Selon Philippe Ariès, ce n'est qu'au XVIIème siècle que naît le sentiment de l'enfance à proprement parler. Jusqu'alors les enfants étaient très tôt mêlés au monde des adultes dans lequel ils faisaient leur apprentissage et n'étaient pas perçus dans leur spécificité. Les parents ne nourrissaient pas de relation affective forte avec leurs enfants, d'autant que la mortalité infantile était alors très importante et limitait l'attendrissement. C'est à partir du XVIIème siècle que l'état des mœurs aurait changé, que l'éducation par la scolarisation se généralise et que l'attention portée par la famille devient plus nourrie. L'enfance apparaît donc comme une construction historique et culturelle.
Il m'a semblé intéressant de saisir la position nouvelle de l'enfant dans la société à travers le terrain de l'école, une société dans laquelle il se trouve confronté à une socialisation engendrée par les adultes mais aussi par les pairs.
Depuis une dizaine d'années la violence à l'école est un thème qui apparaît régulièrement dans les médias. C'est à partir des années 1990 qu'elle constitue un réel problème social. En sociologie la violence se définie par l'idée de rupture de l'ordre des choses, il s'agit de traiter des phénomènes de violence plutôt que de la violence comme telle. Nous allons nous intéresser à ce phénomène social dans un contexte particulier.
[...] L'enjeu ici, est souvent de ne pas se faire renvoyer. Les enfants habituellement violents avec certains professeurs ne le seront plus si c'est la directrice qui se trouve en face d'eux. Ils savent que c'est elle qui prend les décisions importantes comme celles de convoquer les parents ou de renvoyer un élève. A l'école de Junon, les adultes, et très souvent le directeur surveillent très strictement les enfants. Ils souhaitent éviter le plus possible, les situations qui posent problème et le nombre d'enfants permet aux adultes d'être à l'affût du moindre fait. [...]
[...] Et les ambivalences de socialisation sont moins nombreuses qu'à l'école de Clayeux, elles ne sont pas assez nombreuses pour provoquer cette rupture que connaissent certains enfants de Clayeux. La violence apparaît dans la construction identitaire de l'enfant lorsqu'il y a rupture dans le processus de socialisation. Conclusion Finalement, il est possible de comprendre que les adultes vont dans la même direction s'agissant de l'éducation des enfants. Ils souhaitent qu'ils répondent à la demande sociale dans son ensemble. L'objectif est donc le même mais les valeurs peuvent diverger, chacun croyant bien faire. [...]
[...] J'ai donc assisté à deux matinées et deux après-midi de classe dans chaque école. Ceci m'a également permis de d'approcher le fonctionnement de l'école, et d'appréhender plus précisément les relations entre adultes et enfants dans les situations qui m'intéressent. Les entretiens La collecte de données s'est également effectuée au travers d'entretiens établis avec les directeurs des écoles, les enfants et les animateurs de cantine. Certains sont des entretiens formels semi-directifs, d'autres sont informels et s'apparentent à des discussions notamment avec les enfants et quelques animateurs de cantine. [...]
[...] Les enfants arrivent à 9 heures le matin et sont accueillis par les enseignants, ils ont classe jusqu'à midi avec une récréation de 10 heures 30 à 10 heures 50. Le midi, ils sont pris en charge par le personnel de cantine composé de quatre femmes dont trois s'occupent de faire déjeuner les enfants. Les enfants mangent à tour de rôle en commençant par les plus petits. Une femme surveille les écoliers qui ne mangent pas, ainsi que le directeur qui reste toujours sur place et l'aide parfois pour la surveillance de la cour. Le midi il y a donc un ou deux surveillants dans la cour. [...]
[...] Cette situation n'est pas vérifiable à l'école de Junon où pour exister, les garçons n'ont pas besoin de se distinguer à ce point. En réalité, les enfants se confrontent à l'autre sexe en mélangeant agression et séduction. A Clayeux, les garçons ont plus de difficultés à gérer leurs relations avec les filles puisqu'ils ont encore une fois ici affaire à une socialisation ambivalente. D'un côté, ils doivent se détacher des filles pour s'affirmer en tant que garçons. D'un autre côté, lorsqu'ils sont en contact avec elles, l'interaction s'apparente alors à la séduction. [...]
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