De nos jours, l'espace social est de plus en plus mobilisé par la question de la santé, au point même que celle-ci sort de son champ d'action pour devenir objet d'étude de sociologie ou d'autres sciences sociales. On assiste donc à un véritable bouleversement de son rôle, de sa place dans nos vies.
C'est pourquoi, il est intéressant de se demander comment la sociologie et ses outils ont été mobilisés dans le mouvement de médicalisation de la société et dans sa critique.
Nous verrons donc cela en trois temps, à savoir d'abord à travers l'étude du processus même, puis dans son impact sur notre société et enfin, dans quelle mesure il peut être remis en cause.
Pour commencer, il est important de développer un peu ce concept de médicalisation, processus nouveau, qui touche toute la société.
Parler de « médicalisation de la société », c'est évoquer l'extension du champ de la santé au-delà de son corps initial que représentent la médecine et les institutions directement liées à cette dernière. On va ainsi traiter médicalement des problèmes qui ne sont pas médicaux dans le but de savoir guérir tous les maux, on va « pathologiser » les problèmes quotidiens. Ceci va être renforcé par l'idéologie scientifique et l'investissement des Etats dans la recherche scientifique. Il faut rappeler qu'on se trouve dans le contexte de la fin des « Trente Glorieuses », dans les années 50, on fait donc totalement confiance au progrès scientifique. Or, dans les années 70, on assiste au contraire à une critique de toutes les normes établies, la santé n'y échappera pas, c'est pourquoi la santé va devenir l'affaire de tous. Ainsi, au nom de l'hygiène publique, la médecine va développer un savoir entre médecine et administration afin de gérer l'organisation de la société : la médecine est alors en capacité d'imposer, de redéfinir des normes et autres idéologies (on pensera ici au fait qu'elle s'identifie comme améliorant la vie et faisant reculer la souffrance...).
La santé devient alors une interface interdisciplinaire faite d'enjeux importants puisqu'elle mobilise autant le côté social que politique. En effet, elle devient un enjeu politique dans le sens où la maladie, la vie ou la mort occupent une place primordiale dans le gouvernement des hommes. Puisque la santé est désormais reconnue comme légitimement normative, il faut composer en fonction d'elle, suivre ses préceptes et ainsi, pour les hommes politiques, réaliser un programme en l'incluant totalement et de manière visible (...)
[...] Elles vont faire appel à la solidarité entre les malades et par le rôle qu'elles vont jouer quotidiennement auprès d'eux à travers le soutien qu'elles leur apportent, elles vont petit à petit apparaître comme des tiers nécessaires dans la prise en charge médicale. C'est ainsi que vont se créer des rapports triangulaires entre patients (et entourage), associations et milieu médical. L'association permet par ailleurs d'affirmer une identité collective, en conférant à nouveau un pouvoir évident aux patients. Ce processus nouveau va donc profondément bouleverser les fondements de la médecine traditionnelle et créer une nouvelle image du patient, qui n'est plus qu'un simple malade, mais un usager, capable de modeler sa prise en charge. [...]
[...] Ainsi, on ne distingue plus vraiment la maladie médicale de la maladie sociale. Il y a donc un risque dans la prise en charge de ce type de pathologie qu'il ne faut substantiellement pas comprendre de la même façon : elles n'ont pas la même origine, pas la même cause et surtout pas les mêmes conséquences (le malade diabétique ne se trouve pas dans la même dynamique qu'un patient alcoolique par exemple, que ce soit dans sa prise en charge ou ne serait-ce que dans la prise de conscience, la perception de sa pathologie). [...]
[...] Elle l'intègre dans son étude en le considérant au centre de la question de santé. En s'intéressant à la médicalisation de la société, R.Gori, dans La Santé Totalitaire va étudier les mécanismes de réappropriation des corps ; le patient n'est plus un simple objet de soin, il est avant tout sujet humain, capable de réflexion. On va d'ailleurs entendre parler de l'individu comme responsable de sa santé : il doit se protéger, que ce soit pour lui-même et pour la société, la santé devient une valeur de référence. [...]
[...] Il sera alors amené à s'auto-médicamenter, ce qui peut être néfaste pour sa santé (on ne peut prétendre savoir se guérir seul dans le cas de maladies chroniques par exemple) ; c'est d'ailleurs un débat qui fait rage dans notre société actuelle, quant à la place de l'automédication. Ainsi, pour conclure, il est donc nécessaire de rappeler que la sociologie de la santé est relativement nouvelle et qu'elle a permis de mettre en lumière des changements importants, que ce soit dans les sciences médicales ou dans le monde social, en rapport avec la santé. [...]
[...] Certains iront même jusqu'à dire que les émotions, au même titre que la mort ou la naissance, sont médicalisées par le progrès médical ou l'industrie pharmaceutique qui y répond de façon chimique par le biais de traitements médicamenteux. Aussi, puisque la médicalisation a permis à la médecine de redéfinir ce qui est normal ou pathologique, ce qui est acceptable ou non, certains sociologues comme Castel (La Gestion des risques) vont donc la considérer comme un contrôle social : La médicalisation est une forme de contrôle social des indésirables. [...]
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