Les années 80, ont vu se proclamer les conditions théoriques d'une véritable égalité des chances. Pour la première fois les étudiants d'origine modeste se sont vus accéder à l'enseignement supérieur. Cette démocratisation de fait rime t'elle toutefois avec égalité des chances. 25 ans après ces premières mesures peut-on parler d'égalité des chances ? Les étudiants d'origine modeste ont certes accès aux études supérieures, mais ont-ils les mêmes chances de réussir que les autres étudiants ?
Malgré cette ouverture, nous savons que des inégalités persistent. Les étudiants d'origine défavorisée réussissent moins que les autres étudiants. Nous savons également que la part de ces étudiants décroit à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie des diplômes. Les niveaux les plus élevés restent donc l'apanage des étudiants les plus favorisés.
Le but de cette étude est de réfléchir aux raisons de ces écarts, en s'intéressant notamment aux facteurs qui influent sur le bon déroulement des études. Cette étude sera basée sur l'exploitation de l'enquête "Conditions de vie des étudiants" réalisée en 2005 par l'Observatoire de la Vie étudiante des Universités de Lille.
Cette enquête a été réalisée en 2004/2005 au sein des universités lilloises. Il s'agissait de la première grande enquête de ce genre menée au niveau régional et l'une des plus importantes aussi bien par la taille de la population touchée (16 000 étudiants) que par la diversité des thèmes abordés (ressources financières, la santé et l'alimentation, les pratiques culturelles, associatives et sportives, le logement et le transport).
Compte tenu des moyens humains et des moyens financiers, la totalité de cette population n'a pu être interrogée. La phase de collecte s'est déroulée en deux temps. Tout d'abord, une enquête postale a été réalisée auprès d'un échantillon représentatif de la population mère. L'échantillon a été stratifié suivant le sexe, l'âge, le niveau d'études, la profession des parents, le fait d'appartenir ou non à une antenne délocalisée, et le fait d'appartenir à une formation professionnalisant ou pas. 2000 questionnaires ont ainsi été administrés. Puis, 8000 questionnaires ont été distribués aux étudiants sur site. Au total, 2110 questionnaires ont été collectés, soit un taux de réponse de 21%.
[...] La cohabitation parentale permet, pour ces derniers, de réaliser une économie importante. Elle évite aux parents de financer un logement souvent très couteux en raison du prix relativement élevé de l'immobilier lillois. Prix qui ne favorise pas la décohabitation des plus modestes. La décohabitation coûte très cher, le coût moyen d'une résidence privée est de 324 euros, celui des logements individuels est de 374 euros. Le coût des transports des étudiants les plus modestes du Nord-Pas-de-Calais étant souvent pris en compte par le conseil général, la cohabitation parentale permet de réaliser un certain nombre d'économies. [...]
[...] Les étudiants d'origine modeste (revenu parental inférieur à 2000 euros) sont à 40% demandeurs d'une aide exceptionnelle contre seulement 30% des étudiants dont le revenu des parents est moyen (2000-3000) et élevé (supérieur à 3000 euros). La demande d'aide exceptionnelle est fortement liée au fait d'avoir un découvert à la banque mais aussi au fait de ne pas manger à sa faim ; les étudiants qui ont un découvert ont 1,2 fois plus de chance de demander une aide exceptionnelle, ceux qui ne mangent pas à leur faim ont 1,5 fois plus de chance d'en demander une. Les difficultés financières expliquent en grande partie le recours aux aides exceptionnelles. [...]
[...] Ceci est encore plus marqué chez les étudiants en grande pauvreté ils ne sont que 26% à réussir et 81% d'entre eux connaissent un retard. Tableau 13 : demande d'aides exceptionnelles et réussite étudiante enquête CVE 2005 Même si nous avons exclu du champ de la grande pauvreté les étudiants qui exercent une activité rémunérée à plein temps ou au moins à mi-temps de manière régulière. Nous ne pouvons nier l'impact des difficultés qu'ils connaissent sur leurs études. Pour cette population nous parlerons davantage de précarité. [...]
[...] La liberté que connaissent les étudiants prend la forme d'une indétermination. L'étudiant a ainsi le sentiment d'être livré à lui- même, de ne pas être suffisamment suivi. Cette absence de suivi a des conséquences sur le bon déroulement des études (démotivation des étudiants, abandon, échec). Je pense qu'il y a pas mal de choses à faire à l'université, pas mal d'étudiants sont livrés à eux même et les conséquences sont désastreuses (Femme, Bac+3 Anglais, origine favorisée, non boursière, salariée). Les études à l'université sont décourageantes et démotivantes. [...]
[...] Enfin, les étudiants qui consomment des psychotropes tendent à connaître plus de retard que les étudiants qui n'en consomment pas. Ils sont 44% à connaître un retard contre 39% chez les étudiants qui ne consomment pas de psychotropes. Tableau 9 : l'impact du stress, de l'angoisse et de la consommation de médicaments sur la réussite étudiante enquête CVE 2005 Les comportements à risque Les comportements à risque tels la consommation de tabac, d'alcool, de drogue témoignent de ce mal-être étudiant. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture