Art, accès aux femmes, métier artistique, domination masculine historique, sectorisation des tâches, prestige social, Moyen-âge, art féminin, Belgique francophone, mémoire féminine
Marcel Duchamp déclare, dans sa définition de l'art, que celui-ci est « la seule forme d'activité par laquelle l'homme en tant que tel se manifeste comme véritable individu. Par elle seule, il peut dépasser le stade animal, parce que l'art est un débouché sur des régions où ne domine ni le temps, ni l'espace. » L'art serait ainsi une manière pour l'homme de s'affirmer, de se placer au-delà des éléments comme ce qu'il est lui-même. L' « homme » qu'il évoque devrait-il cependant être compris au sens général du terme, comprenant les hommes et les femmes ? (...)
La problématique à laquelle nous tenterons de répondre sera donc la suivante. En quoi l'accès des femmes aux métiers de l'art, ce domaine ayant connu une démocratisation forte parallèle à l'évolution de la société au cours des dernières décennies, s'il est une illustration intéressante de l'engagement féministe dans l'accès à l'égalité hommes/femmes, ne peut-il se targuer que d'avoir partiellement permis l'accès aux femmes aux métiers artistiques, avec des barrières qui restent difficiles à franchir ?
[...] Bien que nous leur ayons posé les mêmes questions, il est assez intéressant de constater que les approches quant à la question des femmes et de l'art diffèrent, entre une vision plus proche de la négation des différences aujourd'hui (Dominique de Munck) et une autre qui relèverait effectivement des différences réelles et loin d'être résorbées à ce jour (Laure Gervais, Sat Gevorkian). Des approches différentes de la thématique hommes/femmes dans l'art Pour Laure Gervais, il existe des différences persistantes entre être un homme ou une femme artiste, qui se manifestent de la création à la réception du produit artistique. Cela s'expliquerait sans doute par le fait que les femmes doivent rendre des comptes aux hommes et justifier leur création par les codes définis par les hommes. [...]
[...] Toujours est-il qu'il est assez probable que des mains féminines aient œuvré à cette réalisation. Egalement au Moyen Age, les religieuses sont très portées sur l'art, notamment en brodant des ornements à fonction religieuse, tels des chasubles, étoffes, ornements d'autels . Finalement, bien que l'anonymat soit le plus souvent la règle pour ces femmes, certaines finiront par se faire connaître, en signant leurs travaux et en se transmettant le savoir de mère en fille, permettant à certaines familles d'acquérir une relative notoriété. [...]
[...] C'était particulièrement vrai hier : pendant longtemps, les femmes étaient tout simplement exclues du milieu de l'art - sauf cas très spécifiques - amenant même à s'interroger sur leur capacité à devenir artistes elles-mêmes - même des amateurs d'arts confirmés pourraient avoir une certaine difficulté à citer le nom d'une femme artiste ayant vécu avant le XXème siècle. Une illustration supplémentaire, sans doute, du rapport de domination homme/femme bien connu et presque intemporel. La très récente ouverture même des Beaux Arts aux femmes n'est-elle pas un exemple concret de cette discrimination qui a longtemps prédominé de part et d'autre de l'occident ? [...]
[...] Très loin de la critique littéraire que l'on pourrait attendre d'un compte rendu d'évènement littéraire « normal », le journaliste a surtout goûté à la saveur d'un évènement inhabituel, surprenant. Peut être aussi parce que le lecteur, masculin lui aussi, sera davantage intéressé de découvrir une bonne opportunité de « baguenauder » que de s'imprégner d'une littérature qui a priori ne vaudrait pas celle qui a fait ses preuves, c'est à dire celle des hommes. Le contraste avec la critique de la Ligue Belge du Droit des Femmes est frappant : celle-ci va à l'inverse constater l'importance informative d'un tel évènement, alors même que les femmes doivent lutter pour leur condition : par exemple, au sein des stands décrivant les opportunités professionnelles auxquelles devraient s'intéresser les femmes - non sans louer cependant « la plus sacrée, la plus essentielle des activités des femmes » . [...]
[...] De fait, si pratiquement plus personne ne voit aujourd'hui la femme comme dénuée d'un génie qui serait propre aux hommes, nous pensons inconsciemment que les femmes présentes dans ces évènements ont su lutter contre les préjugés et les modèles sociétaux et circonstances sociales - ce qui prouve bien que ceux-ci existent encore de nos jours. En fait, nous pourrions également remarquer un autre élément : nombre d'artistes qui ont su moyennement percer - Margaretha Van Eyck, Frances Reynold, Eva Gonzales - en ont été capables tout simplement parce qu'elles ont servi d'assistantes à leurs pères ou frères (préparant les couleurs, nettoyant leurs pinceaux . [...]
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