La société "post-moderne" (ERHENBERG) engendre des habitudes sociales marquées par l'insignifiant effort, par "l'accès facile" au monde matériel. Une des conséquences de cette caractéristique est que l'esprit critique "se perd". (L. FORESTER, l'horreur économique, 1995).
Nos enfants accèdent aisément à leurs désirs. La société de consommation l'y engage et provoque une tendance chez nos enfants à se laisser guider par leurs pulsions et non plus par la raison. C'est une des raisons pour laquelle on assiste depuis les années 80 à une désaffection des licenciés dans les fédérations sportives. Selon LOUVEAU, METOUDI et IRLINGER (1990) près des deux tiers des personnes interrogées déclarent avoir régulièrement une pratique physique informelle. On pourrait interpréter ce constat par un refus des valeurs véhiculées par la culture sportive fédérale.
L'ascétisme, effort, souffrance utile, sont vilipendées au profit d'une recherche de plaisir, d'hédonisme, de réussite immédiate. (LORET, 1994, Génération glisse)
En éducation physique et sportive (E. P. S.) les enseignants sont confrontés aux mêmes problèmes. Les élèves sont de véritables consommateurs. Ils se demandent pourquoi on ne fait pas du parachute, du canyonning, du ski extrême... Lorsqu'on leur demande ce qu'ils attendent de l'E.P.S., ils nous répondent pour la plupart d'entre eux, que l'E.P.S. est le reflet des pratiques sociales en vogue dans la société.
C'est en ce sens qu'ils perçoivent l'utilité de l'E.P.S. : Permettre à tous les élèves de goûter aux activités physiques et sportives les plus significatives.
C'est dans le prolongement logique de cette tendance que nous comprenons le refus de s'engager dans l'effort. Peur de paraître ridicule ? Peur de ne pas y arriver ? Ou peur tout simplement parce que l'élève ne connaît pas son corps ?
Il est rare de rencontrer des élèves qui établissent un rapport au corps traduisant l'acceptation de l'effort physique.
Nous définirons l'effort physique comme une tendance à s'engager dans l'action. Produire un effort, c'est mobiliser ses ressources affectives, motrices et cognitives afin d'atteindre un but particulier. La notion d'effort est connotée par des valeurs de souffrance, de réussite différée, par le refus de l'immédiateté.
Par conséquent, préparer l'élève à l'effort physique c'est quelque part susciter l'activité physique. Mais cette activation des ressources suppose que des facteurs interviennent pour entretenir cet effort engagé. La fixation d'un but à atteindre y contribue.
Mais il ne suffit pas de susciter l'action de l'élève pour qu'il accepte la nécessité de l'effort. Accepter l'effort, c'est peut-être aussi connaître les contraintes et les conséquences qu'un effort suggère. Pour passer d'un effort imposé à un effort consenti, peut-être est-il important de fournir à l'élève les "clés" d'une gestion efficace d'un effort inévitable.
L'effort est-il compatible avec la légitime envie des élèves de réussir ? Peut-on enseigner sans poser au préalable un rapport positif à l'effort ? L'effort est-il l'occasion d'apprendre des savoirs spécifiques ?
A la suite de ces réflexions, nous souscrivons à l'exigence faite aux enseignants de faire "apprendre les élèves par l'action" (C. GEORGE, 1983). C'est d'ailleurs une spécificité de notre discipline.
Cela signifie que les conditions d'enseignement doivent permettre aux élèves de mobiliser leur corps dans l'environnement et de maintenir l'activité aussi longtemps que nécessaire.
Cependant, il est une réalité incontournable en E.P.S.. Le groupe classe est une structure dynamique, évolutive qui oblige l'enseignant à faire des choix d'organisation, de contenus d'enseignement.
Dès lors, nous mettrons en perspective l'idée selon laquelle, c'est par une médiation riche et soutenue entre l'élève et le savoir que les mises en œuvre didactiques et pédagogiques de l'enseignant engageront les élèves dans un rapport à l'effort physique signifiant. Ainsi, une gestion de leur vie physique est instaurée.
Afin d'étayer notre propos, nous soulignerons que "se préparer à l'effort physique", c'est d'abord "se donner les raisons" d'entrer dans l'activité physique. La prise en compte de ce précepte par l'enseignant renforce le sens donné aux activités physiques proposées.
Ensuite, cette première condition ne se suffit pas à elle-même. L'élève qui s'engage dans l'action peut "rencontrer l'échec". Une pédagogie de la prise de conscience garantit une restauration de ce sens par une compréhension de son corps en action.
Enfin, les savoirs ne sont appris pour eux-mêmes ni pour satisfaire exclusivement aux exigences scolaires. Ils le sont dans un souci d'être utilisés hors de l'école et après la scolarité. L'appropriation d'attitudes sportives contribue à faire perdurer à tous les âges de la vie, l'activité physique.
[...] Les savoirs issus de l'action pourraient être "je dois me rapprocher de l'adversaire pour avoir des appuis efficaces", quand je saisis le bras je ne les lâchent pas". Bref, c'est par collaboration ou par co-élaboration que l'effort est consenti. Les élèves en comprennent le nécessité parce qu'ils ont identifié un problème moteur et mis en œuvre les procédures de résolution. Ces dernières s'acquièrent par un effort mutuel qui induit une prise de conscience de son corps par la verbalisation. Cependant, la réalité peut nous imposer un "statut quo" dans cette recherche de résolutions motrices. [...]
[...] Sur quelles données scientifiques et didactiques l'enseignant d'éducation physique et sportive doit-il s'appuyer pour apprendre aux élèves du second degré à se préparer à l'effort physique? La société "post-moderne" (ERHENBERG) engendre des habitudes sociales marquées par l'insignifiant effort, par "l'accès facile" au monde matériel. Une des conséquences de cette caractéristique est que l'esprit critique "se perd". (L. FORESTER, l'horreur économique, 1995). Nos enfants accèdent aisément à leurs désirs. La société de consommation l'y engage et provoque une tendance chez nos enfants à se laisser guider par leurs pulsions et non plus par la raison. [...]
[...] Enfin, la transmission d'une "citoyenneté sportive" (DELIGNIERES) suppose la transmission de savoirs d'accompagnement liés à l'échauffement la récupération et les règles d'un épanouissement personnel. Mais la question de la préparation à l'effort physique pose le problème plus large du rapport à la discipline. Si effectivement les savoirs en E.P.S. doivent être généralisables, durables et réinvestissables alors la rétention de ce qui a été appris en E.P.S. ne passe t elle pas par un accès au plaisir de faire de l'E.P.S. ? Plaisir de comprendre son corps et ses partenaires dans un contexte particulier d'activités physiques et sportives voir plaisir d'apprendre en E.P.S. [...]
[...] Lorsqu'on leur demande ce qu'ils attendent de l'E.P.S., ils nous répondent pour la plupart d'entre eux, que l'E.P.S. est le reflet des pratiques sociales en vogue dans la société. C'est en ce sens qu'ils perçoivent l'utilité de l'E.P.S. : Permettre à tous les élèves de goûter aux activités physiques et sportives les plus significatives. C'est dans le prolongement logique de cette tendance que nous comprenons le refus de s'engager dans l'effort. Peur de paraître ridicule ? Peur de ne pas y arriver ? Ou peur tout simplement parce que l'élève ne connaît pas son corps ? [...]
[...] Cela signifie que les conditions d'enseignement doivent permettre aux élèves de mobiliser leur corps dans l'environnement et de maintenir l'activité aussi longtemps que nécessaire. Cependant, il est une réalité incontournable en E.P.S . Le groupe classe est une structure dynamique, évolutive qui oblige l'enseignant à faire des choix d'organisation, de contenus d'enseignement. Dès lors, nous mettrons en perspective l'idée selon laquelle, c'est par une médiation riche et soutenue entre l'élève et le savoir que les mises en œuvre didactiques et pédagogiques de l'enseignant engageront les élèves dans un rapport à l'effort physique signifiant. [...]
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