L'analyse portera sur la transformation de la relation Médecin-Patient. En effet, dans quelle mesure la montée de l'individualisme, intrinsèquement liée à l'entrée de notre société dans la modernité, s'est-elle répercutée au sein d'une institution comme l'hôpital ou ici, plus précisément dans une clinique ?
Si traditionnellement le patient se soumettait inconditionnellement au médecin, qu'en est-il aujourd'hui étant donné l'affirmation de l'individu dans la société, comme un être libre, souverain et rationnel ? Comment cette transformation du rapport de force est-elle vécue par les médecins ? Dans quelle mesure doivent-ils s'adapter aux nouvelles exigences de leurs patients ? En quoi cette remise en question de leur pouvoir constitue-t-elle une véritable crise d'identité pour la profession médicale ? Le patient est-il véritablement capable de décider en matière de santé ? L'accès direct au dossier médical constitue-t-il une réelle avancée en matière de démocratie sanitaire ? L'obligation d'informer les patients ne finirait-elle pas par nuire à la guérison même du patient, en affectant sa combativité psychologique ? Quels dangers sous-tendent cette mutation dans les relations Médecins-Patients ? Suite à la loi du 4 mars 2002 sur les nouveaux droits du patient ne faut-il pas craindre une judiciarisation de la relation Médecin-Malade ? Une dérive procédurière à l'Américaine est-elle envisageable en France ?
Nous tenterons d'aborder l'ensemble de ces questions à partir de deux grandes thématiques...
[...] [Médecin] Les gens sont de plus en plus soucieux de la qualité de l'hôtellerie, c'est un phénomène qui ressort, l'accueil, le confort de l'hôtellerie, la chambre, être seul dans une chambre plus que le soin, parce qu'on a tellement réduit les durées de séjours, le soin paraît tellement facile maintenant, il devient presque accessoire. [Personnel administratif] Selon eux, la médecine est désormais considérée par les patients comme une science exacte, infaillible, toute puissante. Au XXIème siècle la guérison apparaît normale, comme étant la moindre des choses, alors que pour les médecins, elle est le fruit de leur travail complexe. [...]
[...] La culture anglo-saxonne est une culture du contrat tandis que la culture latine est une culture du pacte. Dans ce cadre, la place de l'oral est primordiale et les médecins refusent l'obligation de l'écrit que leur recommande la loi ou des instances comme l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé (ANAES); recommandations qui se résument comme suit : Une bonne habitude professionnelle est de dire ce que l'on fait et d'écrire ce que l'on a dit. Dans cette clinique, les médecins m'ont répondu à l'unanimité qu'ils étaient contre la pratique qui consiste à faire signer des papiers administratifs aux patients avant les interventions. [...]
[...] Jusqu'à présent, à l'hôpital, le dossier médical était considéré comme un outil des professionnels : ces derniers y sont attachés pour leur propre travail de soignants et vivent sa communication comme une dépossession. Si on peut voir un réflexe administratif (de toute institution sur les documents produits par elle) dans cette réticence des professionnels à donner de l'information, il n'en demeure pas moins que pour le cas d'un établissement de soins, être vigilant sur la diffusion des informations, répond à l'impératif du secret médical. C'est pourquoi, contrairement aux patients, les médecins ne perçoivent pas tous dans cette loi une avancée en terme de démocratie sanitaire. [...]
[...] Moi, je parle des complications les plus fréquentes, rarissimes je ne vois pas l'intérêt. Quand je prends l'avion, on me dit qu'on peut se scratcher, on ne me dit pas toutes les pannes moteur qu'il peut y avoir Sinon, on décollerait jamais. Et pourtant, ça me concerne. [Médecin] Cette surinformation n'apparaît possible, aux yeux des médecins, qu'en cas d'intervention de confort, mais en aucun cas pour les interventions courantes. Par contre, quelqu'un qui vient, pour une ligature de trompes, parce qu'elle en a marre de prendre la pilule alors que ce n'est pas vitale pour elle, pour toute intervention dite de confort, là c'est capital d'informer . [...]
[...] La médecine est devenue une médecine préventive où les examens inutiles foisonnent. En France, y a-t-il un risque de dérive comparable à ce qui se passe aux Etats-Unis? Dans la plupart des cas, des poursuites sont engagées si les patients ou leurs familles constatent un manque d'information ou si des questions ont été esquivées. L'information est donc la clef de voûte de la bonne marche du système. Les extraits qui suivent illustrent ce que l'on peut observer couramment : culturellement, la population française est peu procédurière. [...]
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