Il s'agit d'un exposé de grande qualité en philosophie ayant pour objet d'étude l'éthique et les limites, l'espace-temps des jugements éthiques.
Ce document clair, exhaustif et très bien structuré s'avèrera fort utile pour de nombreux(ses) étudiant(e)s en philosophie, psychologie, médecine, science politique, IEP, etc.
Nous procéderons en deux temps : dans un premier temps, nous considérerons la question de l'avortement ; dans un second, celle de l'euthanasie. D'une certaine façon, ce découpage, déjà, fait problème puisqu'il suggère une distinction entre, d'une part, les embryons et les fœtus, d'autre part, ceux qu'on pourrait appeler les autres êtres humains. Avec la difficulté de savoir s'il faut compter les embryons et les fœtus parmi les êtres humains ou à partir de quel moment il le faut ou ils le sont – ce qui n'est pas nécessairement d'ailleurs la même question –.
Voici le plan simplifié :
Introduction.
I. Embryons et fœtus.
- Position du problème.
II. Regardons d'abord l'argument de ceux qui sont absolument hostiles à l'avortement.
III. Reconnaissons tout de suite qu'il existe bien d'autres arguments en faveur de l'avortement que nous n'avons pas le temps de développer. Je ne fais que les esquisser.
IV. Je puis reprendre le fil de l'argumentation que je suivais pour résoudre une antinomie, celle qui sépare les partisans des opposants de l'avortement.
V. Reste la question que nous avons laissée pendante de la vie potentielle.
A. De l'avortement à l'infanticide.
B. Un problème difficile à poser
C. Comment justifier l'euthanasie non-volontaire, quand elle touche les nouveaux-nés ?
D. Passons aux autres cas de décisions non-volontaires de vie et de mort.
E. Comment justifier l'euthanasie volontaire ?
Conclusion.
[...] Des cas, très voisins pourtant, ne donnent pas toujours lieu à des décisions comparables. Dès qu'une loi donne des dates concernant ce qu'il est possible d'opérer, en ce domaine, sur un individu, celles-ci paraissent immédiatement arbitraires et contestables ; certes parce que les recherches les rendront telles, mais aussi à l'instant même où on les énonce : par exemple, depuis le Human Fertilisation and Embryology Act, par lequel la loi britannique autorisait en 1990 les recherches sur l'embryon humain avant le 14[e] jour, personne n'a été en mesure de prouver qu'il existe une quelconque différence entre un embryon âgé de treize jours, vingt-trois heures et cinquante-huit minutes et le même embryon deux minutes plus tard. [...]
[...] Peut-être ; encore que cela relève d'un bel optimisme. Il se pourrait que le nazisme ne fût pas un accident tragique, une sorte de faux-pas horrible de l'histoire, mais que les dieux irrationnels aient exigé leur rasade de sang, comme ils la demandent et la prennent à intervalles réguliers, pour ainsi dire un peu partout dans le monde. Si impossible fût-il à penser rationnellement, on s'aperçoit qu'il a correspondu à un besoin, un horrible besoin. Dès lors, on peut comprendre la prudence du législateur à ne pas précipiter les choses en matière d'euthanasie et celle d'un éthicien comme John Lorber que Singer prend le parti de réfuter. [...]
[...] L'argument est assez faible puisque, précisément, il s'agit de savoir si l'avortement ne fait pas une victime. Le point se trouve tranché ici sans véritablement être posé : ceux qui font les lois, directement ou par délégation, ne tiennent aucun compte de ceux qui n'ont pas le moyen de faire valoir leur droit ou leur point de vue. On pourrait imaginer que le législateur le plus accompli tienne précisément compte de celui qui ne peut pas faire la loi à sa place. [...]
[...] Mais peut-on choisir de façon autonome de mourir ? Y at-il encore autonomie quand on choisit la fin de la production par soi-même de toute valeur ? Je laisse aujourd'hui la question ouverte. Certes, les quatre points que nous venons de soulever font problème mais ils n'empêchent pas de façon décisive le droit de choisir volontairement sa mort avec une assistance médicale. Au niveau très empirique où se situe l'utilitarisme, on peut dire que les raisons qui ordinairement nous poussaient à vivre se renversent lorsque la souffrance se fait intense et deviennent des raisons de mourir. [...]
[...] Avec la difficulté de savoir s'il faut compter les embryons et les fœtus parmi les êtres humains ou à partir de quel moment il le faut ou ils le sont - ce qui n'est pas nécessairement d'ailleurs la même question-. I. Embryons et fœtus . Position du problème. Il est peu de jugements éthiques qui aient donné lieu à autant de conflits que l'avortement. Le pendule a constamment oscillé d'un côté et de l'autre, et on a l'impression que l'échange d'arguments n'a jamais été décisif ; que le problème certes se déplace, au fur et à mesure du savoir-faire des médecins et des techniques médicales, mais qu'il n'a jamais été résolu. [...]
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