Dans son ouvrage, Agathe Lichtensztejn[1] offre une chronique du Selfie comme mode d'expression individuel et individualiste sur les réseaux sociaux, tout en offrant des nuances quant aux interprétations qu'on peut faire du sens qu'attribuent les auteurs de ces 'égo-portraits'.
[...] L'acte de pris de Selfie est un effort de sociabilisation de l'individu, qui cherche à manifester son individualité sur les réseaux sociaux. Néanmoins, cette individualité est contrainte de normes et de codes que l'auteur du Selfie doit satisfaire afin d'obtenir l'approbation de ses pairs, et donc d'accomplir sa construction d'identité. Pour Korff-Sausse toujours, cet effort de sociabilisation et de sortie de l'isolement relève ainsi d'une question existentielle, celle de l'identité elle-même. En d'autres termes, on ne poste pas un Selfie pour faire connaître son identité aux autres, mais plutôt pour se construire une identité et chercher à intégrer un cercle social désirable. [...]
[...] Adolescence, vol. t no pp. 623-632. Junger-Aghababaie, Mona. Interaction par l'image et identité en ligne : le cas des selfies, L'Autre, vol. volume 15, no pp. 365-368. [...]
[...] La seconde, c'est que ces individus sont en cours de définition de soi et d'apprentissage des normes et des codes sociaux, nécessaires pour accomplir leur sociabilisation et la sortie d'un isolement vécu. Pour Mona Junger-Aghababaie[4], le Selfie concrétise l'échappatoire de l'isolement social en accédant à une audience qui se libère des contraintes de temps et d'espace. L'auteur montre que le Selfie comme les autres interactions sur les réseaux sociaux ne sont que le prolongement d'habitudes de communication et d'interactions sociales, comme les correspondances épistolaires, les conversations téléphoniques, et plus récemment les Chats sur internet et les messages sur téléphones mobiles. [...]
[...] Les filtres comme l'utilisation de logiciels de retouche d'image découlent d'une démarche de revendication de l'individualité de l'auto-portrait. L'isolement ressenti par l'individu étant motivé par l'inadéquation perçue par rapport aux normes de la société réelle, ce dernier adopte une démarche subversive en revendiquant son individualité en postant son autoportrait sur les réseaux sociaux. Cette revendication met cependant l'accent sur les formes, puisqu'elle n'est pas seulement une retranscription de la corporalité de l'individu. Elle est plutôt l'expression de l'image qu'on se fait de soi, une image qui sort de l'ordinaire, car unique à soi. [...]
[...] Le Selfie comme échappatoire à la solitude est un motif particulièrement puissant chez les adolescents, comme le relève Simone Korff-Sausse[3]. L'auteur y voit une forme poussée de la fonction réflexive du miroir, où la quête identitaire et esthétique, auparavant confinée au cadre privé et isolé de la salle de bains, s'étend désormais à un espace social virtuel, où cette quête identitaire se double d'une recherche de validation de soi à travers les 'Like', et plus généralement les fonctions de réaction – et d'interréaction- des différents utilisateurs des réseaux sociaux. [...]
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