Promesse, messianicité, Jacques Derrida, conscience intentionnelle, phénoménologie
J'ai eu une extinction de voix hier. J'aurais pu ne pas venir. Dans ce cas, je n'aurais pas tenu la promesse que j'avais faite de venir. "Je viendrai" est une prévision ou une promesse. Si je ne venais pas ou si je venais et ne parlais pas, je ne tiendrais pas dans les 2 cas, ma promesse. On peut étudier la promesse selon 3 théories : les "speech acts", la phénoménologie, et l'herméneutique.
On ne promet que du bien. Nous étions d'accord sur le fait que ma présence parmi vous était une bonne chose pour vous comme pour moi. Les organisateurs et l'invité ont la même conscience intentionnelle que c'est bien. Des 2 côtés, il faut des bonnes intentions et un consensus sur la nature de la promesse.
[...] La promesse, infinie dans sa structure, ne peut être liée qu'à un être fini. Si je donne, je dois donner au-delà de ce que je peux. Je ne peux pas dire, sans une assertion, "là je suis sûr d'avoir donné". Cet "apparaître tel" du don fait ou de la promesse tenu détruit cette promesse ou ce don. J'ai fait tout ce que je pouvais pour tenir cette promesse, j'ai peut-être tenu ma promesse. Le bénéficiaire peut dire : tu as tenu ta promesse. [...]
[...] Le messianique, comme attente de ce qui vient, est une structure universel. Cependant la messianissité, bien qu'il faut la déraciner, tend à sacraliser à nouveau le messianique. Le rapport à l'idiome est forcément sacralisant. Recourir à la logique de l'auto-immunité pour sauver le sain(t), c'est fatalement aboutir à des mouvements d'autodestruction. Le mot "messianique" est provisoire et commode. Il y a attente de ce qui vient (figure de la justice et de la paix). La mondialisation représente l'imperium d'un certain discours. [...]
[...] Il n'y a pas de promesse digne de ce nom qui ne prenne en compte incessamment, dans son expérience vive, cette possibilité de risque de trahison. Certaines promesses peuvent ne pas être verbalisables. Ainsi, certains comportements animaux peuvent être considérés comme des promesses. On distingue chez les animaux une symbolique de la promesse et de la trahison. Donc, la promesse ne relève pas que des "speech acts". Une promesse doit toujours être idiomatique et singulière promet à B). Dès qu'elle est engagée dans la généralité langagière, elle est déjà trahie. En fait, elle se fait dans le silence. [...]
[...] La "Khôra" se distingue du "Topos" (qui est déterminé). Est "Khôra" ce qui ne se laisse pas historiciser. Elle ne donne pas lieu, elle est ouverture à tous les lieux possibles. Elle est avant la promesse. C'est une ouverture béante, un lieu qui peut devenir une référence universelle. La "Khôra" n'est pas non plus un espace pré-anthropologique, pré-théologique ou atopique. Il ne s'agit pas d'opposer, mais de penser quelque chose d'autre pour être dans la fidélité que la parole tienne. [...]
[...] Donc, la promesse survit, dure et se renouvelle. L'histoire de la promesse survit là où même elle n'est pas tenue. Le "peut-être" est une catégorie indispensable pour penser la promesse dans le sens où celle-ci peut se transformer en menace, reprendre ce qu'elle donne. Cependant elle ne s'inscrit pas dans le "peut-être" : on promet qu'on "viendra" et pas qu'on "viendra peut-être". Pour qu'il y ait une promesse, il faut que le "peut-être je ne viendrai pas" soit là comme un accident. [...]
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