Après avoir défini ce que l'on peut entendre par "démocratisation culturelle", nous esquisserons une typologie des publics, puis nous examinerons ce que recouvre la notion de "non-public" pour les équipements culturels. Ceci nous amènera à remettre en question cette notion par l'étude des pratiques culturelles en amateur, avant d'étudier les résultats de certaines mesures politiques visant à toucher le non-public. Nous finirons alors par évoquer les propositions alternatives de structures privées, basées sur d'autres postulats que les actions des pouvoirs publics
[...] En revanche, les retraités sont plus nombreux parmi le public de l'Opéra que celui du Louvre, prenant en cela la place des étudiants qui ne sont plus que 12% à l'Opéra, soit un chiffre très proche de leur part dans la population française. Cet exemple montre, une fois encore, que si l'on s'attache à envisager la composition socioprofessionnelle du non-public des équipements culturels, ce non-public compte surtout des agriculteurs (qui ne sont représentés ni dans les données du Louvre, ni dans celles de l'Opéra), des ouvriers et, dans une moindre mesure, des employés et retraités. Ces catégories sont les moins diplômées et ont des revenus plus faibles. Mais ces deux discriminants ne sont peut-être pas les seules raisons de leur faible participation. [...]
[...] Mais il est peut-être plus aisé de former le futur public dès l'école que d'attirer les publics réticents (grand public, public potentiel ou non- public). L'Opéra national de Paris, par exemple, s'y attache pourtant : la simple baisse des tarifs n'attirant pas le public escompté, l'Opéra a mis en œuvre une politique visant à atténuer certaines barrières symboliques. Afin de "convaincre" les publics réticents que l'Opéra est un lieu qui leur est accessible, l'Opéra national de Paris organise des visites de ses salles à des prix modiques, ce qui constitue une sorte d'initiation visant à modifier l'habitus du public. [...]
[...] Ils ont une forte volonté de découverte culturelle. Le grand public : il est plutôt hétérogène. Son intérêt pour les produits culturels est moindre, sa pratique est donc moins régulière. Sa capacité d'expertise est moins affinée ; le grand public est alors plus sensible aux facteurs agissant sur son appréciation du produit, comme la médiatisation du bien ou service culturel et celle de ses créateurs, son succès commercial ("légitimation par le marché"), et l'avis de ses proches ("légitimation par les pairs"). [...]
[...] Cependant des Français ne sont jamais allés à l'opéra n'ont jamais assisté à un concert de musique classique et 43% n'ont jamais assisté à une représentation de théâtre professionnelle. On constate également une légère hausse de la fréquentation des musées : en des Français ont visité un musée au moins une fois au cours de leur vie, quand ils n'étaient que 72% en 1989. Malgré ces chiffres à la hausse, peut-on pour autant dire que la population des non-pratiquants a diminué ? [...]
[...] Mais on peut aussi estimer que l'objectif d'une véritable démocratisation de la culture est de diversifier les publics. Bien que les institutions visent plutôt ce dernier objectif, c'est plus souvent le premier qui est atteint. Cette ambiguïté sémantique et l'utilisation de chiffres peu détaillés permettent alors d'affirmer la réussite de telle ou telle politique culturelle, quand elle n'a pas atteint son principal objectif : faire accéder le maximum de couches de la population à la culture. Le "non-public", ceux dont les pratiques culturelles sont inexistantes, semble alors rester le même, tant en proportion qu'en caractéristiques. [...]
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