Eléments pour une sociologie qualitative du voyage et du tourisme

Résumé du document

Nous essaierons dans ce texte de présenter quelques travaux, concepts ou auteurs importants, qui ont marqué la sociologie qualitative du tourisme. On a choisi de parler non de l'industrie touristique et de ses impacts ou de ses effets sur une économie ou une population, mais plutôt des dimensions interpersonnelles, psychosociologiques et anthropologiques de l'expérience touristique. Je n'aborderai pas non plus les recherches en tourisme menées par d'autres disciplines universitaires, en économie, géographie, psychologie, en histoire, en communication, en gestion et autres spécialités. Il s'agit de donner un aperçu, un instantané de ce qui me paraît caractériser la sociologie du tourisme actuelle.
Je m'appuierai en premier sur les travaux d'Erik Cohen, et de Nelson Graburn, qui résument bien les tentatives faites, notamment chez les auteurs anglophones, pour développer un point de vue socio-anthropologique sur le tourisme. Bien entendu, des travaux francophones existent, et sont même pionniers, - notamment l'article de Dumazedier publié en 1958 - mais dispersés et sans démarche ni perspective cumulatives : une impression de redite et de manque d'intérêt pour les écrits antérieurs se dégagent de la lecture de textes récents, les travaux des années soixante, soixante-dix, sont quelque peu méconnus.
Cela est dû, en partie, à l'absence de reconnaissance du tourisme comme matière d'enseignement, et de recherche, "noble", des chercheurs se sont longtemps demandé si le tourisme pouvait être considéré comme un sujet de recherche digne des sciences sociales. Mentionnons aussi l'absence de support universitaire de publication tel que cela se vit en Amérique du Nord avec entre autres, les revues Annals of Tourism Research - il en existe d'autres bien sûr - et Téoros, pour les Québécois. Ajoutons que cette non-reconnaissance est aussi le résultat d'un émiettement des recherches entre géographie, économie, écologie, ethnologie, psychologie, histoire, communication, etc. Cela se soldant quelquefois par des querelles de légitimité disciplinaire par rapport à l'objet.

Extraits

[...] Voir Jean Stafford, Les paradigmes de la recherche en téorologie : étude, analyse et critique Montréal, Loisir et Société, vol p - 560. Il manque dans ce survol la présentation d'un espace de recherches proche de la sociologie du tourisme et des loisirs. Je pense à certains travaux de sociologie du sport et des activités physiques (avec des auteurs comme J Defrance, JP Clément, C. Pociello par exemple). Je pense également aux travaux d'André Rauch sur les vacances qui n'apparaissent pas dans mon texte (voir "histoire des vacances"). [...]

[...] La question de la nature aujourd'hui, l'Harmattan, Paris. Mendras H La sagesse et le désordre, Paris, Gallimard. Michel, F., Désirs d'ailleurs. Le voyage commence là où s'arrêtent nos certitudes , Armand Colin Moles, A., Rohmer, E., "psychosociologie de l'espace", Paris, L'Harmattan Morin E Une culture de loisir in L'esprit du temps, Paris, Grasset. Neyret R. (dir.) Le patrimoine atout du développement, Lyon, Presses Universitaires de Lyon. OMT, Changes in Leisure Time : The Impact on Tourism , Madrid, OMT Paul-Lévy F. [...]

[...] Winnicott est le premier en effet à poser la relation du bébé à son environnement comme d'abord une relation de fusion et de confiance. Cette expérience satisfaisante de l'enfance, la parfaite adéquation avec l'entourage - en premier le lien avec la mère a beaucoup à voir avec cette nostalgie de l'âge d'or. En effet ce psychanalyste parle de l'expérience d'un accord profond avec le monde extérieur, d'une relation de fusion confiante de l'enfant avec la mère, comme expérience fondamentale qui ne nous quitterait pas toute la vie. [...]

[...] Différence et démocratie, Paris, Aubier,( trad. D.- A. Canal) p Lionel Trilling, Sincerity and Authenticity, New York, Norton Voir R. Amirou, Ph. Bachimon, dir., "Le tourisme local. Une culture de l'exotisme", Paris, L'Harmattan Au sens d'expression et d'épanouissement de soi, et non pas uniquement au sens rousseauiste de conformité à un genre de vie, à un état d'esprit. R. Collins "Statistics versus Words", Sociological Theory; R. COLLINS, San Francisco, Jossey Bass cité in E. [...]

[...] Sociabilités ludiques Reformulé en terme de rôles sociaux, et de sociabilités, on peut constater que la limite transgressée est d'ordre sociétal. On transgresse le chacun son rang, chacun sa place. C'est à cette injonction à tenir son rang et à garder son statut, bref à respecter la hiérarchie des rôles et des positions, très nettement perceptible dans les époques prétouristiques du XVIIIe siècle, par exemple, que ce jeu s'adresse. Cette notion de limite, au sens de frontière, que j'introduis ici pour décrire les comportements des touristes nous rappelle que l'un des fondements imaginaires du tourisme réside dans cette fantasmatique de franchissement de barrières, Le côté "libératoire" du voyage n'est que cela, en définitive. [...]