Sociophonétique, accent, Jean Castex, prononciation, aperture des voyelles, prosodie, milieux mondains, phonémique, liaisons, nasales, élite parisienne, Pierre Fouché, conversation soignée, crise du Covid, stratégie politique, glottophobie, événement politico-médiatique
Sujet : Jean Castex a été nommé premier ministre en juillet 2020 ; à cette occasion, divers commentaires ont proliféré sur le fait que Jean Castex aurait un « accent » ; construisez une réflexion sociophonétique autour de cet événement politico-médiatique.
[...] Philippe Blanchet va jusqu'à comparer l'acquisition forcée de « accent pointu » à l'apprentissage forcé de la langue française après-guerre. Dans les deux cas, il s'agit de gommer les marqueurs régionaux : D'abord on a dit au gens : « ne parlez plus vos langues », puis on leur a dit : « parlez avec notre accent ». Vincent Auriol et Paul Déroulède étaient des gens avec un accent. Cela ne posait pas de problème, car ce qu'on attendait des gens, c'était qu'ils parlent français. Aujourd'hui, plus aucun homme politique d'envergure nationale n'a d'accent, à l'exception de Monsieur Castex. [...]
[...] Plus finement, le fait même que l'on considère immédiatement que Jean Castex a « un accent » est significatif. L'accent dominant, à force d'être le seul à avoir droit de cité dans la parole publique, a cessé d'être perçu comme tel, si bien que toute transgression par rapport à lui est perçue comme « un accent ». En nommant Jean Castex Premier ministre, Emmanuel Macron donne une présence - sonore - à la province, et se déleste de son image pesante de président des riches. [...]
[...] La nomination de Jean Castex constitue donc une transgression. Avec la crise du Covid, il a en effet été amené à prendre beaucoup la parole, si bien qu'un accent différent de la norme parisienne a saturé l'espace médiatique de manière soudaine et inédite, rompant le ronronnement habituel des chaînes de radio et de télévision, d'où l'amusement de Benoît Rayski : Nous Jean Castex on l'aimait bien. Nous raffolions de son accent rocailleux qui nous changeait en bien du parler pointu de Macron. [...]
[...] Se faisant, il s'abstient lui-même de livrer une analyse sérieuse, acceptant de ne rien comprendre - et de ne rien chercher à comprendre - aux enjeux dont le Premier ministre devait se faire le porte-parole : l'insécurité, le chômage, le pouvoir d'achat. L'homme qui a un accent n'est certes pas pris au sérieux, mais cela lui évite d'être la cible de critiques sérieuses - qui irait critiquer un nourrisson ? - lorsqu'il se fait le bras droit d'une politique discutable. [...]
[...] Sociophonétique - L'« accent » de Jean Castex Les particularités régionales La première particularité concerne la prononciation des e. Jean Castex prononce les caducs, comme celui de « favorable », de « dialogue », de « forte ». L'ajout d'un en fin de mot se fait y compris lorsqu'il ne correspond pas à une donnée orthographique, comme à la fin de « donc », ici prononcé [dᴐ͂kə]. En outre, Jean Castex ne pratique guère l'élision du e situé en milieu de mot : il prononce ainsi celui de « extrêmement ». [...]
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