L'action collective ou la question des mobilisations : pas facile de délimiter cette catégorie et ce qu'elle contient. Parmi toutes les activités sociales qualifiées de politiques, il reste à savoir lesquelles on peut vraiment caractériser comme des formes d'actions collectives. Peut-on envisager une action qui ne soit pas collective car toute action s'intègre dans des formes collectives d'organisations et de représentations. Durkheim montre comment chaque acte est éminemment collectif, même le suicide. Relation ambigüe entre le collectif et l'individuel. D'autant plus qu'on parle ici d'actions politiques qui ont un retentissement et une visée politique, sans pour autant que l'on puisse clairement faire le distinguo entre politique, social ou autre. Ainsi, l'idée d'action collective pose d'entrée un problème théorique et conceptuel. Ce qu'on peut retenir c'est la définition que donne Max Weber de la politique : la politique est l'ensemble des activités sociales qui ont pour objet « de participer au pouvoir ou d'influencer la répartition du pouvoir soit entre les États soit entre les divers groupes à l'intérieur d'un même État ». De manière traditionnelle, on oppose ce qui s'apparente à une mobilisation qui aurait donc un caractère à la fois ponctuel et mouvant, et ce qui serait, sans de terme précis, stable ou durable, à caractère immobile. Opposition implicite entre le mobile et le figé, la manifestation et l'institution. Oppose de la même manière ce qui est conjoncturel, qui n'a pas de forme institutionnelle, qui ne semble parfois même pas être organisé et qui serait discontinu, à ce qui est structurel et institutionnalisé, organisé et continu dans le temps. La mobilisation est donc ce qui est mobile et en mouvant, tout ce qui s'apparente au mouvement, au fait de se déplacer (comme marcher dans la rue. De manière plus implicite, la mobilisation semble opposer ce qui relèverait du social à ce qui relèverait du politique, et donc opposition implicite entre manifestation et vote, pensés comme deux choses distinctes voir opposées. On aurait donc d'un côté ce qui appartient au monde et à l'ordre social (ou à son désordre), et ce qui appartient au monde politique. En allant encore plus loin dans l'inconscient, on aurait ce qui est en bas du côté de l'agitation et du peuple, et ce qui est en haut, du côté des institutions et de l'ordre politique.
[...] Comme le souligne Favre, ce rapport de représentation entre un groupe social absent et un groupe manifestant présent, constitue un des problèmes centraux pour l'interprétation du sens et des effets de l'action manifestante. Avant la manifestation, les organisateurs quels qu'ils soient doivent déclarer la manifestation auprès de la préfecture. Déclaration oblige juridiquement les organisateurs en ce qu'ils doivent déclarer disposer des moyens propres à assurer le caractère pacifique de la manifestation En aval, les destinataires de la manifestation, ceux sur lesquels on veut produire un effet politique, faire pression. [...]
[...] Double aspect : représentation par les manifestants d'eux-mêmes, et du côté de la représentation par les journalistes. Du côté des manifestants et de la représentation qu'ils entendent donner du groupe qu'ils prétendent représenter physiquement : tout groupe produit à travers la manifestation une image publique de lui-même, tous les organisateurs de toute manifestation visent à produire une image, à mettre en œuvre des stratégies de présentation de soi, plus ou moins complexes et explicites, des stratégies qui visent à produire un effet sur le public. [...]
[...] Or bien souvent en mobilisant un groupe, ces organisations contribuent à façonner le groupe ; à lui donner une réalité symbolique qui ne précède pas nécessairement cette phase de mobilisation et de représentation. Si elle ne crée par le groupe, elle le renforce. Section 1 : La mise en forme et la mise en mouvement des groupes sociaux. Présupposé commun à beaucoup de travaux sur les mobilisations que les groupes sociaux préexistent à leur représentation, à leur mise en discours par des partis, des syndicats, des associations ou autres groupes d'intérêts. [...]
[...] C'est à partir du moment où il existe, au moins en partie, une autonomie entre les champs, on assiste à une médiation des intérêts économiques et plus généralement de tous les intérêts sociaux. Beard décrit un état relativement peu autonome du champ politique par rapport aux intérêts économiques et dans lequel en réalité tous les intérêts des élites se confondent. Georges Washington est à la fois l'homme le plus riche du pays, la personnalité la plus importante et enfin le chef militaire de plus grande importante : il est donc à la tête de trois univers qui ne sont pas complètement fondus les uns dans les autres. [...]
[...] Les luttes autour de la construction du sens sont essentielles et fondamentales. La dynamique endogène de la mobilisation. Le travail de construction sociale nous indique que rien n'est joué à l'avance, et que ce qui se joue dans la mobilisation est fondamental à une dynamique propre, et qu'une mobilisation se joue tout autant, sinon plus, dans cette dynamique que dans les conditions structurelles et initiales de la mobilisation. Les mobilisations se produisent dans des situations généralement conflictuelles, et confrontent donc des groupes opposés, des organisations représentatives (syndicats, partis, associations de la société civile) et des institutions d'État (police, armée, gouvernement, collectivité territoriale, etc). [...]
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