Nombreux sont les sociologues qui se sont intéressés à la question des free-parties et des raves, à la consommation des drogues, à la musique techno et à sa réception, à l'idée de la transe, à la construction du mouvement techno underground comme une contre-culture etc… Mais trop peu se sont penchés sur les personnes étant à la base de ce mouvement. C'est plus particulièrement en Grande-Bretagne que les sociologues des cultural studies se sont préoccupés du mode de vie dit traveller et des prémisses du mouvement techno. L'objet de cette recherche est ainsi la compréhension du mode de vie des dits travellers techno à travers l'analyse de leur manière d'exister et d'habiter dans la mobilité. L'enquête de terrain que j'envisage s'effectuera au sein d'une troupe de travellers anglo-saxons.
Rappelons succinctement que les travellers du mouvement techno sont nés en Grande-Bretagne à la fin des années 1980. Ces personnes oscillent entre deux univers : d'une part, le monde de la fête techno que ce soit free-party, rave ou teknival et d'autre part, le quotidien conventionnel, formel qui leur permet d'avoir une activité salariale. La plupart d'entre eux vivent dans des fourgons, camions, bus ou caravanes aménagés par leurs soins et, adoptent saisonnièrement un mode de vie nomade, allant de free-parties en festivals libres.
Mes questionnements portent ainsi sur la valeur du nomadisme aux yeux des travellers. Aussi, mes interrogations tournent autour de cette question de l'habiter : Quelles aspirations à habiter peut-on percevoir du mode de vie traveller ? Comment habitent-ils leur nomadisme ?
Pour introduire l'univers de ceux que l'on nomme les travellers dans le mouvement techno européen, je commencerai par tenter de comprendre la situation historique et sociale du mouvement traveller des années 1950 à nos jours.
Ensuite, je définirai l'appellation traveller ainsi que le monde social qui les entoure, soit l'univers des free-parties et du voyage dit « technomade ».
D'une part, j'établirai une vision rétrospective du dit mouvement traveller et d'autre part, je soulignerai grâce à mes connaissances a priori du terrain et aux ouvrages parcourus, les pratiques socioculturelles de ces individus. Ainsi, à la suite de ces caractérisations, je situerai ma question de départ et les hypothèses qui en découlent. Dès lors, je pourrai éclaircir l'approche des travellers via différentes entrées thématiques qui permettront d'analyser plus profondément ce mode de vie. Enfin, je détaillerai le terrain que j'envisage d'effectuer tout en exprimant mes choix méthodologiques.
[...] Dans les mythes fondateurs, être nomade et apatride semble faire partie des éléments du vrai traveller. Ce genre de discours reflète ainsi la pensée collective du public des free-parties à propos de l'idée de traveller. Cependant, la précarité sociale de ce mode de vie tend fréquemment à mettre de côté ces rêves d'évasion de manière à organiser le quotidien parfois difficile. D'autres comme Annick Delorme, Greg Martin, ou encore Kevin Hetherington nomment ces individus, des new age travellers. (A.Delorme : (G. [...]
[...] Chatwin Le chant des pistes, Editions Lgf, Paris. Chobeaux Les nomades du vide, Editions La découverte, collection Poche / Essais, 188, Paris. Clark New age Travellers: identity, sedentarism and social security in T. Acton, Gypsy politics and traveller's identity. University of Hertfordshire press, London. Clements ET Campbell The criminal justice and public order act and its application for travellers, London. Claudot-Hawad Voyager d'un point de vue nomade, Edition Paris Méditerranée, Paris. Colombié Technomades, les pistes électroniques, Editions Stock, Paris. De Certeau L'invention du quotidien, Editions Gallimard, Paris. [...]
[...] Aussi, j'exposerai progressivement l'univers traveller au regard de ces différentes générations de façon à comprendre comment l'univers des travellers s'est particulièrement rattaché aujourd'hui au mouvement techno. Des années 1950 à nos jours, je tenterai d'une part, de présenter les conditions de possibilité d'émergence de ces mouvements et, d'autre part, de montrer l'évolution sociale et culturelle des travellers au regard de leur nomadisme et de leurs aspirations à habiter le voyage. De la Beat generation aux Sixties Les sociétés occidentales ont considérablement changé avec l'avènement de la musique rock'n'roll dans les années 1950, puis du rock-pop dans les années 1960, du punk dans les années 1970, de la techno fin des années 1980 jusqu'à nos jours. [...]
[...] Néanmoins, pour de nombreux amateurs de ces soirées techno, une free-party revendique un aspect underground tandis qu'une rave est officielle, réglementée, liée à des impératifs commerciaux. Dans la suite de cet exposé, je m'interrogerai sur les notions de dangerosité en me questionnant sur les représentations du risque pour ces individus. Ces précisions apportées, nous pouvons dès lors reprendre nos indications bibliographiques sur les dits travellers. Ainsi, pour Sarah De Haro et Wilfrid Estève, Etre traveller, c'est aussi plus philosophiquement, répondre à une mission : faire connaître la techno, son mode de vie, ses codes, toujours plus loin (S. De Haro, W. [...]
[...] C'est pourquoi, je ne donnerai pas de définition précise de la personne dite traveller puisque cette dernière semble recouvrir des réalités totalement différentes selon que l'on soit en France, en Angleterre, en Espagne ou au Maroc. Le traveller est donc pluriel et ne peut être compris sans une vision rétrospective des différents mouvements qui lui sont rattachés. C'est ce que l'historique des différents mouvements a retracé. Par ailleurs, c'est l'enquête de terrain qui me permettra de privilégier telle ou telle définition, sans quoi je ne peux prétendre à appréhender ces personnes. [...]
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