Sociologie de la jeunesse, notion de vulnérabilité, Valérie Becquet, Hélène Thomas, analyse dynamique, jeunesse, construction sociale, adultes indépendants, l'univers juvenile, individualisation progressive, insertion professionnelle
La notion de vulnérabilité est un concept pluriel qui cherche à expliquer l'interstice entre l'exclusion et l'intégration. Elle applique à la description sociale une vision nuancée et critique, nécessaire pour une analyse dynamique des interactions. Le texte de Valérie Becquet appelle à considérer la notion de vulnérabilité telle que développée par de nombreux sociologues, anthropologue ou scientifiques médicaux pour penser la jeunesse comme un « âge structuré autour de la construction identitaire et de la conquête statuaire » (p. 55).
Malgré le foisonnement parfois difficilement justifiable de la notion de vulnérabilité dans les réflexions sur la jeunesse, on peut établir trois intérêts à l'utiliser que nous verrons successivement avant d'en souligner les limites à la fois empiriques et conceptuelles. Pour cela, nous userons de l'hiatus courant entre « état » et « processus » souligné par Hélène Thomas. Cela permettra de comprendre comment la vulnérabilité permet de saisir à la fois à la jeunesse comme catégorie sociale, mais aussi les jeunes en situation de vulnérabilité comme problème public.
[...] En ce sens, les jeunes en difficultés - échec scolaire, rupture familiale - seraient intégrés au monde de la jeunesse du fait de leur vulnérabilité accentuée. La vulnérabilité tend à créer une échelle des problématiques où tout le monde s'inscrit. Les jeunes en situation de vulnérabilité qui constituent la cible étudiée par la sociologue sont donc plus soumis aux dérives potentielles impliquées par ce moment particulier de la vie. Plutôt que d'axer la réflexion sur la rupture, c'est la continuité qui unit tous les jeunes qui est privilégiée par l'usage de la notion de vulnérabilité. [...]
[...] Dans les trois cas, la vulnérabilité est au cœur des problématiques soulevées. Les vaincus sont déterminés par la position dominée qu'ils occupent dans le monde scolaire. L'échec scolaire rend leur rapport à l'institution très difficile autant que leur estime personnelle. En effet, l'école apparaît aussi comme un miroir social où la logique statutaire y est aussi prégnante que l'injonction méritocratique. Ainsi, les vaincus sont vulnérables car en perdant le goût de l'école, ils « construisent leur expérience sociale en opposition [ . [...]
[...] En second lieu, la notion de vulnérabilité implique de penser la jeunesse comme un processus à travers lequel l'expérience est un point central. En explicitant ce « contexte vulnérabilisant dans l'expérience juvénile » (p. la sociologue décrit à la fois les limites recherchées par certains individus mais aussi les formes plurielles de l'expérience dans la construction de soi. Cela revient à s'intéresser aux transformations structurelles de la jeunesse. Depuis le XXème siècle, le modèle traditionnel basé sur la synchronie entre axe scolaire et axe familial s'est rompu au profit d'une multitude de cas possibles. [...]
[...] Les deux articles du corpus reprennent cette idée de « la focalisation » des politiques publiques qui « les définissent [les jeunes] de plus en plus comme un problème à traiter ». Cela tend à vulnérabiliser la jeunesse en paternalisant l'action publique et en orientant cette action vers une spécificité discriminatoire. C'est notamment le cas de l'insertion professionnelle. Les jeunes sont encadrés par une variété de dispositifs juridiques censés permettre une intégration plus aisée sur le marché du travail. Des apprentissages aux contrats aidés, il s'agit de rompre avec l'inexpérience inhérente à la jeunesse et la supposée crainte des employeurs. [...]
[...] La même logique peut être applicable sur la question des minimas sociaux. En élaborant des seuils d'âge pour l'obtention d'aides sociales, les politiques publiques tendent à favoriser la précarisation de la jeunesse. Par exemple, le Revenu de Solidarité Active (RSA) peut être obtenu qu'à partir de 25 ans sauf cas particuliers (notamment la détention d'enfants). Derrière ces dispositifs particuliers on retrouve des conceptions légitimes de la jeunesse : l'idée des études supérieures notamment universitaires, de l'inscription dans la sphère professionnelle etc. [...]
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