Pierre Bourdieu, Bourdieu, identité et habitus de classe, classe sociale, habitus, L'Angleterre après Calais, Angleterre, société anglaise, position sociale, capital social, capital économique, capital culturel, identité, insertion sociale
Youssef ne possède pas réellement de capital économique, il vit dans une maison avec de nombreux autres Arabes, et peut survivre au jour le jour en travaillant de manière non déclarée, donc illégalement. Thaer est locataire de son appartement avec un ami. Il possède de l'argent qu'il met de côté grâce à son travail de livreur à temps partiel et possède également des ressources grâce à un prêt contracté grâce à l'État britannique.
En termes de capital social, Youssef a un réseau limité aux autres Arabes de sa communauté (famille et amis). À l'inverse, Thaer a des amis anglais et arabes, et on peut penser qu'il est en contact avec un certain nombre d'anglais (comme des professeurs), mais il n'a pas de famille. Youssef est arrivé dans la communauté avec un capital social déjà fait quand Thaer s'est construit entièrement un nouveau capital social.
[...] Youssef est arrivé dans la communauté avec un capital social déjà fait quand Thaer s'est construit entièrement un nouveau capital social. Cela est fortement lié au différentiel de capital culturel entre Youssef et Thaer. Youssef ne parle qu'arabe, alors que Thaer parle anglais. Thaer a accumulé du capital linguistique en étudiant pour réussir l'IELTS afin de rentrer à l'université. Youssef ne semble pas disposer de capital culturel, alors que Thaer suit une formation universitaire, et a accès aux ressources culturelles comme la bibliothèque de l'université où on le voit à un moment. [...]
[...] A l'inverse, Thaer s'est déjà émancipé de sa condition de réfugié et se définit comme un étudiant. Il maîtrise la langue et son cercle social comprend des Anglais comme des Arabes. Ses études et son succès social (par rapport à sa position initiale de vagabond) lui permettent d'envisager une position sociale élevée. Il peut se voir occuper un emploi qualifié, et augmenter par là le volume de ses capitaux, et par là grimper dans la hiérarchie sociale, passant en quelques années de réfugié sans-le-sou à cadre. [...]
[...] Thaer a tout quitté en partant de Syrie et a dû remodeler son identité pour survivre. Il explique avoir dû passer du statut de réfugié à celui d'étudiant. Avant de partir de Syrie, il était repoussé par les images des camps de réfugiés, avant de lui-même en devenir un. Il garde un souvenir très fort de Calais, qui lui rappelle ce qu'il a enduré pour arriver là où il est, avec la nostalgie d'amis perdus de vue. Thaer ne souhaite pas revenir en Syrie tant que la situation ne sera pas apaisée. [...]
[...] Il y a donc bien ici une stratégie d'ascension. Thaer s'insère dans la société anglais par les études et le travail. Il a clairement une stratégie d'ascension, puisqu'il déclare ne pas vouloir garder le même emploi aux conditions très difficiles (horaires, climat, maladie) pour occuper un emploi plus stable et rémunérateur après sa diplomation. Il dit explicitement n'être pas venu en Grande-Bretagne pour vivre moins bien qu'en Syrie. Comment leur position sociale (telle que caractérisée à la question permet-elle d'expliquer leurs stratégies respectives ? [...]
[...] On voit que ces trois formes de capital sont en interaction. Thaer a acquis des capitaux plus importants et surtout plus solides et durables que Youssef, dont les capitaux ne se sont en fait pas accrus depuis son arrivée sur le sol britannique. les traits de leur habitus Youssef et Thaer ont un habitus assez différencié. Youssef vit dans la communauté. Dans Arab Street, il se considère comme dans son pays d'origine. Il se comporte de manière joviale avec tous les autres Arabes, qui sont les seules personnes qu'il côtoie, comme au sein d'une grande famille. [...]
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