A l'école, tu bosses, tu réussis ? - Leila Frouillou et Romuald Bodin (2019) - La méritocratie fonctionne-t-elle ?

Thèmes abordés

A l'école tu bosses tu réussis, Leila Frouillou, Romuald Bodin, méritocratie, insertion professionnelle, classe populaire, classe bourgeoise, habitus, réussite scolaire, acquis culturels, précarité, devoirs scolaires, filières prestigieuses, Pierre Bourdieu, Parcoursup, inégalités sociales

Résumé du document

La réussite dans la vie est une finalité à laquelle tous les individus aspirent. Pour l'atteindre, l'école puis l'insertion professionnelle sont le meilleur moyen. Cependant, pour accéder à ce résultat, il faut se départir des croyances qui entretiennent l'illusion selon laquelle la réussite ne dépendrait que des efforts fournis, éludant ainsi l'influence d'autres facteurs. C'est d'ailleurs à cette réflexion que nous invite l'article de Leila Frouillou et Romuald Bodin : "A l'école, tu bosses, tu réussis ?" In Fondation Copernic, Manuel indocile de sciences sociales.

Extraits

[...] - Leila Frouillou et Romuald Bodin (2019) - La méritocratie fonctionne-t-elle ? La réussite dans la vie est une finalité à laquelle tous les individus aspirent. Pour l'atteindre, l'école puis l'insertion professionnelle sont le meilleur moyen. Cependant, pour accéder à ce résultat, il faut se départir des croyances qui entretiennent l'illusion selon laquelle la réussite ne dépendrait que des efforts fournis, éludant ainsi l'influence d'autres facteurs. C'est d'ailleurs à cette réflexion que nous invite l'article de Leila Frouillou et Romuald Bodin : A l'école, tu bosses, tu réussis ? [...]

[...] Il est crucial pour apprécier cette valeur en rapport au travail, de mettre en évidence, premièrement, l'influence qu'ont les habitus des différentes classes dans la quête de la réussite scolaire et, ensuite, la carence manifeste d'équité des systèmes d'orientation scolaire et d'insertion professionnelle. Influence des habitus dans la réussite ou l'échec scolaire Les acquis culturels constituent un facteur déterminant à deux poids deux mesures dans la réussite scolaire Ce qu'il faut savoir c'est que les groupes sociaux n'ont pas le même éloignement ou la même proximité culturelle vis-à-vis des exigences scolaires. [...]

[...] Plus la distance sociale entre les deux est grande, plus la relation se charge soit d'appréhensions sulfureuses mutuelles si l'élève provient des classes populaires et c'est le rejet, l'intolérance et la peur qui prévaut ; soit à l'inverse, d'assentiments bienveillants en réponse aux clichés comportementaux connus des enfants issues de la bourgeoisie. L'école classe et oriente les élèves suivant d'autres critères que le travail fourni. Il a été établi par Bourdieu que la sélection aux concours des meilleures écoles est effectuée par les jurys, via des critères correspondants à des acquis culturels, en congruence avec les habitus des classes aisées. Tandis que, d'une manière symétrique, du côté de l'éducation spécialisée, ce sont des parcours scolaires atypiques qui sont valorisés. [...]

[...] La précarité et l'instabilité professionnelles, économiques et affectives des classes populaires ne leur permettent pas de disposer eux aussi d'un environnement et d'un accompagnement propices aux exigences des devoirs scolaires Il faut noter le fait que les universités et les institutions abritant les filières dites porteuses soient généralement localisées loin des classes populaires, constitue un obstacle supplémentaire à la productivité du travail scolaire par rapport à la réussite, du fait des contraintes de temps, de financement, de transport et de logement liées à l'accès. Mais aussi, parce que ces établissements épousent les caractéristiques sociales des classes aisées où elles sont implantées. [...]

[...] En effet, le choix d'une voie professionnel est déterminé par les familles en fonction de ce qu'elles estiment accessible. Par conséquent, contrairement aux enfants de cadres, très peu d'enfants d'ouvriers choisissent de s'orienter vers des filières scientifiques et fondamentales ou vers des écoles de commerce et d'ingénieurs pour se retrouver en majorité, dans des cycles de BTS ou de DUT, par ailleurs bornés par un plafond de verre matérialisé par la licence, à la recherche d'un emploi synonyme de promotion sociale. [...]