Le terrain
Les quais de la Guillotière ont ceci d'intéressant qu'ils ont longtemps été des lieux de migration, d'échanges et de transferts culturels. D'abord place privilégiée des italiens au XIXème siècle, ils furent ensuite le lieu des communautés maghrébines, asiatiques, turques ou arméniennes. Aujourd'hui, l'identité prolétaire étudiante y est très forte.
[...] Aujourd'hui, je suis venu plus tôt dans la journée, et les gens ne le fument pas encore. C'est étrange, il doit y avoir des horaires particuliers. Jour 4 Pour ce dernier jour, j'ai choisi de remonter toute la bande pour ressentir l'impression d'un passant. Les gens du quais ne vous regardent pas passer, ce qui change du centre lyonnais. Il y a beaucoup de monde aujourd'hui, je dois changer d'étage pour continuer la progression. Il y a des couples assis au bord de l'eau. [...]
[...] L'accessibilité est ce qui garantit la libre circulation des personnes et des biens. C'est aussi ce qui permet l'émergence de représentations collectives à partir desquelles des images de la ville sont produites. Les quais de la Guillotière rentrent parfaitement dans le cadre de ces deux définitions théoriques. Je ne pourrais pas dire que plusieurs classes sociales s'y confrontent, mais on peut parler d'identités sociales. Les niveaux économiques semblent plus ou moins similaires, mais la volonté des différents groupes de se démarquer est importante. [...]
[...] Le lieu précis est celui dit du Bowl de la Guillotière, au sud du pont du même nom. Au fur et à mesure de l'observation, j'ai étendu le territoire jusqu'au Pont de l'Université. Date 06/11/2018 21/11/2018 04/12/2018 14/12/2018 Temps 1 heure 2 heures 2 heures 2 heures Le terrain est majoritairement fait d'escaliers plongeants vers l'eau (Le Rhône). La configuration spatiale rappelle celle d'un amphithéâtre antique. Dans un premier temps, je dois admettre un questionnement personnel résultant d'une observation tout à fait subjective : Je ne trouve pas cet endroit confortable. [...]
[...] L'une des limites de cette position fut mon incapacité à comprendre pleinement la nature des conversations qui animait les relations sociales, nature qui comptait pour beaucoup dans la volonté des étudiants à « squatter » les quais Restitution des observations Jour 1 Pour ce premier jour, je constate que tous les « bancs » des quais sont occupés. À première vue, on pourrait y voir une foule plutôt consistante, mais à y voir de plus près, les gens y sont regroupés par 3 ou 4 maximum. La structure de l'espace ne permet pas plus, puisque les différents niveaux limiteraient l'interaction d'un groupe plus large. Je comprends alors que la même logique s'applique dans un amphithéâtre. [...]
[...] De temps en temps, des groupes plus jeunes passent de la musique avec des enceintes portatives. Cela me dérange, et je crois que mon sentiment est partagé par le reste des occupants du quai, mais je n'en suis pas sûr. C'est peut-être mon état qui trouble ma perception, je préfère ne pas conclure. Jour 3 Troisième jour. Je me rends compte que je n'ai pas trop décrit les lieux, mais que je me suis beaucoup attardé sur les gens. De jeunes arbres ont été plantés entre la première rangée de bancs et la deuxième, plus basse. [...]
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