Les Nuer sont un peuple vivant dans le sud du Soudan au confluent de trois grandes rivières : le Nil, le Bahr el-Ghazal et le Sobat. Les Nuer, tout en ouvrant une voie nouvelle à l'anthropologie moderne, a acquis une postérité indéniable – un statut d'ouvrage mythique dans les sciences sociales. Cependant, une question se pose : aujourd'hui y a-t-il encore un intérêt à lire les Nuer ?
[...] Paris, Gallimard pages. Du grec absence de et kephalê, tête. "Partout, les bestiaux sont répartis avec égalité. Il est rare qu'un homme en soit entièrement privé ; on n'en voit aucun qui soit très riche." E. E. EVANS-PRITCHARD, Les Nuer. Paris, Gallimard p.38. "La terre étant assez vaste pour tout le monde en l'état de l'Agriculture, les Nuer ne se posent pas de problème de possession." Ibid, p D'autant qu'un Nuer "n'acquiert pas plus d'objet qu'il n'en peut utiliser. [...]
[...] 22-26 E.E. EVANS-PRITCHARD, The Nuer, Oxford University Press, p. 95-138 Ibid, p ; Chap. III, Par. X Ibid, p.135 ; Chap. III, Par. X : "values are embodied in words through which they influence behaviour". Ibid., p ; Chap III, Par. [...]
[...] Les deux interprétations restent valables. Cependant, même si Evans-Pritchard défia avec son œuvre l'anthropologie de son temps, il le fit avec la langue de son temps. Difficile de dire si c'est un défaut majeur, mais Evans-Pritchard ancre son étude dans son époque sans aucune auto-critique. Pour paraphraser les mots de la conclusion des Nuer, il se sent comme l'explorateur qui s'aventure dans une terre nouvelle, mais qui doit s'arrêter au milieu du désert pour manque d'approvisionnements.[86] Son défi a permis d'ouvrir la route à d'autres voyageurs, mais avec quelle dette envers son époque ? [...]
[...] C'est le cas surtout des dessins, que Geertz qualifie de "visual footnotes". D'autre part, les diagrammes semblent constituer la substance géometrique même d'un ouvrage conçu en termes géometriques.[71] A cet égard, il a été noté par Karp et Maynard que toute la structure du livre, à savoir l'analyse du système spatiale, lignager et, enfin, politique, peut se réduire à la reproduction de la même figure : un triangle équilatéral.[72] Ce sont ces éléments graphiques qui définissent le "noonday world" d'Evans-Pritchard.[73] Un monde sans ombres qui ne caractérise pas seulement le style, mais aussi le contenu, car, pour Geertz, chez Evans-Pritchard, comme chez Lévi-Strauss, "the way of saying is the what of saying". [...]
[...] Dans le domaine de l'anthropologie sociale, Evans-Pritchard se place lui-même dans une position critique vis-à-vis de ce qui le précède. Il le dit dans sa conclusion : "Actuellement, l'anthropologie sociale se satisfait de concepts sommaires, tribu, clan, classe d'âge, etc., qui représentent des masses sociales, et d'une relation supposée entre ces masses. La science n'avancera guère à ce bas niveau d'abstraction ; il est nécessaire d'employer les concepts qui désignent des rapports, définis en fonction des situations sociales, et les rapports entre ces rapports."[87] Evans-Pritchard opère tout d'abord un dépassement des sociologues du tournant du 19ème siècle, se plaçant ainsi en digne successeur de son maître à penser A. [...]
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