Le monde des Grandes Ecoles est-il réellement porteur de la valeur d’égalité des chances ?

Résumé du document

Dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, on pouvait lire : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » (article premier). L'idée « d'égalité des chances » affirme que chacun, quelle que soit son origine sociale ou son lieu de naissance, doit avoir les mêmes chances de s'élever, par son propre mérite, dans l'échelle sociale. Ainsi, l'école est, et reste un lieu de grand espoir pour faire en sorte qu'un individu s'élève dans la société.

Cependant, la « crise du modèle d'intégration », les pannes de « l'ascenseur social » et les difficultés d'accès aux Grandes Ecoles sont autant de constats inquiétants sur une société française dominée par la transmission des privilèges, par la reproduction de la pauvreté et par toutes les discriminations qui empêchent femmes, handicapés et jeunes issus de l'immigration d'entrer dans la compétition sociale. C'est donc sur le terrain scolaire que se pose la question de l'égalité des chances, seule justification des inégalités de réussite.
Ainsi, suite à ce constat demandons-nous si les Grandes Ecoles françaises sont réellement porteuses de la valeur d'égalité des chances.

Les classes sociales des élèves qui intègrent des cursus universitaires semblent être bien différentes de celles des Grandes Ecoles françaises. Lorsque, seulement 30 % des enfants d'ouvriers accèdent à l'enseignement supérieur contre près de 80 % des enfants de cadres, nous sommes en droit de nous interroger sur la mise en application du fondement d'égalité des chances susmentionné.
Dans cet environnement d'échec des politiques, les valeurs les plus importantes de la République comme l'égalité des droits ou l'égalité des chances apparaîtraient alors comme illusoires, une utopie fixée par les politiciens afin de soutenir des valeurs qui ne sont pas toujours respectées.

Nous étudierons les principes fondamentaux de l'école en nous appuyant sur les travaux de recherche et les analyses des plus grands sociologues et acteurs sociaux du 20e siècle. Nous nous interrogerons sur ses valeurs véhiculées d'une manière assez générale telles que l'égalité, la tolérance, le respect de l'autre… puis après avoir mis en évidence les failles du système éducatif dans sa recherche d'égalité, nous présenterons les solutions proposées par les politiciens, sociologues et autres spécialistes de la question de l'école. L'objectif étant de mieux comprendre le rôle de l'Ecole dans la société et d'analyser les facteurs liés à toutes les formes d'inégalité entre les individus.

Après avoir défini notre sujet de façon théorique, nous analyserons les politiques d'ouverture sociale des Grandes Ecoles en nous appuyant sur le cas de l'ESC Saint-Etienne. Nous insisterons tout particulièrement sur les écoles de management et nous analyserons si ces dernières sont réellement porteuses de ces valeurs révolutionnaires et d'égalité pour tous. Représentent-elles l'espérance d'un avenir meilleur pour chacun ? Nous essaierons à travers de nombreux exemples et témoignages de mieux comprendre leur approche de l'ouverture sociale et les plans d'action mis en place par ces dernières.

Extraits

[...] Seuil p.103 Le monde des Grandes Ecoles est-il réellement porteur de la valeur d'égalité des chances ? 34 du moins pendant un certain temps par exemple pendant les premières années d'écoles.27 C. Une société au secours de l'individu La théorie rawlsienne signifie que l'état va prendre en charge l'individu qui se trouvera dans une situation d'infériorité. L'état ici jouera donc le rôle de filet de sécurité sur lequel l'individu pourra compter si nécessaire. C'est l'idée d'un Etat Providence (protecteur et qui rétablit un équilibre entre individus). [...]

[...] Par exemple, dans les sociétés traditionnelles, la reproduction sociale était assurée également par le mariage. Dans la société actuelle, pour accéder à un emploi, le diplôme est devenu indispensable. Ainsi, selon BOURDIEU, les inégalités existantes au sein de l'école sont étroitement liées à cette stratégie de reproduction qui ne cesse de creuser un fossé entre les différentes classes. Dans le cadre de notre étude, nous nous limiterons au cadre scolaire. Dans plusieurs œuvres BOURDIEU explique que l'héritage culturel des étudiants est l'objet principal de leur réussite. [...]

[...] Selon Mme DUCAT, le marché de l'emploi sur la ville de Saint-Etienne n'est pas représentatif de la population locale. Il existe une réelle panne de l'ascenseur sociale sur le marché de l'emploi at-elle ajouté. Afin d'avoir une vision plus large sur le sujet et approfondir notre étude, un rendez-vous a été organisé avec M. André MOUNIER, l'actuel président de la CCI. On ne peut pas parler d'ascenseur social dans les Grandes Ecoles, les problèmes sociaux auxquels sont confrontées les ESC Aujourd'hui ne sont que les fruits d'un système éducatif incompétent qui ne sait orienter ses élèves. [...]

[...] Ce type de contrat qui a lieu en dernière année permet ainsi à une quarantaine d'étudiants, pour la majorité d'origine sociale modeste, de poursuivre et de terminer leur cursus avec une prise en charge financière de leur scolarité par les entreprises d'accueil Les aides sociales et financières de l'école Le nombre d'élèves boursiers CROUS augmente chaque année. Le pourcentage de boursiers CROUS se situe chaque année entre 20 et 25% de l'effectif étudiant, ce qui démontre clairement que l'ESC Saint-Etienne n'est pas une école réservée à l'élite sociale. De même, face à l'augmentation d'étudiants étrangers non éligibles aux bourses CROUS ou en grande difficulté financière, l'école a mis en place une politique d'aide 50 Dossier du Point Février 2008 Le monde des Grandes Ecoles est-il réellement porteur de la valeur d'égalité des chances ? [...]

[...] Dans le cadre d'une pédagogie différenciée, les objectifs sont atteints avec plus de temps. Les élèves travaillent en groupes restreints, avec des objectifs plus modestes et des moyens accrus. Dans la même logique, les classes UPI s'adressent à un public encore plus en difficulté car il regroupe des enfants dits trisomiques, autistes et touchés par différentes défaillances intellectuelles comme le syndrome de Williams etc De même que les élèves les plus en difficulté ont besoin d'un enseignement adapté, certains élèves requièrent dans leur formation un traitement différent de leurs facilités intellectuelles. [...]