Temps présent, représentation, pièce de théâtre, Le Balcon, optimisme
Je veux commencer par les poètes, prononcer la nostalgie de ne plus sentir le temps présent. Mallarmé : « Un présent fait défaut »; Rimbaud : « Nous ne sommes pas au Monde ».
La contemporanéité fait défaut, cela signifie l'écart entre la pensée et le temps présent, un écart très ancien, mais aujourd'hui très prégnant. Cet exposé a pour but, plus que de parler du présent, de parler de ce qui nous en sépare : à savoir la représentation, l'image.
Répéter la tentative ancienne d'une analyse des images du temps présent, du moins de leur régime, de leur système.
[...] Le capitalisme n'a cure que nous consentions à ce genre de critiques. Il s'en accommode, et même, peut la vendre. Ceux qui mènent grand bruit sur cette critique, je le constate, en viennent toujours à de sages réformes du capitalisme lui-même. Ils proposent aujourd'hui en tout cas, un capitalisme régulé et convenable, un capitalisme non pornographique, un capitalisme écologique et toujours plus démocrate. Ils exigent un capitalisme confortable pour tous, en somme un capitalisme à visage humain. Rien ne sortira à mon avis de ces chimères que la perpétuation du cycle du retour des images. [...]
[...] Les techniques nouvelles, notre industrie du caoutchouc permettraient de très belles mises au point. Non ce n'est pas cela qui m'inquiète, mais plutôt se tournant vers l'évêque ce qu'en penserait l'Église. L'évêque, après réflexion et haussant les épaules : Rien de définitif ne peut être prononcé ce soir. Certes l'idée est audacieuse, mais si votre cas est désespéré, nous devons examiner la question. Car ce serait une redoutable présentation, et si vous deviez vous transmettre sous cette forme à la postérité Irma, apeurée : Mais aucune chambre n'est prévue, aucun salon équipé ! [...]
[...] Tel est aux yeux de Lacan qu'il est lui réellement le phallus. Et en effet, à la fin de la pièce, le chef de la police, cherchant un habit de gala désirable, c'est une trouvaille géniale, vient annoncer qu'on lui propose et qu'il accepte de se déguiser en sexe masculin érigé, ce qui veut aussi dire en image absolu du désir marchand des clients du bordel. On est sur la fin, la révolution du dehors est à bout de souffle, et le chef prolétaire déclare Dehors, dans ce que tu nommes la vie, tout a flanché, aucune vérité n'était possible le dehors n'est pas seulement le réel, mais le réel comme vérité, ce qui est le plus grand enseignement et le plus grand problème de la philosophie. [...]
[...] On entend le chant d'un coq. Ah, les déguisements, redistribuer les rôles, endosser le mien, préparer le votre : juges, généraux, évêques, chambellans, révoltés qui laissez la révolte se figer. Je vais préparer mes costumes et mes salons pour demain. Il faut rentrer chez vous, où tout, n'en doutez pas, sera encore plus faux qu'ici. Il faut vous en aller, vous passerez à droite, par la ruelle. Elle éteint une dernière lumière. C'est déjà le matin. On entend un crépitement de mitrailleuse. [...]
[...] Pour l'instant nous sommes entre deux mondes, nous savons tous que le temps présent est intervallaire, mal défini, un chemin incertain. Le mot démocratie lui-même est aujourd'hui un mot intervallaire, incertain, qui ne sait d'où il vient, ni où il va, ni même ce qu'il signifie. Un mot qui ne fait que couvrir notre désir passif de confort, de notre satisfaction dans notre misère partielle, misère que récapitule un mot dont on fait la socle obligé de la démocratie, le mot de classe moyenne C'est en effet dans une subjectivité moyenne, dont l'idéal est de persévérer dans son être, que réside le support massif, le support de classe, partout dans le monde et singulièrement dans le monde occidental, de l'État dit démocratique. [...]
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