Estime de soi et valorisation des conduites agressives chez des adolescents de quatrième et de troisième

Résumé du document

Cette recherche a pour but d'étudier le lien entre l'estime de soi et les conduites agressives en distinguant l'agression réactive de l'agression proactive.
Etudier l'estime de soi est important car elle joue un grand rôle dans la vie des gens. Elle a un impact sur leurs pensées, leurs émotions, leur comportement quotidien. Si l'on s'intéresse à l'étude de l'estime de soi à l'adolescence, c'est parce qu'à cette période, l'individu devient capable d'envisager le possible et le temps, il est donc en mesure d'imaginer des réalisations idéales, reflets de ses aspirations ainsi que la distance qui le sépare de ce « soi idéal », qu'il observe dans ce qu'il croit être. D'ailleurs, pour Piaget et l'Ecuyer cités par Lamia (1998), cette conception de soi fait appel à un niveau supérieur d'organisation percéptuelle qui n'apparaîtrait qu'au stade des opérations formelles, soit à l'adolescence.
De plus, il semble exister un lien entre une basse estime de soi et un grand nombre de problèmes auxquels sont confrontés les jeunes d'aujourd'hui : dépression, suicide, délinquance…
Il semble alors essentiel, pour ceux qui travaillent avec des enfants et des adolescents, de mieux comprendre les processus sous-jacents à la formation de l'estime de soi et ses liens avec l'agressivité, dans une perspective développementale.
L'étude présentée a pour but d'étudier le lien qui existe entre l'estime de soi et les conduites agressives chez les adolescents. En effet, on peut se demander si les conduites agressives, à partir du moment où elles sont valorisées socialement, ne permettraient pas de remonter une estime de soi d'un niveau assez bas au départ ou même de la garder élevée. On essaiera, de surcroît, de montrer s'il existe des spécificités de ce lien dues au type de comportement agressif. Cependant, avant de présenter cette recherche, il apparaît nécessaire de définir l'estime de soi et notamment à la période adolescente. Il sera ensuite possible de parler des conduites agressives et d'essayer de comprendre quelle est leur origine. Enfin, on tentera de définir quelles relations peuvent exister entre estime de soi et comportement agressif.

Résumé: Cette recherche a été menée afin d'étudier les liens qui pouvaient exister entre l'estime de soi et les divers types de conduites agressives chez les adolescents. Certaines études soulignent l'existence d'un lien probable entre l'estime de soi et les conduites agressives mais aucune ne s'intéresse à la valorisation de l'agressivité ni à la différence de ce lien selon le type d'agression manifesté, c'est pourquoi nous avons choisi de nous y intéresser. Deux classes de troisièmes et deux classes de quatrièmes, soit 87 élèves au total dont 45 garçons et 43 filles ont répondu à deux questionnaires. Le premier questionnaire d'attribution des conduites agressives par les pairs a permis de classer les sujets comme agressifs ou non puis comme agressifs proactifs et/ou agressifs réactifs et/ou agressifs relationnels. Le second questionnaire d'auto-évaluation a servi à mesurer l'estime de soi de tous les sujets dans différentes modalités d'estime de soi. Les résultats principaux montrent que les garçons agressifs sont plus nombreux que les filles agressives, que les garçons agressifs ont une estime de soi supérieure à celle des filles agressives, que les garçons manifestent surtout de l'agressivité proactive alors que les filles manifestent de l'agressivité relationnelle et que pour ces dernières la corrélation est plus forte entre l'agressivité relationnelle et l'estime de soi que pour les garçons entre l'agressivité proactive et l'estime de soi. Ces résultats s'expliquent par le fait que l'agressivité masculine est tolérée alors que le même type d'agressivité chez la fille est très dévalorisé, ce qui autorise les garçons à se conduire agressivement et les filles à chercher un type d'agressivité en relation avec leurs rôles sociaux pour préserver leur estime de soi.

Extraits

[...] (1989), Sex differences in the consequences that children anticipate for aggression, Developmental Psychology 312-319. Pierrehumbert, B (1990). J'aimerais aimer l'école . In : B. Pierrehumbert L'échec à l'école, échec de l'école (pp 180-186). Lausanne : Delachaux et Niestlé. Pierrehumbert, B. (1991). Elève cherche modèle. [...]

[...] L'étude présentée a pour but d'étudier le lien qui existe entre l'estime de soi et les conduites agressives chez les adolescents. En effet, on peut se demander si les conduites agressives, à partir du moment où elles sont valorisées socialement, ne permettraient pas de remonter une estime de soi d'un niveau assez bas au départ ou même de la garder élevée. On essaiera, de surcroît, de montrer s'il existe des spécificités de ce lien dues au type de comportement agressif. [...]

[...] Child Development 710-722. Crick, N.R. Dodge, K.A. (1996). Social Information-Processing Mechanisms in Children's Social Adjustement, Psychological Bulletin 74-101. Crick, N.R. (1997). Engagement in Gender Normative Versus Nonnormative Forms of Aggression: Links to Social-Psychological Adjustement. Developmental Psychology, vol No 610-617. [...]

[...] Kaplan, D.S., Peck, B.M. & Kaplan, H.B. (1994).Structural model of self- rejection, disposition to deviance, and academic failure. Journal of Educational Research, 166-173. Kohlberg, L. (1981). The Philosophy of the Moral Development : Essays on Moral Development,vol. San Francisco, Harper and Row. Lamia, A. [...]

[...] In : P.G, Coslin Les conduites à risque à l'adolescence, (pp 165-179). Paris : Armand Colin. Crick, N.R. (1995). Relational aggression : The role of intent attributions, feelings of distress, and provocation type. Development and Psychopathology 313–322. Crick, N.R., & Grotpeter, J.K. (1995). Relational agression, gender, and social-psychological adjustement. [...]