La ville est un espace de médiation : elle relie tout en maintenant la distance. Elle favorise la communication en forgeant un cadre symbolique commun.
L'espace public représente, dans nos sociétés, l'ensemble des espaces de passages et de rassemblements qui sont à l'usage de tous, soit qu'ils n'appartiennent à personne, soit qu'il relève du domaine public. Il favorise l'interaction car il est à la fois un facteur d'homogénéisation et de différenciation sociale.
Les espaces publics urbains sont des territoires collectifs de forme, de style et de taille variable, sans 'possesseur' unique, en principe ouverts à tous les membres de la société, caractérisés à la fois par une grande variété de pratiques et par la présence d'un grand nombre d'usagers. Ainsi peut-il s'agir d'espaces physiques aussi différents que des rues, des places, des cimetières, des parcs et des jardins publics, des couloirs et des stations de métro, des abris de bus, des terrains vagues urbains, etc.
Dans le livre de Jeanne Brody, qui s'intitule « La rue » (cf. bibliographie), elle explique les figures multiples de la rue et elle écrit notamment :
« Elle est dans tous les sens du terme une voie de communication : un lieu de trafics en tout genres, de commerces, de relations sociales, de relations de production, de production elle-même parfois, y compris de l'espace – espace public mais aussi espace privé. Là où l'on commerce est aussi là où l'on communique. Un élément fondamental de la ville, donc, et surtout fondateur. »
Il faut également noté que les utilisateurs de ces différents lieux publics doivent, par ailleurs, se plier à différentes normes d'usage de ce lieu pour y être tolérés. Autrement dit, il faut savoir qu'il existe des règles de comportement qui permettent d'identifier les conduites comme adéquates à un lieu donné: le silence et le recueillement à l'église, les paroles chuchotées ou l'interdiction de toucher aux objets dans les musées, etc. Qu'il s'agisse d'un espace intérieur, privé ou public sur le plan légal, la maîtrise d'un savoir en tant que préalable à son usage constitue une source de limitation de son caractère 'public'. Le restaurant gastronomique est un lieu privé accessible à un public spécifique, qui non seulement remplit des conditions économiques données, qui a des manières de table jugées adéquates, mais aussi qui montre qu'il a assimilé certaines conventions en matière de goût et de la définition du 'bien manger'. Ce qui nous parait simplement vide ou esthétique a nos yeux renfermerait donc tout un ensemble de symboliques, d'échanges qu'ils soient culturels, sociaux ou autres et d'enjeux.
La place publique plus précisément a toujours occupé un rôle central dans nos sociétés. Lieu de communication et de socialisation, elle tire son origine des agoras grecques et des forums romains de l'Antiquité. Au Moyen Âge, les marchés publics et les grandes places devant les cathédrales ont longtemps été les endroits où l'on s'informait, où la justice s'exerçait et où les bardes et autres amuseurs publics divertissaient la foule. La place ou encore la simple rue, exemples de lieux publics sont donc des éléments importants qui composent une ville.
La place joue un rôle fédérateur et identitaire pour les habitants qu'elle soit identifiée comme place de village ou place d'une grande agglomération. Elle est le pilier de la vie urbaine et le témoin de la vie quotidienne. Elle devient le support des commerces de proximité, des bâtiments administratifs ou politiques, des institutions, de tout ce dont est composée une ville.
Dans l'ouvrage de Michel Bassand, d'Aude Compagnon, Dominique Joyé et Véronique Stein intitulé « Vivre et créer l'espace public », le chapitre 2 intitulé « La dynamique des espaces publics » propose une définition de ces espaces publics et donc par conséquence de la place publique ainsi qu'une analyse des différents enjeux de ceux-ci.
Ainsi, comme point de départ de mon sujet, les auteurs proposent une définition de la place publique en tant que territoire, en tant qu'espace public comme objet matériel. En effet, deux critères toujours combinés sont utilisés pour définir ce territoire : d'une part, il est libre de constructions, il n'a donc pas fait l'objet d'une appropriation par un seul acteur ; d'autre part, il permet la rencontre de tous les acteurs urbains et leur accès à tous les lieux de la métropole. De plus, celui-ci est régi par le droit public. A noter également que ces deux critères sont interdépendants. Définition faite, les auteurs distinguent quatre enjeux interdépendants, mais spécifiques :
• L'enjeu de mobilité, qui implique l'accessibilité à tout l'urbain à tous les citadins. D'après les recherches urbaines, les caractéristiques les plus importantes du citadin contemporain seraient sa mobilité. Ici, les auteurs parlent essentiellement des transports publics, considérés comme espaces publics. Pour ma part, je me contenterai de m'axer sur la mobilité de la place même, notamment comme un espace de sociabilité.
• L'enjeu des usages civils, festifs, culturels et commerciaux. Quelles sont les dynamiques spécifiques aux espaces publics? Il est alors intéressant d'observer les activités des terrasses de café et restaurants, des marchés, les animations culturelles et festives (fêtes religieuses, manifestations sportives, concerts,…) mais également les manifestations sociales et civiques (défilés patriotiques et/ou protestataires,…).
• L'enjeu d'identité. Par ce concept, les auteurs entendent l'image de soi qu'un acteur s'efforce de construire par rapport à autrui. Cet effort vise, toujours d'après eux, à la construction d'une identité aussi positive que possible. Les collectivités du monde entier cherchent à se construire, dans les rivalités parfois très vives, une identité qui les distingue les unes des autres et surtout qui les rende attractives. Se rendre compte du symbole que peut représenter une place publique pour une ville.
• L'enjeu de sociabilité qui signifie que tous les citadins peuvent selon des modalités diverses, rencontrer tous les autres citadins. Les auteurs parlent de « sociabilité intense ». Voila un point qui m'intéresse particulièrement. Observer et relever les formes infimes de cette sociabilité : regards, côtoiement, échanges de salutations, d'excuses, demandes de renseignements et d'informations, etc. je perçois les places sociales comme « un nid de formes de sociabilités ».
C'est donc, ici, ce dernier point qui m'a intéressé dans l'élaboration de ce travail. Ce mémoire mettant un terme à cette année de Licence de Sociologie j'ai choisi d'aborder le thème de la sociabilité car j'ai toujours apprécié le courant sociologique de l'interactionnisme, et notamment les auteurs tels qu'Erving Goffman ou Pierre Bourdieu.
Je me suis donc intéressé aux places publiques, et plus particulièrement aux différentes interactions qui donnent lieu à des échanges de sociabilité, en me posant la question de l'origine de celles-ci ? D'où vient cette sociabilité ? Et en quoi, comment, peut on parler de la place comme d'un espace sociable, de sociabilité ? Dans ces questions, on peut remarquer qu'il y a une multitudes de fonctions qui vont entrer en compte ; échanges sociaux et culturels, fonction d'identité, usages que l'on peut en faire, mobilité sociale,… tout cela en s'appuyant sur diverses domaines telles que la sociologie bien sur, mais également l'histoire et l'architecture par exemple. J'entends par fonction le rôle joué par un élément, qu'est la place publique, compris dans un ensemble qu'est la société.
Mon étude portera donc sur différentes places ainsi que sur ses acteurs. J'entends par « acteurs » l'individu, le groupe ou encore l'organisation qui initie une action et qui a des effets directs ou indirects sur son entourage et son environnement. Ici, se sera donc tous les citadins qui fréquentent cette place publique que ce soit pour des raisons professionnelles (gérant de café, etc.), politiques, ou encore le simple passant.
Une première partie sera donc consacrée au rapport place publique et espace de sociabilité d'un point de vue historique pour comprendre quelle est l'origine de ce rapport, et comment il a été interprété par les différents acteurs. Puis, dans une seconde partie, nous verrons quels sont les différents investigateurs des phénomènes de sociabilité.
[...] - Bassand Michel, Compagnon Anne, Joyé Dominique, Stein Véronique et avec la participation de Guller Petter (2001), Vivre et créer l'espace public, Presses polytechniques et universitaires romandes. - Bertrand, Michel-Jean, (1984), Places (Les) dans la ville : lectures d'un espace public, Paris, Les pratiques de l'espace. - Grafmeyer Y. (1994), Sociologie urbaine, Paris, Nathan. - Ledrut R. (1968), Sociologie urbaine, Paris, PUF. - Tonnies F. (1944), Communauté et société, Paris, PUF. - Brody Jeanne. (2005), La rue, Toulouse, Presse universitaire du Mirail. [...]
[...] Elle est le pilier de la vie urbaine et le témoin de la vie quotidienne. Elle devient le support des commerces de proximité, des bâtiments administratifs ou politiques, des institutions, de tout ce dont est composée une ville. Dans l'ouvrage de Michel Bassand, d'Aude Compagnon, Dominique Joyé et Véronique Stein intitulé Vivre et créer l'espace public le chapitre 2 intitulé La dynamique des espaces publics propose une définition de ces espaces publics et donc par conséquent de la place publique ainsi qu'une analyse des différents enjeux de ceux-ci. [...]
[...] Entretien avec un passant de la place du Capitole Date : Le O5/12/2007 Lieu : La place du Capitole côté rue du Taur Heure de départ : 16h20 Heure de fin : 16h40 Bonjour, je m'appelle Emmanuel et je suis étudiant en sociologie à l'Université de Metz. J'effectue une étude sociologique sur la place du Capitole et je souhaiterais vous poser quelques questions concernant votre perception de ce lieu, la pratique que vous en avez - Pouvez-vous vous présenter ? Bonjour, je m'appelle Karine, j'ai 31ans. Je suis employée de banque et je suis jeune mariée. - Depuis combien de temps habitez-vous Toulouse ? [...]
[...] - Est ce que vous fréquentez souvent les places publiques de Toulouse ? Oui, j'y passe souvent, mais je ne m'y arrête jamais. Je m'y rends surtout la journée pour aller à la fac. Et parfois le soir. On se donne rendez-vous sur la place avec mes amis pour ensuite rejoindre Saint-Pierre. - Donc pour vous c'est surtout un point de rencontre lors de vos sorties ? Oui, car c'est l'endroit que tout le monde connaît, facile d'accès comme il y a le métro juste derrière et en plus c'est une place bien dégagée, on se retrouve facilement. [...]
[...] Quand elle est arrivée, on est allée boire un verre dans un des bars sous les arcades. C'est cher, mais c'est sympa ! On a une belle vue d'ensemble. - Est-ce qu'il t'est arrivé de prendre part aux différents évènements qui ont lieu sur la place (marché, évènement culturel ou commercial, concert gratuit) ? Des évènements officiels du style Téléthon ? Non, j'en ai jamais vu. Par contre, une fois, j'ai vu un mariage. C'était marrant parce qu'il y avait plein de gens qui chantaient et jouaient de la guitare. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture