"A son survêtement, le professeur d'EP est vite repérable dans un établissement scolaire" (D. Limat, Au lycée, in Esprit n°5, 1975). Stigmatisé par sa tenue de travail, il se démarque des autres enseignants tant il semble éloigné de l'univers scolaire sacralisé où relâchement et décontraction sont bannis. Soumis à un concours de recrutement basé sur des épreuves écrites et orales, il-elle ressemble cependant en tous points aux professeur-e-s chargé-e-s de transmettre des savoirs intellectuels.
Soumise aux enjeux politiques, économiques et sociaux, la formation des enseignants d'EPS oscille donc entre une logique corporative et une logique économique : la première vise à améliorer la reconnaissance de l'enseignant d'EPS notamment grâce à l'universitarisation de la formation sur le modèle des autres disciplines. La seconde tend à diminuer les coûts de formation et de fonctionnement des cadres de l'EP avec le recrutement d'un personnel moins qualifié formé dans des filières professionnelles courtes.
Entre 1869 et 1939, militaires et médecins cherchent à contrôler une formation balbutiante tant au niveau des structures que des diplômes : faute de corporation constituée, l'enseignant d'EP passe de l'isolement et de la soumission au marché du travail à une profession dont la réglementation se précise lentement. Entre le Seconde GM et la loi de réforme des universités de 1968 (Loi Edgar Faure), deux logiques s'opposent : la logique corporative traduite par la (ré)organisation générale des formations et des recrutements en EPS sur l'ensemble des disciplines scolaires tant au niveau des formations initiales que continues. Cet alignement contribue notamment à écarter la logique économique au profit de la logique corporative faisant de l'enseignant d'EPS, un enseignant à "part entière".
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"On a fait de l'éducation physique avant qu'il y ait pour cela des fonctionnaires patentés" (- non scellés) remarquait Jacques Thibault (sport et éducation physique, 1870-1970, 1972). Seuls les militaires reçoivent une formation physique systématique dans le cadre de l'Ecole de Joinville. Ces derniers s'emparent tout autant de la réglementation de l'enseignement de la gymnastique (publication régulière des règlements de Joinville) que de la formation des personnels enseignants. Autrement dit, le métier, encore peu répandu, existe dans les faits mais il s'agit d'un "métier sans diplôme" (C. Dorville, Les concours de recrutement comme révélateurs de l'identité de l'EP, in J-P. Clément, M. Herr, L'identité de l'EP scolaire au XXème siècle, entre l'école et le sport, 1993) (...)
[...] Vincent, La formation des enseignants d'EPS de 1970 à 2000 : un itinéraire ambigu et complexe, in T. Terret, Education Physique, sport et loisir 1970-2000, AFRAPS, 2000). La formation de l'agrégation externe reste l'apanage des UFRSTAPS mais se heurte à la concurrence de la formation royale du département EPS de l'Ecole Normale Supérieure de Cachan depuis 2002, cette réouverture étant le point d'orgue de l'alignement de l'EPS aux autres disciplines. Mais en 2007, la réforme des universités (loi LRU) et son corollaire la masterisation des formations d'enseignants ébranlent la profession comme en témoignent les vives réactions et manifestations observées jusqu'à l'automne 2009. [...]
[...] A la libération, la logique économique de réduction des coûts de formation va se poursuivre malgré une montée en puissance de la logique corporatiste visant l'alignement progressif de la formation des professeurs d'EPS sur les autres disciplines. Le monitorat d'EP : une formation accélérée : Les structures de formation se multiplient : le Collège National de Moniteurs et d'Athlètes d'Antibes pour la zone libre et le Centre Spécial d'EPetS de Chatenay-Malabry pour la zone occupée sont créés en 1941. Ils viennent compléter la création des quinze Centre Régionaux d'Education Générale et Sportive (CREGS) dans la mission de former des moniteurs d'éducation physique. [...]
[...] Les UFR obtiennent le monopole sur la formation initiale en EPS précise Joris Vincent (La formation des enseignants d'EPS de 1970 à 2000 : un itinéraire ambigu et complexe, in T. Terret Education physique, sport et loisir, AFRAPS, 2000). Les professeurs-adjoints étant considérés comme des intrus [ ] les ENEPSiens considérant que eux, ils ne sont pas des profs en trente leçons (B. Michon et B. Caritey, Histoire orale d'une profession : les enseignants d'éducation physique, 1998). L'euphorie des années quatre vingt est aussi palpable dans le nombre de postes offerts au CAPEPS : 1200 en 1982 ! [...]
[...] Le professorat d'EPS, une formation émiettée : A la libération, les lieux de formation sont rebaptisés : les IREP deviennent les IREPS, les CREGS sont transformés en Centres Régionaux d'EPet S (CREPS). En 1947, l'ENEP cède la place aux deux Ecoles Nationales Supérieures d'EPetS (ENSEPS) : ENSEP pour les jeunes gens à Joinville et ENSEP pour les jeunes filles à Chatenay-Malabry. Le décret du 17mars 1945 crée un nouveau CAPEPS accessible aux seuls titulaires du baccalauréat. Les professeurs d'EPS parmi les élites de la Nation (le baccalauréat est désormais un pré requis nécessaire). [...]
[...] On peut aussi considérer que la formation professionnelle continue est au cœur d'enjeux de représentativité de la profession : les universités d'été, les stages syndicaux viennent compléter les stages de secteurs (ou bassins) ou académiques. Elle est, selon T. Terret (L'EPS et la formation professionnelle continue entre autorité et innovation, in Education Physique, sport et loisir 1970-2000, 2000) l'un des instruments les plus importants de transformation et de débats Ces stages ouverts, de droit (selon la loi du 16juillet 1971), aux enseignants en activité seront à partir de 1982 gérés et organisés par les Missions Académiques à la Formation des Personnels de l'Education Nationale (MAFPEN) sous l'autorité du Recteur d'Académique (loi du 24mai 1982). [...]
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