Quand on pense aux nomades, quand on les idéalise, ce sont tout de suite les touaregs du désert, les Lapons, les Indiens, ou encore les Tsiganes qui nous viennent à l'esprit. Nous les percevons comme étant des peuples libres, détachés de biens matériels, des valeurs des sociétés voisines et casanières, parcourant les terres comme bon leur semble, vivant plus intensément et plus longtemps. Mais paradoxalement ce sont des étrangers, c'est-à-dire des peuples étranges, ils viennent d'ailleurs et n'adoptent pas le même mode de vie des sédentaires, alors ils dérangent.
Vivant également aux dépens de ceux-ci, parcourant les terres que nous habitons, considérés parfois comme des voleurs ou des voyous, on leur attribue tous les petits larcins. De plus, si la diversité des modes de vie et des milieux naturels qu'ils exploitent ne permet pas de considérer les nomades comme un ensemble uniforme, les rapports qu'ils entretiennent avec ces milieux et les principes d'organisation sociale qu'ils utilisent présentent certains aspects semblables. Alors qui sont-ils, comment vivent-ils et d'où viennent-ils ?
On se rend très vite compte que ces peuples sont mal connus, à la fois enviés et détestés, ils sont peu à peu, pour le sédentaire, comme un désir secrètement refoulé. Ils représentent l'envie de liberté qu'il ne peut pas assouvir. Alors, j'ai voulu m'intéresser à ces peuples nomades qu'il faut apprendre à connaître. Ce sont les descendants directs de nos ancêtres (qui étaient tous nomades) mais nous les rejetons, parfois même les obligeons à se sédentariser. Notre manque de connaissances à leur sujet nous amène à vouloir leur imposer notre mode de vie. Et le manque de contrôle que les autorités ont sur eux les pousse à les ficher, à leur imposer des lois inappropriées, pour « régler » les problèmes qu'ils posent aux communes. D'autre part, ce n'est qu'en les comprenant mieux que l'on arrivera à mieux les insérer dans nos sociétés et à mieux les faire participer à la vie de nos communes.
Enfin, parallèlement à cette crise que vivent les nomades de nos régions, on constate l'apparition d'un nouveau mode de nomadisme : que ce soit ces Américains parcourant la route 61 en caravane, de simples touristes voyageant fréquemment, des cadres poussés par leur travail à déménager ou à s'expatrier, ou encore ces internautes qui peuvent voyager et découvrir le monde de chez eux. On ne sait plus très bien où se situe le nomadisme comme on l'a souvent connu. Désormais l'apparition des nouvelles technologies rend chaque endroit du globe accessible par un clic. La notion de voyage est alors bouleversée et chacun peut prétendre être nomade. Ces nouveaux phénomènes remettent en question le nomadisme, ils le transforment et le font évoluer vers des formes beaucoup plus éloignées que celles de nos ancêtres. Alors, assiste-t-on à une nouvelle forme de nomadisme, ou au contraire à une disparition de celui-ci ?
[...] En URSS, les autorités ont tenté une expérience avec les Tziganes. Pour les sédentariser en douceur, ils leur ont proposé de participer à l'élaboration du plan de leur future maison. Tout d'abord, les nomades pour qui le principe de sédentarisation était tout nouveau, ont proposé un unique espace, une seule pièce sans cloisons sur toute la surface. Puis, après quelques années, le phénomène d'acculturation progressant, les nomades proposaient un compromis entre l'organisation traditionnelle de leur ancien habitat (sans cloisons, ni portes), avec l'espace fonctionnel des logements modernes. [...]
[...] Et dès qu'ils en ont l'occasion, ils n'hésitent pas à dormir dehors. Mais contrairement aux constructions traditionnelles, ces habitats traduisent malgré tout une certaine acculturation au monde occidental Un rapport à l'environnement et à l'espace Comme nous l'avons vu précédemment, l'espace des nomades est un espace sans limite. Non pas parce qu'il est infini, puisque chaque tribu possède une aire de nomadisation plus ou moins bien définie, mais parce qu'à l'intérieur de cette aire, aucune frontière ni barrière psychologique ne vient délimiter des zones séparées. [...]
[...] Les contraintes et les particularités de cet espace reflètent immédiatement le mode de vie de ces voyageurs. Et tout comme celui des habitats nomades traditionnels, le domaine spatial de l'habitat a une très forte influence sur le mode de vie. Le voyage devient une façon de voir les choses où l'homme est patient, ouvert, tolérant et propice à l'aventure. D'autre part, dans cette économie de marché que prônent les sociétés occidentales, le travail prend le pas sur les loisirs, les hommes se fixent à des endroits suivant le phénomène de conformisme, chaque foyer se ressemble et chacun perd un peu de son identité. [...]
[...] Malgré cela, on constate que ces populations n'ont pas toutes envie de stationner sur ces emplacements. En effet, ces aires représentent un encadrement assez contraignant, en contradiction avec le besoin de mobilité et de liberté qui les caractérise. Cela traduit une autre méprise de notre part que de vouloir rassembler sur un même emplacement : Roms, Manouches et Gitans, d'autant plus que la promiscuité y est très importante. Comme leur histoire est relativement récente, ils n'ont pas eu le temps de faire évoluer suffisamment les mentalités pour pouvoir arriver à se mélanger entre peuples. [...]
[...] Le quotidien est totalement bouleversé et l'on peut tout faire à n'importe quel moment. L'individu saisit les opportunités : il écoute de la musique en marchant, peut aller au cinéma pendant la semaine et travailler le week-end, il fait même ses courses la nuit. Car il s'agit de combler ces temps morts où l'on n'a plus rien à faire, l'individu à besoin d'être en perpétuel mouvement. Le temps est décousu, chacun est libre de choisir son temps et de choisir à quel usage il le comblera. [...]
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