Les différentes pratiques sportives, en tant que phénomènes culturels, sont un objet d'étude relativement récent pour les sciences sociales. Évidemment, l'intérêt académique pour le sport, dans ce qu'il a de plus général, n'est pas tout à fait récent. Dès les années 60, plusieurs penseurs cherchant à illustrer la fonction sociale qu'il remplissait ont placé le sport dans un cadre d'analyse marxiste. Beaucoup ont retenu la fonction de divertissement, comprise comme aliénation, faisant du sport le nouvel opium du peuple, comme d'autres le font maintenant avec la télévision ou l'Internet. Pour ne prendre qu'un exemple, Jean-Marie Brohm dans sa Sociologie politique du sport (1976) analyse le sport comme « appareil idéologique d'État », étudiant entre autres « l'homologie structurelle entre la concurrence marchande capitaliste et la compétition sportive » ou encore « la fonction d'apolitisme sportif et la dépolitisation par le sport ». Pour emprunter le même jargon, on peut dire que cette discussion s'est généralement maintenue à un niveau purement théorique, qui avait peu à voir avec la praxis.
Au contraire, le courant des « Pratiques culturelles » (Cultural Studies) s'applique à réinsérer dans l'étude de la culture une préoccupation pour sa dimension matérielle. D'allégeance ou d'inspiration marxienne, les Pratiques culturelles portent également une attention particulière aux phénomènes de classe, ainsi qu'aux intérêts économiques et politiques qui marquent la culture. C'est selon cette approche que j'aimerais étudier ici la naissance et les débuts d'une institution sportive aux États-Unis d'Amérique, dans la deuxième moitié du 19e siècle : le baseball. Davantage que les conflits de classe, j'aborderai comment la question raciale et les relations de travail ont marqué cette institution.
[...] (Chicago, University of Illinois Press, 1986). Berlage, Gai Ingham. Women in Baseball. The Forgotten History. (Westport, Praeger, 1994). Brohm, Jean-Marie. Sociologie politique du sport. (Paris, Delarge, 1976). Burk, Robert F. [...]
[...] L'année 1869 voit la naissance de la première équipe professionnelle de baseball : les Red Stockings de Cincinnati. Un groupe d'investisseurs de l'Ohio confie à l'immigrant anglais Harry Wright la tâche d'assembler une équipe composée des meilleurs joueurs. La plupart des joueurs recrutés par Wright étaient originaires de New York et tous reçurent un salaire pour la saison, le plus élevé étant de 1 400$. À sa fondation en 1857, la NABBP stipulait dans sa charte que le baseball devait demeurer un sport amateur et qu'aucun joueur ne pouvait être payé. [...]
[...] On compte dès 1858 une cinquantaine d'équipes dans la région de Manhattan. Lorsqu'une équipe d'étoiles de New York affronte celle de Brooklyn, plus de personnes paient un droit d'admission de 50 cents au propriétaire du terrain pour assister au match[6]. L'adoption massive du sport par des immigrants et des travailleurs de classe moyenne en quête de respectabilité modifient l'éthique du baseball qui devient compétitive plutôt que communautaire. Dès la fin des années 1850, le baseball est une institution où se jouent des luttes pour la mobilité sociale ou l'intégration des nouveaux arrivants : contrast to English rounders, cricket, or other competitors that had continuing ties to an Old World nationality, American baseball attracted Irish and German "outsiders" who saw it as both a form of New World accommodation and a repudiation of the alternative games of traditional ethnic enemies.[7]” Ces transformations reflètent l'industrialisation de la région, tandis que le baseball n'est plus exclusivement Yankee et que les travailleurs manuels (cols bleus) sont plus nombreux dans les équipes que ceux qui occupent des professions libérales. [...]
[...] Le baseball aux Etats-Unis : naissance d'une institution (1840-1900) Les différentes pratiques sportives, en tant que phénomènes culturels, sont un objet d'étude relativement récent pour les sciences sociales. Évidemment, l'intérêt académique pour le sport, dans ce qu'il a de plus général, n'est pas tout à fait récent. Dès les années 60, plusieurs penseurs cherchant à illustrer la fonction sociale qu'il remplissait ont placé le sport dans un cadre d'analyse marxiste. Beaucoup ont retenu la fonction de divertissement, comprise comme aliénation, faisant du sport le nouvel opium du peuple, comme d'autres le font maintenant avec la télévision ou l'Internet. [...]
[...] Jarvie, Grant (ed.). Sport, Racism, and Ethnicity. (New York, Falmer, 1991). Kirsch, George B. The creation of American Team Sports: Baseball & Cricket, 1838-1872. (Chicago, University of Illinois Press, 1989). Néré, Jacques. La guerre de Sécession. (Paris, PUF, 1984). [...]
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