Quelle place la ville offre-t-elle à la mort ? Quelle est la part de déni et quelle est la part d'acceptation de la mort dans la ville ?
Nous nous pencherons sur la signification de l'évolution des mœurs, en soulignant l'influence qu'elles exercent sur les décisions urbanistiques mortuaires, en nous tournant principalement vers la question de l'aménagement des cimetières. Nous tenterons de nous appuyer plus particulièrement sur le cas parisien.
Dans une première partie, nous retracerons l'histoire de la place de la mort dans la ville, en distinguant l'augmentation de la sensibilité et de l'individualisation depuis la fin du 18ème siècle, telle que l'a vue Philippe Ariès. Dans une seconde partie, nous nous interrogerons sur le prolongement de ce processus aujourd'hui en essayant de dégager les formes par lesquelles il se voit dans les mœurs et les pratiques urbanistiques mortuaires contemporaines, afin de nous questionner sur les changements relatifs à la place de la mort dans la ville...
[...] Louis-Vincent Thomas, page 88. Jean-Didier Urbain, L'archipel des morts, cité dans la bibliographie, page 139. Jean-Didier Urbain, page 164. Jean-Didier Urbain, page 148. [...]
[...] Le mort est sacré, il fait peur. Les superstitions liant le cimetière, la peste et le diable, expliquent pourquoi on a hésité avant de déménager le cimetière hors de la ville et d'appliquer les premières mesures hygiéniques de désinfection. Il faut attendre le 18ème siècle pour se diriger peu à peu vers la volonté d'accorder davantage de soin aux sépultures. En 1737, alerté par la putréfaction des églises, le parlement de Paris exige une enquête sur les cimetières. On se met alors à mettre en cause la présence de tombeaux à proximité, ou à l'intérieur des églises, et à se questionner sur la création de cimetières hors de la ville, sur le mode des peuples de l'Antiquité. [...]
[...] Le recours croissant à la crémation Commençons avec l'augmentation de la crémation dont nous parlions déjà précédemment. Ainsi, plus un lieu est urbanisé, plus le mode de l'incinération connaît le succès. Nous opposons volontiers cette pratique à l'inhumation, symbolisant un attachement à la terre et une obstination à l'enracinement. Dans l'inhumation, il s'agit, dans une entreprise conservatrice de ne pas lâcher prise, de laisser à tout prix son empreinte dans la ville, de s'imposer aux vivants, de prendre leur oxygène et leur espace vert, comme soulevé plus haut. [...]
[...] L'auteur avait ainsi dressé deux constations : le columbarium permet de loger beaucoup plus de morts, d'économiser le sol, là où par ailleurs il faut réserver de plus en plus dans les villes de la place aux vivants. D'où la conclusion que la propagande crématiste ( ) a de sérieuses chances d'être entendue à la fois par l'opinion et par les pouvoirs publics Louis-Vincent Thomas, Rites de mort, cité dans la bibliographie, page 42. Juliette Pernet et Martine Tabeaud, Les cimetières paysagers cité dans la bibliographie, page 37. Juliette Pernet et Martine Tabeaud, Les cimetières paysagers page 42/43. [...]
[...] Ainsi en était-on arrivé en 1804 au petit nombre de 13 tombes seulement. Il a donc fallu faire une campagne attractive, de la publicité perspective dans laquelle furent transférées en 1817 les dépouilles de Molière ou encore de La Fontaine. Après cette date, les chiffres ne tardèrent pas à augmenter de façon impressionnante. Selon Daniel Ligou, Paris sera suivi par Rouen en 1899, puis Reims en 1903, Marseille en 1907, Lyon en 1914, Strasbourg en 1922 et Toulouse en 1972. En 1988, la crémation au Japon touche ainsi 96% des décès. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture