La plupart des salariés de Mc Donald's entrent dans cette entreprise dans la seule idée d'un travail temporaire avec un but immédiat comme le finacement des études, l'achat d'une voiture, le permis de conduire. Or, par le double effet d'un management efficace et de véritables bonnes raisons pour ces jeunes, nous constatons une adhésion à l'entreprise, voire même un véritable engagement. Cette étude retrace en quelque sorte la carrière des équipiers de Mc Donald's de leur embauche à la sortie, que ce soit grâce à une promotion interne ou une démission douloureuse.
[...] L'ambiance semble agréable et les clients gentils. Si des nouveaux peuvent être dupés par cette présentation, les ricanements ou les commentaires des anciens qui se trouvent dans la salle de repos, où se déroule la formation, mettent la puce à l'oreille. Une fois la cassette visionnée, les nouveaux ont droit de goûter au terrain, où ils peuvent se rendre compte que le restaurant ne brille pas comme dans la démonstration[19]. Quand la nouvelle caissière découvre son poste, elle comprend que la vision de la cassette était idéale, voire utopique. [...]
[...] Tout ce vocabulaire utilisé transforme le travail en un jeu et permet à ces jeunes d'avoir l'illusion de maintenir une distance avec le monde du travail. Dans le mot jeu il y a aussi un aspect ludique qu'on retrouve sur le terrain. Ce travail pourrait paraître ennuyeux, car répétitif, fatiguant, éprouvant moralement, c'est un travail d'usine nous disait l'un d'entre eux, or les équipiers parviennent à le réinvestir en introduisant le jeu et un aspect ludique. En cuisine, les équipiers se mettent à faire la course, chronométrer leur temps de garniture, comparer le nombre de panières de pains passés pendant le rush, en caisse, elles vont comparer leur chiffre d'affaires, le nombre de commandes prises en une heure, leur temps d'assemblage de commande . [...]
[...] Mc Donald's ne licencie qu'en dernier recours, les managers ne peuvent alors compter que sur cette méthode pour se débarrasser des bourdons c'est-à-dire des équipiers qui représentent un poids pour l'organisation (à distinguer des abeilles travailleuses et appliquées). On peut parler de harcèlement dans certains cas, comme avec un jeune homme qui manifestement ne voulait plus travailler à Mc Donald's mais ne pouvait démissionner car il avait besoin d'argent. Il n'arrêtait pas de prendre des congés maladie, arrivait au travail les yeux cernés (il s'est même une fois endormi dans le trash). Les managers n'attendaient qu'une chose de lui : sa démission. [...]
[...] Est-ce juste un job ou un travail à part entière ? Nous pourrions dire que Mc do reste un job pour ceux qui n'ont pas le temps de s'engager dans le processus d'intégration et d'incorporation mis en place par l'entreprise ; leur expérience a été réellement provisoire et donc ne peut être vécue différemment. Pour les autres, ceux pour qui le provisoire dure, le job devient alors un travail, mais pas comme les autres, un travail pour jeunes en quelque sorte. [...]
[...] Un boulot de Dans son ouvrage Du ketchup dans les veines, Hélène Weber essaie de démontrer comment Mc donald's parvient à endoctriner ses salariés, à obtenir leur adhésion en exerçant une emprise psychologique sur eux. Mais comment des personnes endoctrinées pourraient critiquer leur travail ? Ne devraient-ils pas défendre Mc donald's contre tous ces détracteurs ? Or quand nous leur demandons de décrire leurs conditions de travail, l'unanimité prévaut pour nous dire que c'est un boulot de merde avec des tâches écoeurantes un travail d'usine un travail à la chaîne Le regard que les autres posent sur cet emploi contribue à cette perception de leur emploi, comme nous pouvons le voir avec Fathia. [...]
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