Cette enquête est le produit de cours en méthode qualitative, dont le thème fixé était « les
étudiants ». Évoluant dans un milieu militant, j'ai d'emblée voulu étudier cette population, souvent
méconnu et stigmatisée, des militants d'extrême-gauche dans leur vie au quotidien. Mais avant d'aller plus loin, il faut s'arrêter sur l'auteur de cette étude, dans un soucis d'objectivité. En effet, malgré toute la bonne volonté méthodologique que l'on pourra mettre dans une enquête sociologique (qu'elle soit qualitative ou quantitative), l'analyse des données contiendra toujours une part de subjectivité propre à l'auteur qui, consciemment ou non, privilégiera certaines pistes de réflexion plutôt que d'autres.
De ce point de vue, ce ne serait donc pas l'objectivité pure qui serait recherchée, mais la
franchise vis-à-vis du lecteur quant à la part de subjectivité présente dans l'étude. Celui-ci n'aurait
alors plus à ''gober'' des affirmations pseudo-objectives toutes prêtes, mais plutôt à ''digérer'' des conclusions subjectives (quoique tirées selon une méthode scientifique et rigoureuse) en les
critiquant, à l'aide de clés devant être fournies dans une présentation de l'auteur en rapport avec
l'objet d'étude. Cette démarche parait d'autant plus importante lorsque cet objet s'approche d'une
thématique sensible comme la politique, ce qui est le cas ici.
Comme exemple où une présentation de l'auteur est à déplorer, on peut citer l'observation participante de Daniel Bizeul au Front National où, s'il raconte très bien son ressenti durant l'enquête, on ne sait rien de la personne qu'il est (hormis qu'étant jeune il a milité quelques temps au PCF), et ne permet pas de comprendre entièrement certaines de ses réactions vis-à-vis des militants d'extrême-droite. Pourtant, si cette démarche peut paraître purement égocentrique de prime-abord, elle aurait pu donner une prise de recul sur l'enquête qui n'est pas permise par l'auteur dans ce cas. Il est à noter que ce mode d'objectivation qu'est la prise en compte du biais subjectif plutôt qu'une construction objective de l'objet d'étude, n'est appuyé par aucun un bagage théorique émanant d'une sociologie reconnue. Cela étant, il mérite tout de même à mes yeux d'être expérimenté ici, voire
approfondi de manière plus consciencieuse que dans l'étude présente.
Ici l'auteur est donc étudiant depuis trois ans, passé par la psychologie et aujourd'hui en
sociologie, militant communiste libertaire passé par la Confédération Nationale du Travail (CNT)
avant d'adhérer à Alternative Libertaire et au syndicat Sud-étudiant. De famille vendéenne,
traditionnellement de droite, j'ai régulièrement affaire aux préjugés émanant des médias ou des
discours politiques sur les ''gauchistes'' (on m'a un jour décrit comme « le dégénéré de la famille »).
Ainsi, c'est lors d'une manifestation contre la loi Pecresse que j'ai rencontré une voiture BMW, d'où
un quadragénaire en costume et cravate m'a interpelé : « Toi, t'as pas une tête à travailler ! » Cet événement m'a paru caractéristique du préjugé ambiant, pour moi injustifié, qui voudrait que les
militants soient des fainéants, et m'a donc amené à construire ma problématique sur cette question.
[...] si j'souhaite les voir de mon vivant mais, de mon vivant j'les verrai pas. Comme disait Blanqui, voilà il a tout théorisé, la révolution, comment faire la révolution, c'est à dire comment supprimer le pouvoir en place, il a fait une grosse réflexion sur comment effectuer la dictature révolutionnaire, censée empêcher la bourgeoisie et les réactionnaires de revenir au pouvoir, et de, de sensibiliser le peuple, bon après j'dis pas que j'suis pour ou j'suis contre, hein, j'décris, mais euh . [...]
[...] Au bout d'un moment, voilà quoi faut, faut fixer des limites quoi, euh . il devrait y avoir des gains possibles maximum, même en ayant un gros train de vie, j'veux dire quand on arrive à dépenser ça, et puis ça influe sur le coût des produits quoi, après tu vois des impôts, comme la TVA, qui sont aussi chers pour tous, c'est à dire moi j'paye le beurre aussi cher que Mickael Jordan, j'trouve qu'y a un soucis quoi, enfin . [...]
[...] De même sur les récentes interventions de N. Sarkozy contre la pensée de Mai 68 ou sur le rôle positif de la colonisation : rien n'est explicité quant aux mécanismes qui amènent à de telles situations, les élèves doivent apprendre l'histoire officielle, sans contradiction de celle-ci sous peine d'être subversifs, contre la société, et d'être au final exclus de cette société. Jean parle ainsi du problème des banlieues : on cherche pas à comprendre pourquoi ils adoptent tel type de comportement, faut leur dire qu'ils ont tort et qu'ils doivent pas le faire On peut faire le même traitement du discours sur les militants : on ne cherche pas à comprendre pourquoi les militants étudiants adoptent tel type de comportement, font des manifestations ou la grève, mais toutes les forces en présence dans le débat public (médias, éducation, gouvernants) doivent leur dire qu'ils ont tort, que ce ne sont que des fainéants et qu'ils ne doivent pas faire ça, car c'est mauvais pour la société (quand bien même ils se battraient en sa faveur). [...]
[...] Cela n'a pas été fait ici par manque de temps et de moyens méthodologiques, mon expérience militante pouvant parfois palier à cette carence d'observation. II/ Problématique Ainsi, ce dossier traite du préjugé qu'une large part de la société partage et parfois exprime, comme quoi les étudiants militants d'extrême-gauche seraient des fainéants, refusant le travail pour y préférer la paresse (qui s'exprimerait par la grève). Ce postulat de départ nous amènera non pas à vérifier si les étudiants militants sont réellement ce que l'on pourrait appeler des fainéants, encore moins à juger si penser ainsi est bien ou mal, mais à étudier ce phénomène telle une rumeur, comme nous le propose le groupe de rap éponyme La Rumeur : Une rumeur, c'est une information nonvérifiée qui circule. [...]
[...] Oui voilà, c'est ça hein, j'cherche pas à m'enrichir à mettre des thunes de côté, j'm'en fous du lendemain, pour l'instant j'ai pas de famille j'ai pas d'enfant, p'têtre je changerai d'avis quand j'aurai des gosses hein, mais euh, pour l'instant j'en ai pas. Au mieux ça sera dans neuf mois ! (rires) Et au niveau du regard sur les autres militants ? Parce que là on va profiter du fait qu'on soit en blocus, t'en penses quoi de ce mouvement social ? [...]
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