« Le devoir de l'homme d'Etat n'est plus de pousser violemment les sociétés vers un idéal, mais son rôle est celui de médecin : il prévient l'éclosion des maladies par une bonne hygiène, et (…) il cherche à les guérir » . Référence est ici faite au concept d'hygiène publique.
Né au début du XIXème, en France il se définit par « l'art de conserver la santé aux hommes réunis en société ». Dès lors, l'hygiène n'est plus une affaire individuelle : elle est la considération politique de l'Etat, qui représente plus qu'un simple appareil d'organisation.
[...] L'Etat paternaliste se substitue aux logiques individuelles ; c'est la naissance de l'Etat providence. Du pouvoir au biopouvoir : l'hygiène publique, facteur d'obéissance Les théories de Machiavel et de Hobbes ont révélé un nouvel art de gouverner : si l'Etat souverain, au Moyen Age, avait pour but de diriger et corriger les hommes, le Prince et le Léviathan protègent la société. Néanmoins, le souverain a toujours un droit de vie et de mort sur ses sujets. Avec l'hygiène publique, le pouvoir étatique se mue en biopouvoir gestionnaire des phénomènes biologiques collectifs, celui de faire vivre ou de laisser mourir[7]. [...]
[...] L'hygiène ne peut devenir un véritable enjeu du pouvoir car santé et politique sont séparés : les décisionnaires ne disposent pas du savoir. Cependant, en 1848, les médecins deviennent législateurs[3], et mettent en place la première police sanitaire. En 1882, Pasteur entre au Comité Consultatif d'Hygiène Publique. Le secteur peut alors s'unifier, sous la Direction de l'Assistance et de l'Hygiène Publique en 1889, qui crée le courant du solidarisme. La puissance du parti de l'hygiène atteint son paroxysme en 1902, avec l'adoption de la Charte de l'Hygiène Publique. [...]
[...] L'individu infantilisé réclame même son droit à la santé Entièrement dépendant de l'Etat, Il ne peut que souhaiter sa perpétuation. Néanmoins, une entité supranationale se réapproprie actuellement l'outil de puissance qu'est l'hygiène : depuis le 11 septembre 2001, le Conseil de Sécurité Sanitaire de l'Union Européenne déploie sa politique de santé publique par la lutte contre le bioterrorisme Bibliographie Michel FOUCAULT, Sécurité, territoire, population, cours au Collège de France. 1977-1978, Gallimard Seuil 2004 Gérard JORLAND, Une société à soigner, hygiène et salubrité publiques en France au XIXe siècle, Gallimard 2010 Franck THENARD-DUVIVIER, Hygiène, santé et protection sociale, de la fin du XVIIIe siècle à nos jours, Ellipses 2012 Michel SETBON, Pouvoir contre sida, Edition du Seuil, février 1993 Louis Philippe BLANCHETTE, Michel Foucault : Genèse du biopouvoir et dispositifs de sécurité Lex Electronica, vol (Automne / Fall 2006) Emile Durkheim Duchâtelet et Villermé, Annales d'Hygiène Publique et de Médecine légale Lois sur le travail des enfants, les accidents du travail, les logements insalubres, la police sanitaire. [...]
[...] Cette omniprésence de l'hygiène publique résulte de la volonté des pouvoirs publics de préserver la société : l'Etat n'est plus coercitif mais bienfaiteur. De l'Etat coercitif à l'Etat protecteur : l'hygiène publique comme argument de protection et instrument d'obéissance La restriction de la liberté individuelle au profit de l'Etat protecteur La figure de l'Etat interventionniste se dessine sous l'argument du maintien de la solidarité dans la société[5], par exemple avec la vaccination antivariolique obligatoire (1902). Cet interventionnisme s'oppose aux thèses libérales, et sacrifie l'individu au profit de la collectivité. [...]
[...] En quoi l'hygiène publique concourt-elle à l'émergence de l'Etat protecteur? Le devoir de l'homme d'Etat n'est plus de pousser violemment les sociétés vers un idéal, mais son rôle est celui de médecin : il prévient l'éclosion des maladies par une bonne hygiène, et ( ) il cherche à les guérir Référence est ici faite au concept d'hygiène publique ; Né au début du XIXe, en France il se définit par l'art de conserver la santé aux hommes réunis en société Dès lors, l'hygiène n'est plus une affaire individuelle : elle est la considération politique de l'Etat, qui représente plus qu'un simple appareil d'organisation. [...]
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