Interruption médicale de grossesse, questions éthiques, gynécologie obstétrique, Code de la santé publique, diagnostic prénatal, anomalies du foetus, diagnostics médicaux, professionnels médicaux, déontologie, responsabilité du médecin
L'interruption médicale de grossesse est un des sujets probants des tensions éthiques qui peuvent émerger au sein de notre société actuelle, et ce au travers du choix qui peut s'apparenter arbitraire des professionnels médicaux, et ce en collaboration ou non avec les parents. Cette pratique médicale alors que légale, se prête pourtant à de nombreuses discussions, et ce au travers d'interrogations éthiques compte tenu des différents domaines d'incertitude mis en avant par les professionnels au travers de leurs responsabilités dans l'exécution de l'interruption médicale de grossesse. Au travers de la définition de l'éthique, la science doit alors se reposer sur la morale au travers des traitements et pratiques médicales réalisées.
[...] Un étalement spatial et temporel : l'interruption médicale de grossesse se déroule mais ne se pratique pas 36Si l'IMG ne se pratique pas, elle se déroule néanmoins. Mais ce déroulement est présenté dans un fractionnement de gestes qui n'autorise pas à isoler précisément un acte qui soit celui de l'interruption de grossesse. Si on considère l'ensemble du processus, il faut déjà souligner la dissociation dans le temps et dans l'espace entre la prise de décision (le processus diagnostique lui-même se déroule en plusieurs lieux et sur un laps de temps de quelques jours à plusieurs semaines) et la réalisation de l'acte d'interruption. [...]
[...] La majorité des professionnels rencontrés construisent, voire « bricolent », leurs décisions en tension entre leurs conceptions, évolutives, de leur rôle et responsabilité professionnels, et la prise en compte des malaises qui naissent d'une autonomie des patients, nouvellement légitimée [23][23]La relation du médecin et du patient, devenu « usager », tend à : « Dans l'IMG, ce dont on s'est aperçu, petit à petit, c'est de l'énorme culpabilité induite chez les gens par le fait que c'est eux qui décident. Nous, on leur propose, mais nous évidemment, on fait ce qu'ils veulent, donc, c'est eux qui encaissent la décision quand même malgré tout ». Une sage-femme s'en désole : « C'est peut-être certainement mieux qu'eux, ils décident à un moment donné, même si c'est un peu affreux ». Le CPDP, dont tous les acteurs s'accordent à dire qu'il est indispensable, permet d'alléger le fardeau de la responsabilité. « Cela soulage » affirme un médecin. [...]
[...] Au moins, vous savez que vous ne savez pas ». 18La difficulté majeure pour l'ensemble des médecins impliqués dans cette phase du processus de diagnostic réside ainsi dans le fait d'avoir à annoncer un diagnostic grave mais en partie incertain. Tous affirment être gênés par ce type de situation. Mais leurs opinions divergent sur ce qu'il convient ou non de divulguer, sur les modalités de l'incertitude à expliquer, et quant à savoir qui évoque en premier l'éventualité d'une IMG comme issue possible de la situation [16][16]Nous n'avons pas assisté à ces consultations et ne pouvons donc . [...]
[...] Parce qu'on peut avoir une décision prise de façon très rapide. Quand on vous annonce que l'enfant est malformé en disant je veux une IMG tout de suite et je la veux demain, et puis finalement, se dire trois jours après, qu'il y a peut-être des questions qu'il faudrait poser avant ( ) peut-être d'autres avis à demander, à la famille, à un prêtre, à un psychiatre, à une copine et donc pour ça, il faut du temps ». 37Pour l'interruption de grossesse, il y d'un point de vue concret, une division du travail et une répartition des tâches entre, d'une part, la prise de mifépristone et le fœticide, qui sont des actes réalisés par les médecins (pour le RU c'est parfois une sage-femme et le fœticide se fait aussi avec l'assistance d'une sage-femme échographiste) et, d'autre part, le déclenchement par le misoprostol et l'expulsion, qui sont du domaine presque exclusif des sages-femmes et qui se déroulent en salle d'accouchement. [...]
[...] Le travail de Garel et al. (2002) comme ceux de Membrado ou de Paillet [5][5]Dont le thème est un peu différent mais qui aborde cependant , documenté la réalité des difficultés éthiques éprouvées par les obstétriciens et les sages femmes, lorsqu'ils « ( ) se trouvent portés sur le terrain de la régulation normative » (Membrado : 32). Ces professionnels soulignent les points de tension entre l'implication personnelle du soignant et la dimension sociale de l'acte : préoccupations morales sur l'étendue des indications, pouvoir donné aux médecins de décider du droit de naître, statut de l'enfant handicapé, conséquences psychologiques pour les femmes ou remise en question des procédures d'information à propos du dépistage. [...]
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