DÉBUT DU 20EME SIÈCLE: la FORME VISUELLE du geste est primordiale, elle compte beaucoup plus que l'activité "interne" déployée par l'élève, notamment parce que les connaissances sur cette activité manquent (on commence juste à étudier la physiologie avec Marey et Demeny par exemple, ainsi que les aspects biomécaniques du mouvement).
…FIN DU 20EME SIÈCLE: l'élève est au centre (du moins en ce qui concerne les textes officiels et des théoriciens de l'EPS, la volonté de le mettre au centre se trouvant parfois entravée par des conditions matérielles défectueuses, un manque de connaissances de l'enseignant, des moyens insuffisants de manière générale…). C'est en tout cas la tendance de cette fin de siècle, ce qui est logique dans la mesure où les connaissances sur le fonctionnement de celui que l'on nomme maintenant "l'apprenant" sont en progression exponentielle, de plus en plus centrées sur "la boîte noire", provoquant des remises en cause fréquentes de ce que l'on croyait savoir.
[...] L'exemple le plus célèbre est encore une fois celui de l'emprunt aux théories piagétiennes, à qui l'on a fait dire que la pratique de l'EP permettait de développer l'intelligence conceptuelle, aspect que Piaget n'a même pas abordé dans ses recherches. Cet épisode historique donna d'ailleurs lieu à des formalisations des contenus (dans le primaire surtout) qui faisaient plus ressembler EPS à une propédeutique aux apprentissages intellectuels qu'à une réelle éducation du physique. Cette attitude de "hold-up" sur une théorie est symptomatique du besoin pour les protagonistes de l'EP de faire valoir les bienfaits de cette discipline, quitte à aller jusqu'à l'excès. [...]
[...] Cette "non prise en compte" des caractéristiques de l'enfant est bien décrite dans DURING (Bertrand) "La crise des pédagogies corporelles", Scarabée Au début du siècle, les priorités qui guident la formalisation des séances et des méthodes elles-mêmes sont avant tout d'ordres moral, idéologique et "thérapeutique" ( "rééducatif" en quelque sorte): il s'agit de "régénérer" une race qu'on pense affaiblie par la guerre, l'industrialisation, l'urbanisation, bref, les aspects néfastes du progrès. Mais il s'agit aussi de redonner une force morale à des gens dépravés ou supposés tels (cf. alcoolisme, tuberculose, mythe de la diminution de la taille des conscrits . voir VIGARELLO (Georges) "Le corps redressé", Delarge, 1978). [...]
[...] Il n'est qu'à voir la première circulaire (dans les années vingt) qui officialise les A.S au sein des établissements d'enseignement, mais qui s'empresse de rappeler que c'est l'instruction qui doit rester prioritaire. Ce texte signifie donc que la pratique physique est "tolérée" à l'école au début du siècle d'une part, et que d'autre part elle n'est pas considérée comme instruction. On retrouve la même problématique dans la revue Esprit de mai 1975 (Annie JOSSE "Un enseignant comme les autres?") qui montre que le professeur EPS ans plus tard, est toujours considéré "à part" des autres acteurs de l'enseignement, même par les élèves. [...]
[...] Notons qu'au début du siècle, l'écart de l'EPS avec les autres matières est tel que son appartenance au système scolaire peut se discuter, sur la base de la prise en compte des ministères qui en ont eu la tutelle. On l'a parfois vue sous la tutelle du Ministère de la Guerre, ou de la Santé, ou bien sûr de l'Instruction publique (qui allait devenir le ministère de l'Éducation nationale en 1936). Bref, il faut croire qu'au début du siècle la discipline ne représentait pas un enjeu majeur, à la voir ainsi ballottée de ministère en ministère (voire en secrétariat ou sous secrétariat d'État). [...]
[...] C'est logique dans la mesure où les connaissances sur le fonctionnement cognitif de l'enfant (ses représentations par exemple) commencent à peine à poindre avec les premiers travaux de Piaget et Wallon dans les années 1920. Ces travaux commencent à mettre l'activité de l'enfant au centre des processus de construction de sa personnalité, mais il faudra du temps avant qu'ils n'influencent les pédagogues (cf. référence forte, et mal comprise, aux travaux de Piaget dans les années 60 seulement en EPS, cf. loi Jospin sur l'éducation qui met enfin l'enfant au centre en 1989). Du coup, au début du siècle, l'utilisation des "méthodes actives" (cf. [...]
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