Langue française, Congo, écrivains francophones africains, Assia Djebar, Kateb Yacine, Sony Labou Tansi, Léopold Sédar Senghor, Mohamed Mbougar Sarr, La plus Secrète, Mémoire des hommes, littérature française, langue de scolarisation, Le Poète comme un boxeur, langue algérienne, langue arabe, liberté, culture française, double rejet, postface d'Ethiopiques, recherche d'identité, passeur culturel, métissage linguistique, multinationalisme, revendication
Afin de comprendre la relation qu'entretiennent les écrivains francophones africains à la langue française, langue de l'autre, nous nous intéresserons à quatre auteurs : Assia Djebar, Kateb Yacine, Sony Labou Tansi et Léopold Sédar Senghor. Nous ne prétendrons pas répondre du rapport des écrivains francophones africains à la langue française en général, puisque les auteurs de notre corpus ne couvrent qu'une partie de la francophonie africaine, mais plutôt des particularités propres à chacun. C'est pourquoi nous avons fait le choix d'intégrer à notre corpus deux écrivains algériens, mais de sexe différent. Ils apportent tous deux une vision différente sur un même pays et une même culture, mais à travers une vision bien différente.
[...] Pour Labou Tansi, Sédar Senghor et Assia Djebar, la rupture entre les langues régionales de leur enfance et la langue française est assez clivée. Sur ce point, Kateb Yacine se distingue puisque, pour lui, langue arabe littéraire et langue française se nourrissent mutuellement. C'est probablement pour cette raison que, dans la deuxième partie de sa production littéraire, à partir de sa pièce de théâtre intitulée Mohamed prend ta valise, il choisira d'écrire en arabe dialectal, sorte de compromis entre le français et l'arabe littéraire. [...]
[...] L'écriture est une intention de parole, une langue est tout le contraire » (p.84). Il ne prétend pas, cependant, rendre compte, dans son écriture du métissage propre à son pays, mais du métissage collectif, caractéristique du monde entier, à travers son métissage individuel. Il considère donc que le métissage est inévitable et que son écriture ne peut qu'en rendre compte. Chez Assia Djebar, ce métissage, si particulier aux écrivains francophones, est le résultat d'une rencontre : « Ma francophonie d'écriture est le résultat de cette rencontre bipartite, mon français - de l'école, celui de mon père, de ma liberté acquise au-delà de la puberté et par ma formation individuelle - , ce français écrit qui aurait pu s'éloigner peu à peu de mes racines, de ma communauté féminine d'origine, s'est trouvé au contraire, au cours de ces années d'apparent silence, propulsé, remis en mouvement (d'un mouvement secret, intérieur), dynamisé dans l'espace, grâce justement à cette résonance de mon écoute orale des femmes, dans les montagnes du Chenoua, au cours des années et 77 » (p.39) La question du métissage dans son écriture se fait le résultat d'un processus mû, paradoxalement, par des « années d'apparent silence ». [...]
[...] Accepter et aimer la différence garantit l'enrichissement. Je défends la différence comme le droit le plus sacré de l'humanité » (p. 84). Il considère que la différence est ce qui garantit l'harmonie de l'humanité. C'est pour cela qu'il faut « démentir l'idée que la francophonie appartient à la France [ . car [ . ] la France n'a plus rien à dire, qu'elle se taise devant la majorité que nous sommes » (p. 172). La francophonie, si elle a été initiée par la France, ne lui appartient plus désormais. [...]
[...] je prends conscience de mon choix définitif d'une écriture francophone qui est, pour moi alors, la seule de nécessité : celle où l'espace en français de ma langue d'écrivain n'exclut pas les autres langues maternelles que je porte en moi, sans les écrire » (p.39) Chez elle, le français est un outil dans lequel se fond parfaitement sa pensée. Sa langue française devient porteuse de ses langues maternelles, où elles peuvent s'exprimer en filigrane. En revanche, Sédar Senghar adopte une approche différente. [...]
[...] Points, mars 2020 Œuvres secondaires BOURKHIS Ridha (dir.), Langue française, écrivains francophones, Actes du colloque international (2019, 14/15/16 novembre), Université de Sousse, Tunisie, éd. L'Harmattan De BROUGLIE Gabriel, « Senghor, ou la nécessité de la langue française », discours prononcé en hommage à Léopold Sédar Senghor, séance publique du 5 mars 2002, Académie des sciences morales et politiques - http://www.asmp.fr (site consulté le 11/12/2021) GARBIT Philippe, « Kateb Yacine : « Grâce à la langue française, j'ai été pris d'une sorte de passion de la poésie » », in « Les nuits de France Culture » (podcast), France Culture, Kateb Yacine et Jean-Marie Serreau (intervenants), 12/06/2016 (écouté le 03/12/2021) GAUVIN Lise, L'écrivain francophone à la croisée des langues, Paris, éd. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture