Selon une enquête de l'Insee, sur 27,1 millions d'actifs en France au premier trimestre 2003, il y avait 14, 6 millions d'hommes contre 12,5 millions de femmes. Le travail des femmes semble être aujourd'hui une norme sociale dominante et acceptée. Cependant on constate que sur le marché du travail, féminisation ne rime ni avec mixité ni avec égalité, comme le souligne Margaret Maruani. Malgré la recomposition du marché du travail, les femmes souffrent des inégalités et du chômage de masse. Or « Depuis que les femmes travaillent » il en est ainsi.
[...] La conjonction de ces discours et l'attitude de l'État n'empêchent cependant pas l'activité et la professionnalisation des femmes de s'étendre. Il s'agit alors de cantonner les femmes dans des secteurs et des professions spécifiques, les enfermant dans des statuts dont elles auront du mal à se dégager. C La division sexuelle du travail À la fin du XIXe siècle, on assiste à la construction sociale de la notion de travail féminin par de nombreux industriels, réformateurs, syndicalistes qui, face à cette montée toujours plus importante de l'activité féminine, s'intéressent à la féminité et surtout à sa compatibilité avec une activité salariée. [...]
[...] Les femmes pénètrent massivement dans les bureaux, les services publics et administratifs qui se développent à cause de la complexité croissante de l'économie. Mais le plus souvent elles occupent des métiers différents de ceux des hommes, avec des statuts spécifiques, comme nous le verrons. Cependant, certains postes à responsabilité s'ouvrent aux femmes (rédacteur, inspectrice générale des services administratifs). Des écoles professionnelles s'ouvrent, l'école Pigier par exemple, ou les formations accélérées proposées par les fabricants de machines de bureau. De plus, certains métiers se professionnalisent. [...]
[...] Pour ces dernières, elles profitent de la laïcisation de l'État (elles remplacent les congrégations). Mais c'est surtout la guerre qui va accélérer la professionnalisation. En effet, les infirmières, bénévoles, sont présentes sur le front pendant toute la durée du conflit, recrutées notamment par la Croix rouge. La paix signée, la diversité des formations et donc celle des statuts ne peut plus tenir : en juin 1922 est créé le diplôme d'infirmière. En 1926, certaines spécialités sont même fermées aux infirmiers (la médecine des femmes, celle des enfants et la chirurgie). [...]
[...] Pour ce faire, nous examinerons d'abord un panorama des emplois exercés par les femmes depuis 1870, puis nous verrons les causes d'une professionnalisation tardive pour enfin nous intéresser à la situation des femmes sur le marché du travail depuis 30 ans et le bilan que l'on peut en tirer. I Les femmes ont toujours travaillé : une activité féminine toujours plus importante De la fin du XIXe siècle aux années 1960, les évolutions économiques ont permis à de plus en plus de femmes d'accéder à des métiers salariés toujours plus diversifiés, quoique très contrôlés par les hommes. [...]
[...] Jusqu'à la fin du XIXe siècle, ce travail est invisible car non salarié. Puis leur salarisation progressive grâce à leur entrée dans l'industrie et le tertiaire a poussé les hommes à réinventer de nouvelles modalités de ségrégation pour les maintenir dans la sphère domestique en entretenant cette invisibilité par une mauvaise foi statistique, et en délégitimant leur présence dans la sphère publique. Par peur des conséquences de l'autonomie et de la concurrence des femmes, les représentations sociales maintiennent la dépendance des femmes à l'égard de leurs époux et des hommes en général, bien que des droits et une reconnaissance professionnelle leur soient concédés, mais toujours de manière limitée et dans des secteurs très féminins Les années 1960-1970 vont permettre une entrée tant quantitative que qualitative des femmes dans la sphère professionnelle. [...]
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