Les suicides dans la population des personnes de 60 ans et plus représentent 30 % du total des suicides. En France, le suicide des personnes âgées (essentiellement des hommes âgés de plus de 75 ans) arrive en première place par ordre de fréquence selon l'âge. Le sociologue français E. DURKHEIM (1897) notait déjà, à la fin du XIXème Siècle, que les taux de suicide progressaient avec l'avancée en âge. Si les suicides augmentent avec l'âge, c'est parce qu'ils sont souvent réussis, notamment par les hommes. (...)
[...] - 22 - Cette nécessité d'accepter la représentation de sa propre mort prochaine s'impose de façon de plus en plus forte au fil de l'avance en âge. La personne âgée doit donc s'engager dans ce travail du vieillir, travail difficile et douloureux. Selon PÉDINIELLI et al. (1985), c'est dans les ratés du travail du vieillir qu'il faut rechercher les conditions possibles à l'acte suicidaire. Chacune des étapes qui constituent le travail du vieillissement peut être mis en échec, soit par l'âge lui-même, à qui certains renoncements semblent impossibles, soit par la défaillance de l'entourage qui rend trop difficile certains renoncements. [...]
[...] Le développement d'une psychiatrie de la personne âgée Le psychiatre J.C. MONTFORT (2001) déplore que la psychiatrie de la personne âgée et de la personne très âgée n'existe pas, alors que la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent existe depuis 34 ans (1972). Il s'interroge sur le lien à établir entre le record de mortalité par suicide en France chez l'homme âgé et cette absence. Selon l'auteur, si le taux de suicide peut être considéré comme un bon marqueur de la qualité des soins en psychiatrie, il faudrait en déduire que la qualité des soins psychiatriques délivrés aux personnes âgées est médiocre, voire absente. [...]
[...] La dépression constitue un important facteur de risque suicidaire chez les personnes âgées. De ce point de vue, la fréquence de la dépression chez les sujets âgés peut expliquer la prévalence du suicide dans ce même groupe. Ainsi des gestes suicidaires de la personne âgée surviendraient dans un contexte de pathologie dépressive (De LÉO et al., 2001). La littérature scientifique sur le suicide des personnes âgées rapporte que 60 à des aînés qui se suicident souffraient de dépression chronique (BOYER, 1999). [...]
[...] Par contre, les personnes de 75 ans et plus semblent mieux protégées aujourd'hui par le mariage que dans le passé. Cependant, avec le déclin de la cohabitation entre générations, la proportion des 75 ans et plus vivant seuls s'accroît. La qualité du réseau relationnel que l'on a constitué au sein de sa famille et à l'extérieur qui est important pour l'avenir. Sa défaillance entraîne un isolement ou un sentiment de solitude, qui sont deux éléments que l'on retrouve souvent dans la dynamique de l'acte suicidaire. [...]
[...] NOËL (1982) indique que le taux de suicide parmi les veufs est trois fois plus élevé lorsqu'ils vivent seuls que lorsqu'ils vivent entouré. L'absence de descendance constitue également une situation à risque par l'absence d'un étai familial, ce que DURKHEIM nommait le coefficient familial de préservation (BOULETet al., 1982). - 29 - Le mariage est un facteur de protection contre le suicide. DURKHEIM (1997) avait déjà insisté sur le rôle protecteur de la famille, notamment du groupe parents-enfants. Plus que le couple conjugal, c'est la densité de la famille (déterminée par le nombre d'enfants) qui offre ce caractère protecteur. [...]
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