A l'appui de la définition proposée par le dictionnaire Le Grand Robert, la notion de santé peut s'entendre comme le « fonctionnement régulier et harmonieux de l'organisme pendant une période appréciable, indépendamment des anomalies ou des traumatismes qui n'affectent pas les fonctions vitales » (Le Grand Robert, 2017). L'Organisation mondiale de la santé a mis en exergue les multiples dimensions de la santé, en affirmant qu'elle « n'est pas simplement l'absence de maladie ; c'est un état de complet bien-être, physique, mental, et social » (OMS, 1947).
[...] B - La valorisation des démarches orientées vers la connaissance de soi Le travail sur le rapport d'un individu à sa santé implique d'évoquer son traitement des informations tirées des discours reçus dans la vie quotidienne. En cela, « la santé est donc d'abord un univers cognitif comme un autre » (Michel Morin, 2006). Il s'agit donc de se pencher davantage sur le traitement fait avec plus ou moins de pertinence de ces normes. Peut-être serait-il dès lors important d'encourager à une certaine distanciation des injonctions contemporaines visant à atteindre une « santé parfaite ». [...]
[...] La connaissance de soi implique également une démarche de réflexivité. L'écoute de soi est une attitude qui peut être spontanément travaillée par le patient lui-même, comme elle peut être également encouragée par les soignants. Ce type d'écoute implique de laisser une place à la narration, au récit, dans une logique d'affirmation de son histoire et de sa singularité. Il n'est pas inutile de mentionner certains rappels contemporains à l'écoute dans les soins, comme en témoigne l'ouvrage d'Anne Revah-Levy, pédopsychiatre, et de Laurence Verneuil, dermatologue et oncologue, intitulé « Docteur, écoutez Pour soigner, il faut écouter ». [...]
[...] * Actuellement, le rapport à la santé est marqué par la confrontation à la menace des risques sanitaires et à l'impératif qui en découle d'une gestion de ces risques. Ancré dans son espace social, l'individu se fait récepteur de normes et d'injonctions au quotidien. Il est important dans un tel contexte qu'il se montre pro-actif plutôt que soumis à un tel mouvement. Aussi les comportements liés à la santé devraient-ils être davantage reliés aux valeurs de l'individu, dans une logique d'affirmation de soi. [...]
[...] Pour la sociologue Christine Détrez, auteur de « La construction sociale du corps », en se faisant le réceptacle de multiples injonctions et de recommandations, chacun est encouragé à se prendre en charge et finit par intérioriser que « chacun n'a que le corps qu'il mérite, qu'il se fabrique ». Cette notion de culpabilité se retrouve dans l'adoption de certains comportements alimentaires. Ainsi, pour la sociologue Camille Adamiec, les pratiques alimentaires liées à l'orthorexie sont le résultat de facteurs croisés liés à l'innovation des industries, aux messages contradictoires véhiculés par les médias, à une inquiétude et une culpabilité. [...]
[...] Les discours de prévention constituent dès lors un champ d'analyse pertinent : aujourd'hui, de multiples conseils sont véhiculés par la famille, l'entourage, les médias afin de définir des comportements sains, ou inversement à proscrire, de manière à se prémunir contre l'apparition de la maladie. Tous les domaines de la vie quotidienne sont susceptibles d'être impactés : l'alimentation, le sport, la sexualité, les pratiques de soins, etc. Comme le souligne le professeur de psychologie sociale Michel Morin « l'espace profane de la santé est structuré aujourd'hui par le double appel du risque à contrôler et du plus de santé à conquérir ». [...]
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