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On évoque souvent, pour les détenus, à l'entrée en prison, un « choc carcéral ». Mais les proches décrivent également un phénomène similaire à ce « choc », fréquemment assimilable à un état de « sidération »: les proches des détenus sont des victimes secondaires de l'incarcération. L'incarcération impose un mode de vie caractérisé par l'isolement, la promiscuité, l'obligation de se conformer à un règlement qui s'immisce dans l'intimité de chacun et encadre tous les détails de la vie quotidienne. L'isolement réalisé par l'incarcération est double : il recouvre à la fois, la séparation avec la famille, les amis et la coupure avec le passé.
L' « arrivant » est dépossédé de ses anciens rôles : détenu, il ne s'appartient plus, il est destitué de ses identités sociales et est placé sous le pouvoir de l'autorité pénitentiaire. C'est surtout à ce moment-là que se produisent les premières ruptures et que l'angoisse de la solitude est à son paroxysme pour les personnes détenues. L'incarcération perturbe bien entendu les relations affectives dans les familles et entraîne fréquemment des ruptures douloureuses et durables.
Notre enquête portera sur les relations familiales lors d'un placement en Centre pour peines aménagées ; nous verrons donc en trois étapes distinctes les liens familiaux lors de l'épreuve de la séparation, puis lors du placement en prison et enfin lors du placement en Centre de peines aménagées et plus particulièrement celui de Villejuif qui nous a ouvert ses portes. L'idée de cette enquête est née d'un certain intéressement face à l'importante médiatisation de la question de la prison : on voit diverses émissions (« Enquêtes exclusives », « Zone interdite »…) aborder la thématique « Que se passe-t-il derrière les murs de la prison ? » et s'intéresser aux professionnels du monde carcéral (travailleurs sociaux, surveillants…).
Nombreuses sont ces enquêtes qui font un état des lieux circonstancié de la situation carcérale en France, mettant en avant la surpopulation, le manque d'encadrement, le quotidien en cellule des détenus ; mais nous avons pu faire le constat que rares sont les enquêtes qui s'intéressent au maintien des relations familiales : 60 771 personnes sont incarcérées en France et le lien entre une personne emprisonnée et son proche n'est plus forcément le même qu'avant l'incarcération. La prison change forcément la relation que l'on avait avec son conjoint, son père, sa mère.
[...] Celle-ci doit gérer un double mouvement des hommes détenus et de personnes extérieures à l'établissement, les familles, mais aussi leur mise en contact. La sexualité au parloir Les rapports sexuels avec des visiteurs sont interdits en prison : ils constituent, pour le détenu, une faute du deuxième degré et sont susceptibles d'être qualifiés, pour le détenu et le visiteur, d'exhibition sexuelle. Les poursuites pour des comportements indécents au parloir, ne sont officiellement pas comptabilisées. La sexualité au parloir n'est pas soumise à un régime uniforme : indifférence ici, signalée et sanctionnée ailleurs. [...]
[...] Ces pères considèrent que maintenir des liens avec leurs enfants serait égoïste et qu'il est préférable, pour eux, de se faire oublier. Les cadeaux sont une des formes importantes, du côté du détenu, du lien avec l'enfant. Les pères sont souvent inquiets de ne pas voir grandir leurs enfants, d'où certainement l'importance donnée aux photographies. En même temps, les parloirs, moments privilégiés du maintien parental, sont estimés par certains détenus comme pesants pour l'enfant. Beaucoup de détenus préfèrent plutôt que de l'y contraindre et de peur de le bousculer, que leur enfant décide de ses visites. [...]
[...] Les détenus profitent ainsi pour prendre des nouvelles de leur famille et de leurs amis. J'appelle ma femme tous les jours, quitte à exploser mon forfait. J'ai besoin de l'entendre avant d'arriver à mon travail pour bien débuter ma journée savoir comment elle a passé la nuit, si elle a rêvé de moi C'est pareil pour elle, si elle voit qu'à 7h je ne l'ai pas appelé, elle m'appelle de suite Christian ans Certains vont jusqu'à enfreindre le règlement pour avoir plus de rapports avec l'extérieur, notamment avec leur famille. [...]
[...] La séparation avec les enfants est particulièrement difficile lorsque ceux-ci sont en âge et qu'il arrive qu'ils ne reconnaissent plus le parent détenu ou qu'ils reportent l'affection sur la personne qui les garde. Les détenus ont souvent le sentiment que leurs familles, en particulier les enfants, sont davantage punis qu'eux. Les comportements de beaucoup d'enfants donnent à leurs pères le sentiment qu'ils sont les véritables victimes de la prison : ils en souffriraient davantage que leurs parents Les liens familiaux dans le cadre du CPA de Villejuif Pour les hommes du QPA, les trois semaines passées sont axées sur la préparation de leur projet individuel, sur le retour dans la société civile et la prévention de la récidive. [...]
[...] Rudy, âgé de 37 ans, est le frère de Sylvain, ex détenu de la maison d'arrêt de Nanterre pour agression et tentative de meurtre sur son beau- père. Leurs parents ayant divorcés, Rudy est parti vivre chez son père alors que Sylvain reste au côté de sa mère, qui refait sa vie avec un homme. En dépit du divorce, Sylvain est en bon terme avec son père et le voit régulièrement ainsi que son grand frère Rudy. Son beau père battant sa mère, Sylvain réagit et se retrouve en prison. Sylvain a tout le soutien de sa famille notamment de sa mère et de son frère. [...]
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