Dans une modernité qui se revendique de plus en plus de la rationalité, plusieurs régions du social développent cependant des tendances à la sacralisation. La société contemporaine est constituée d'un bon nombre de mythes aux marges du sacré : le mythe de l'individu comme résistance à l'uniformisation, le mythe de la science comme substitut de la révélation ou encore le mythe du travail comme opposition à la rationalisation, vecteur de réalisation personnelle ou encore survivance d'un sentiment de responsabilité sociale. Ces mythes modernes correspondent à des croyances qui se traduisent par des comportements ritualisés et se réfèrent à des objets, des symboles, des conduites ou encore des idées.
Originairement les écoles anthropologiques françaises et anglaises se sont efforcées d'étudier le rite dans sa définition première, religieuse. Dans cette acception le rite se définit comme l'ensemble des cérémonies prescrites dans une religion. La liturgie catholique est par exemple composée de nombreux rites parmi lesquels les sept plus importants s'appellent des sacrements et tous les rites officiels de l'Église ont un rituel publié par le Vatican afin d'en assurer leur uniformité. C'est donc initialement à travers le filtre des religions, tant occidentales que lointaines, qu'il a fallu considérer l'existence et l'impact du champ rituel dans le domaine social.
Avec la sociologie et l'ethnologie des sociétés modernes ainsi que l'extension des terrains d'étude, le rite a révélé des aspects plus profanes, présentant moins d'injonction et parfois moins de collectif. Les interactions triviales des acteurs ont été prises en considération ainsi que les attitudes rituelles qui leurs étaient attachées ce qui a eu pour conséquence directe une tendance à déceler des micro-rituels dans tous les aspects de la vie sociale. Le registre rituel n'est évidemment pas extensible à l'infini mais nous ne pouvons que constater que le rite est universel en posant comme préalable le fort besoin de symbolisation des sociétés.
[...] Rituels du monde de l'entreprise exemple susceptible d'être utilisé. Ce cas de figure est apparu au mois de février 2007 au sein de l'équipe finance, le départ de l'un des consultants avait créé un espace inoccupé entre le manager de cette même équipe et un autre consultant. Les jours qui suivirent, le consultant commença à disposer subrepticement quelques-uns de ses objets personnels au-delà de la frontière que constituait l'extrémité gauche de son bureau. Quelques jours après, le manager de l'équipe avait mis fin à ces manœuvres en entassant toutes les archives de l'équipe bien plus loin que l'extrémité droite de son propre bureau, étendant ainsi son espace de manière conséquente. [...]
[...] Les rites de passage sont des actes symboliques constitutifs d'une nouvelle situation. On parle par exemple de rites d'initiation lorsqu'un jeune homme en âge d'accéder au statut d'adulte devra pour cela satisfaire un certain nombre d'exigences telles que l'apprentissage de certains mythes, la résistance à la douleur physique ou encore la survie en milieu hostile. En Afrique par exemple les Péré du Cameroun font subir aux jeunes garçons une coupure de trois jours correspondant aux trois phases du rituel pour représenter le passage vers la maturité . [...]
[...] Les rites sont de précieux repères individuels et collectifs qui ne sauraient être exclus de la modernité sous peine de plonger la société qui est la notre dans une anomie insoutenable et inconsidérée. Rituels du monde de l'entreprise BIBLIOGRAPHIE Ouvrages Argyris Chris et Schon Donald, Organizational Learning, A Theory of Action Perspectives, Addison-Wesley Publishing Co, Reading, Mass Asmelle Jean-Loup, Logiques Métisses. Anthropologie de l'identité en Afrique et ailleurs, Payot, Paris Balandier Georges, Anthropo-logiques, PUF Bernoux Philippe, La sociologie des organisations, Seuil, Paris Bonte Pierre, Michel Izard, Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, PUF, Quadrige Bourdieu Pierre, Les rites d'institution, Seuil, Points-Essais Bouvier Pierre, Le travail au quotidien. [...]
[...] Le rapport à l'étranger est un autre argument qui permet d'appuyer le choix de définir notre approche comme une anthropologie de l'entreprise plutôt que comme une sociologie. Notre société étant fondée sur une solidarité organique l'éclatement de l'organisme social et sa division provoquent des distinctions dans les modes de vie, les 20 Philippe Bernoux, La sociologie des entreprises, Seuil Rituels du monde de l'entreprise pratiques ou les rituels des groupes d'individus, des organisations et des entreprises. Les rapports entre les groupes sociaux sont de plus en plus éloignés du fait de ces différences. [...]
[...] Rituels du monde de l'entreprise technologiques. La culture d'entreprise ne trouve sa force que dans une tradition bien ancrée et suppose donc une construction qui s'inscrit dans la durée. A partir de la définition classique de la culture on peut tenter de caractériser la culture d'entreprise en la désignant comme un ensemble de valeurs, règles, rites, symboles, tabous, signes partagés et mythes qui vont forger l'identité des membres d'une entreprise et leurs pratiques. Elle résulte nécessairement d'une entente négociée entre les différents acteurs souvent issus de milieux différents et entre les salariés et la direction qui tente d'en imposer un schéma type. [...]
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