Intellectuel turc, cas kurde, communautarisme en Allemagne, immigration historique, France, Algérie, intellectuel exilé, société d'origine, apport intellectuel, migration de travail, production intellectuelle, Michel Foucault, question de l'exil, réseau intellectuel
Les nombreux travaux sur les migrations ont focalisé le regard sur la dimension économique de ce phénomène. Jusqu'aux décolonisations, l'immigré est prioritairement pensé comme une force de travail dont l'expatriation peut s'expliquer pour des raisons d'abord politiques (fuir le pays) puis, avec les révolutions industrielles et l'exploitation du Nouveau Monde, économiques. L'oeuvre magistrale de Thomas et Zaniciki, Le Paysan Polonais, est à fois une consécration empirique et méthodologique de ces considérations scientifiques. À travers une analyse biographique des plus approfondies, les deux sociologues ont ouvert une voie essentielle à la compréhension des faits migratoires.
Aux côtés de ces figures travailleuses de la mondialisation (Wagner, 2007), une attention particulière est offerte aux élites migratoires. À travers une mythologie travaillée, souvent romantique, on pense aux exils d'un Victor Hugo ou d'un Stephan Zweig dont les engagements politiques les contraignent à s'enfuir.
[...] Sayad peut alors servir d'exemple (encadré n°1) pour mettre en lumière les variables importantes dans les trajectoires migratoires. En ce sens, la question des temporalités est primordiale dans la compréhension des phénomènes migratoires. En effet, à partir d'explications historiques, sociologiques, on parviendrait non seulement à comprendre les formes collectives des migrations internationales mais aussi les modalités de leur encadrement. Nous avons montré que la notion de temps dans les migrations répondait de deux tensions : le temps institutionnel et le temps migratoire. [...]
[...] De l'autre, la dynamique des réseaux intellectuels dans la mise en œuvre des migrations intellectuelles. Cela permet de penser ces déplacements dans un cadre théorique qui fait de la migration un phénomène profondément sociale et politique. Dès lors, dans une perspective plus complète, il convient d'interroger les rapports au temps - et au retour lorsqu'il existe - afin d'avoir une vision globale des migrations intellectuelles. La question du retour dans la société d'origine Interroger et définir les migrations intellectuelles appellent donc de multiplier les points de vue et les problématiques. [...]
[...] Les échanges quotidiens entre les membres de la communauté turque et le reste des habitants est réduite au minimum. En réalité, les échanges sociaux privilégiés et récurrent sont ceux de la solidarité migratoire - notamment familiale et amicale - là où l'usage de la langue est donc le plus courant (Armagnague-Roucher, 2010). Le maintien des petites cellules est le vecteur primaire qui concourent au maintien des valeurs et des pratiques turques. Cette société germano-turque pose ainsi de nombreuses difficultés car s'y développent des formes d'(auto)exclusion sociale (Ôztürk, 2006) probablement liées à la dimension provisoire de l'immigration - et historiquement peu de mobilisations politiques intégratives - et aux ressources sociales, culturelles des migrants turcs. [...]
[...] Cela conduit à établir une brève typologie des manières de prendre place dans la société selon ce double rapport au groupe d'origine et au groupe majoritaire, qui est variable selon l'histoire migratoire de ces familles en France et la façon dont cet héritage a été perçu ». L'une des particularités des carrières migratoires professionnelles consiste dans le poids social associé aux Algériens qui en subissent les conséquences. En effet, malgré des représentations très élogieuses de la part de la jeunesse algérienne (« ces jeunes migrants instruits et formés, à la recherche de la réussite et d'idéal, poussés par un espoir d'ascension sociale et de « réalisation de soi »), ils doivent souvent confronter leurs compétences objectives à la réalité sociale. [...]
[...] La guerre n'a pas eu que des conséquences à l'échelle individuelle. Au contraire, la violence du conflit pendant longtemps, structuré la relation distante entre les représentants des deux pays. S'il a fallu attendre la fin des années 1990 pour assister à un « apaisement relatif », de nombreuses politiques ont, de manière officieuse, contribué à assurer un lien entre la Métropole et son ancienne colonie. Cette « leçon de tango » selon l'expression de Jean-François Daguzan s'inscrirait dans une volonté française d'exemplariser ses relations avec les anciens territoires coloniaux tout en produisant une rupture nette et franche. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture