre aux questions concernant l'intérêt et la raison de leur discipline. En revanche, il est moins acceptable de s'imaginer que ces questions doivent être éludées. On a cru bon de dire que le corps aussi bien que l'âme, devait faire l'objet d'une éducation. Eduquer le corps, pense-t-on est nécessaire pour lui procurer tout d'abord les biens qui lui sont propres, mais aussi pour qu'il puisse se placer au service de l'âme à des fins intellectuelles, morales, physiques et éducatives : « mens sana in corporel sano », l'esprit a besoin pour fonctionner longuement d'un corps qui tienne le coup, d'un corps en bonne santé. L'homme en bonne santé sera capable d'affronter et de résoudre les problèmes qui viennent à lui. Ainsi, pour que l'EPS vive et existe, il a fallu la rattacher à une conception générale de l'Education. Et inversement, pour mériter d'être appelée une éducation physique, l'EPS doit satisfaire aux exigences de la notion d'Education. Mais cette notion est une des plus complexes qu'il soit et a reçu au cours des siècles, des contenus très divers et variés, des réformes solidaires des conditions politiques, économiques, idéologiques et sociales. De ce fait, actuellement, et pour des raisons diverses, dont notamment le positionnement de la discipline au sein qu système scolaire, l'EPS s'est conçue comme une démarche fortement intellectualisée, qui doit déboucher non seulement sur l'acquisition d'habiletés motrices, mais aussi sur la construction de connaissances, de principes généraux et transférables.

Extraits

[...] On voit alors apparaître la transdisciplinarité d'une part et la naissance de nouvelles sciences d'autre part, qui se construisent par le regroupement de divers champs (psychopédagogie, neurophysiologie, neurobiologie . Cependant, cette multiplicité scientifique risque d'être néfaste à l'EPS, car si elle ne se construit pas un objet qui lui est propre, elle risque 8/23 d'être accaparée par d'autres champs scientifiques à des fins d'application. Ce fut la recherche de P. Parlebas qui tenta alors de définir l'EPS comme une science, celle de l'action motrice. Ainsi, ne risque-t-elle plus de se faire phagocyter par d'autres sciences. L'EPS est -elle devenue une véritable science pour cela ? [...]

[...] Le patrimoine génétique est distribué pour moitié par le père et pour moitié par la mère. On peut ainsi obtenir différents types d'ACE (qui est polymorphe) avec l'allèle I ou D. D'après les lois de Mendel sur la génétique, on obtiendrait : 25% II DD et 50% ID. Des analyses sportives ont montré que les meilleurs résultats sont obtenus par les individus ID, mais que le top vient des II (endurance, courses, vélo, alpinisme). Par contre les DD n'auraient pas de dispositions sportives particulières. [...]

[...] ; qu'est-ce qui est considéré comme ayant une valeur éducative ? Toute éducation de type scolaire suppose une sélection au sein de la culture et une réélaboration des contenus destinés à être transmis aux nouvelles générations. Une mise en forme scolaire en quelque sorte. Et cette sélection, cette hiérarchisation des savoirs s'applique aussi à l'EPS. Certains apprentissages sont considérés comme fondamentaux et d'autres pas. Une fois cette sélection effectuée, il faut rendre ces savoirs transmissibles, enseignables, d'où le phénomène de la transposition didactique de ceux-ci cher à Chevallard La transposition didactique 1985. [...]

[...] Elle continuerait à être un aimable divertissement pour certaines personnes ou pire encore, comme en témoigne le document scandaleux sur les métiers du sport publié par l'ONISEP de Basse Normandie en septembre 1999 (Connaissances Annexes présentant le professeur d'EPS comme un homme désinvolte en survêtement, recruté et payé pour «taper dans un ballon ou patauger dans une piscine». Les mentalités ont-elles donc autant de mal à évoluer . ? Confronter l'histoire des sciences et de l'EPS, nous a montré qu'il existe une mutation parallèle entre ces deux champs, entrecoupés parfois de latences et de distorsions. Question : quelles sont les sciences qui ont vassalisées l'EPS ? Pourquoi ? [...]

[...] Que se cache derrière ses affirmations qui paraissent contraire à la réalité de l'existence de programmes officiels en EPS ? 10/23 Durant la première moitié du XXème siècle, les concepteurs d'un programme en EP se heurtent à l'existence de plusieurs méthodes antagonistes, opposées sur le plan des finalités, des contenus, des modalités et des moyens d'évaluation. Dans les Manuels de 1891 et 1907, construits à partir de la méthode de Démeny et de celle des jeux, on refuse la méthode suédoise de Tissié, et aussi celle de Coubertin et d'Hébert. [...]