« L'habit ne fait pas le moine… ». Derrière cette expression se cache une histoire tout à fait intéressante sur le jeu des apparences. Pour nos ancêtres l'habit était le signe extérieur de leur rang social : la robe pour le moine, la tunique pour le serviteur, l'armure pour les chevaliers... Dès lors, il n'était certes pas malin de se faire passer pour un autre, d'ou l'usage de l'expression citée plus haut.
"Le roman de la rose"1 versifie d'ailleurs ce proverbe en soulignant prudemment la distinction entre l'être et le paraître (en effet, Saint Jérôme en précise le sens en disant : « ce n'est pas à l'habit qu'on reconnaît le moine, mais à l'observation de la règle et à la perfection de sa vie ».)
A cette époque déjà, le jeu des apparences prenait naissance grâce à ce travestisme vestimentaire. Le but de la manœuvre, est de « paraître » ce que l'on ne parvient pas à « être ». C'est la place du vêtement qui est intéressante ici, car c'est lui qui permet la tromperie. Grâce au vêtement on transgresse l'individu que l'on est ou que l'on représente pour devenir un autre individu. Voilà comment l'on pourrait définir très simplement le travestisme vestimentaire. Mais le raccourci est trop simple, et voilà la raison de cette étude.
Cet art du travestisme, le fait de s'habiller pour tromper ou se cacher des autres s'appliquant dans le passé, semble exister encore aujourd'hui. L'art de la tromperie par le travestisme n'a donc pas tout à fait disparu, bien au contraire. Il semblerait que certains individus usent du travestisme pour leur propre intérêt et les exemples cités peuvent être nombreux (les adolescents dans leur processus de construction identitaire, les femmes exerçant un métier
« d'homme » et qui doivent donc cacher tous les éléments de féminité pouvant traduire une fragilité naturelle…).
Mais dans notre étude, c'est une toute autre population qui va nous intéresser : la classe bourgeoise française (il faut comprendre la notion de classe bourgeoise au sens que donne Béatrix Lewita dans son oeuvre « ni vue, ni connue ».2)
Au delà de la fonction primaire de protection, il semblerait que cette classe bourgeoise use de son apparence donnée par le vêtement pour servir un autre intérêt. Notre étude va tenter de nous apporter des explications sur cet intérêt « autre », que les intérêts connus et décrits plus loin dans notre analyse (on parlera des fonctions primaires : pudeur, séduction, protection contre les intempéries) et les raisons qui motivent ce choix du travestisme (est-ce un travestisme volontaire ou subi ? C'est ce que nous tenterons de savoir dans notre étude).
Grâce à un entretien effectué avec l'un des Responsables Commerciaux d'une enseigne de prêt-à-porter Homme (Gentleman Farmer), enseigne assez chic et visant principalement une clientèle aisée (type : classe bourgeoise), nous pourrons exposer ces différentes motivations et apporter la preuve que la classe bourgeoise se travestit plus qu'elle ne s'habille (autrement dit, que la classe bourgeoise s'habillerait dans un toute autre souci que celui de la protection des intempéries). En effet, employé en tant que vendeur et adjoint responsable dans une de leur boutique parisienne, ce poste m'a permis d'être à la fois témoin de l'objet étudié et un facteur de son développement. Mes fonctions m'ont mis en relation directe avec la clientèle et mes supérieurs hiérarchiques (les contacts se sont multipliés).
Notre étude va se concentrer sur ce phénomène apparemment intemporel : le travestisme vestimentaire chez la classe bourgeoise. La définition de cet objet va représenter ici une bonne part du travail sociologique et une autre partie de cette étude sera donc consacrée à la compréhension de ce phénomène sociologique.
La problématique concerne le fonctionnement de la relation entre les habitudes vestimentaires de cette classe bourgeoise et les messages qu'ils veulent véhiculer par leurs ports, puisqu'il s'agit d'un certain symbolisme vestimentaire. Si ce n'est plus pour se protéger des intempéries, pourquoi la classe bourgeoise s'habille-t-elle ? Pourquoi d'une façon particulière et pas d'une autre (3) ?
Mon sujet porte donc sur la mode et la mode vestimentaire plus particulièrement, puisqu'elle est créatrice du travestisme. C'est pourquoi une longue partie de cette analyse s'attachera aussi à démonter les mécanismes de la mode, du prêt-à-porter et de la haute-couture, sorte de berceau symbolique du travestisme.
[...] Il y en a un par département de vente. Un pour le nord-est, un pour le nord-ouest, moi et un autre pour le sud-ouest, et tout cela d'un point de vue national. Mais quand il y a des rendez-vous qui se chevauchent, nous faisons appel aux personnels du siège pour nous aider un peu, ils connaissent les produits aussi bien que nous, donc cela nous aide dans les moments de grandes influences. Avec notre récente ouverture, l'entreprise recherche aussi de nouveaux responsables commerciaux. [...]
[...] Cette partie sera aussi attachée à l'analyse d'un entretien effectué avec un responsable commercial d'une enseigne de prêt-à-porter dont la clientèle appartiendrait, en majorité, à notre classe bourgeoise Howard S. Becker : Les mondes de l'art Editeur : Flammarion mars 2006) collection : Champs art Partie 2 : Le symbolisme vestimentaire chez la classe bourgeoise : l'ère de l'avoir l'air Ce que met en relief Baudrillard dans son œuvre le système des objets c'est que chaque objet peut-être détourné de ces fonctions premières. Mais cela reviendrait à affirmer que les vêtements ont plusieurs fonctions. Voyons comment, à travers l'histoire, le vêtement s'est vu attribuer différentes fonctions. [...]
[...] Une autre différence réside dans le public visé par les deux catégories étudiées. D'un côté la haute-couture va viser une population très riche, puisque les modèles sont uniques, taillés sur mesure et que les accès aux défilés sont quasi impossibles sauf si l'on est invités. De l'autre les modèles produits par le prêt-à-porter seront les cibles des couches sociales plus basses, puisque ces produits seront moins chers, produits en quantité, et disponibles en plusieurs tailles différentes. Ainsi ces 2 types de manufacture de vêtements permettent de créer des distinctions entre les différents publics visés puisque les produits crée le sont aussi. [...]
[...] Costume et habillement font un tout : le vêtement. L'opposition costume/habillement sert le point de vue sociologique : en effet, elle permet de caractériser le costume comme une institution, on sépare les actes individuels et on peut ainsi dégager les composantes sociales du costume. »Roland Barthes. Ainsi le vêtement est un signe, un langage, qui est, au sens plein, un modèle social, une image plus ou moins standardisée de conduites collectives attendues, et c'est essentiellement à ce niveau qu'il est signifiant Edmond Goblot : la barrière et le niveau. [...]
[...] Lorsque cette grande bourgeoisie accède à l'exercice du pouvoir politique, le régime est qualifié de ploutocratie. -Le Bourgeois-bohème Un bourgeois-bohème est un individu appartenant à une catégorie socio- professionnelle aisée, progressiste, de métier fortement intellectuel, habitant de grands centres urbains, souvent dans des quartiers autrefois populaires et se distinguant par son mode de consommation (logement, alimentation, loisirs). Cette catégorie se distingue des valeurs traditionnelles de la bourgeoisie, le terme est alors un synonyme en ce sens de "gauche caviar" ou encore de nouveau riche. [...]
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