Début du 20ème siècle : la FORME VISUELLE du geste est primordiale, elle compte beaucoup plus que l'activité "interne" déployée par l'élève, notamment parce que les connaissances sur cette activité manquent (on commence juste à étudier la physiologie avec Marey et Demeny par exemple, ainsi que les aspects bio mécaniques du mouvement).
Fin du 20ème siècle : l'élève est au centre (du moins en ce qui concerne les textes officiels et des théoriciens de l' EPS, la volonté de le mettre au centre se trouvant parfois entravée par des conditions matérielles défectueuses, un manque de connaissances de l'enseignant, des moyens insuffisants de manière générale…). C'est en tout cas la tendance de cette fin de siècle, ce qui est logique dans la mesure où les connaissances sur le fonctionnement de celui que l'on nomme maintenant "l'apprenant" sont en progression exponentielle, de plus en plus centrées sur "la boîte noire", provoquant des remises en cause fréquentes de ce que l'on croyait savoir.
La complexité des changements : Bien sûr, en considérant seulement les "bornes" (le début et la fin) du 20ème siècle, on ne montre pas comment les changements se sont produits. Les changements, évolutions, ne sont ni "fluides" ou linéaires, ni homogènes aux différents niveaux de réalisation de l' EPS (les IO, le terrain, la recherche, la réflexion didactique…).
Les enjeux de la formalisation des contenus :
Cette constatation de la volonté farouche de "prouver" que l'EP est salutaire au développement général de l'enfant nous amène directement à la notion d'enjeux de la formalisation des contenus en EPS.
Pourquoi en effet un tel acharnement à vouloir montrer que l'EP est si bénéfique et nécessaire dans la scolarité d'un élève? Les mathématiques, le français n'ont pas besoin de déployer de tels efforts de crédibilité. Cela nous amène directement au problème de la fragilité de l'éducation du physique au sein d'une institution scolaire marquée par la prééminence du cognitif.
[...] During 81 montre que ce sont les aspects moraux qui guident le plus la réflexion des penseurs de l'EP (cf. "être fort pour être utile" de Hébert, ou " l'EP et la race" de Tissié). Pas étonnant que les séances, dans ces conditions, privilégient des déroulements très ordonnés, minutés, d'autant que le contexte des tensions internationales croissantes (on sort de la 1ère guerre mondiale, on ne va pas tarder à connaître la 2ème, les nationalismes s'exacerbent) augmente le caractère militaire de la préparation physique et ses visées eugéniques, car la force physique fait encore la force de la nation à cette époque (ensuite, ce sera plus "le règne des idées"). [...]
[...] Normal quand on sait que Piaget a mis en relation mouvement et développement de l'intelligence dans les trois premières années de la vie seulement! Les enjeux de la formalisation des contenus Cette constatation de la volonté farouche de "prouver" que l'EP est salutaire au développement général de l'enfant nous amène directement à la notion d'enjeux de la formalisation des contenus en EPS. Pourquoi en effet un tel acharnement à vouloir montrer que l'EP est si bénéfique et nécessaire dans la scolarité d'un élève? Les mathématiques, le français n'ont pas besoin de déployer de tels efforts de crédibilité. [...]
[...] Ce texte signifie donc que la pratique physique est "tolérée" à l'école au début du siècle d'une part, et que d'autre part elle n'est pas considérée comme instruction. On retrouve la même problématique dans la revue Esprit de mai 1975 (Annie JOSSE "Un enseignant comme les autres?") qui montre que le professeur EPS ans plus tard, est toujours considéré "à part" des autres acteurs de l'enseignement, même par les élèves. De nos jours encore, cette situation marginale est encore vraie en partie, même si l'écart diminue avec les autres matières. [...]
[...] Cette "non prise en compte" des caractéristiques de l'enfant est bien décrite dans DURING (Bertrand) "La crise des pédagogies corporelles", Scarabée Au début du siècle, les priorités qui guident la formalisation des séances et des méthodes elles mêmes sont avant tout d'ordres moral, idéologique et "thérapeutique" ("rééducatif" en quelque sorte): il s'agit de "régénérer" une race qu'on pense affaiblie par la guerre, l'industrialisation, l'urbanisation, bref, les aspects néfastes du progrès. Mais il s'agit aussi de redonner une force morale à des gens dépravés ou supposés tels (cf. alcoolisme, tuberculose, mythe de la diminution de la taille des conscrits . voir VIGARELLO (Georges) "Le corps redressé", Delarge, 1978). [...]
[...] Tout comme le règne de la force physique a laissé place à celui des idées en cette fin de siècle, l'importance du mouvement pour lui même a laissé place à l'importance de ce qu'il permet d'atteindre comme compétences de plus en plus décrites en termes cognitifs (gérer un effort, jouer dans les espaces libres, apprivoiser l'espace arrière, etc.). La formalisation des contenus passe donc de modalités "simples" et "stables" à des modalités "complexes et mouvantes", du début à la fin du 20ème siècle. [...]
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