Pandémie de Covid-19, confinement, Bergson, Aristote, temps, espace, Descartes, Kant, Heidegger, vie sociale, rythme de vie, immobilité, anxiété, Pascal, résonance, solitude, ennui, Covid-19
Que ce soit en France ou dans le reste du monde, la pandémie de COVID-19 a eu de profondes conséquences sur le déroulement de la vie sociale, économique et politique. La population a connu durant plusieurs mois un arrêt soudain d'une grande partie des activités socio-économiques, comme un arrêt dans le temps. En parallèle, de multiples témoignages photos et vidéos montraient qu'un peu partout, une autre forme de vie s'accommodait plutôt bien de cette trêve : la nature commençait à reprendre ses droits. Nous avons ainsi assisté au retour des dauphins dans le parc national des calanques à Marseille, à l'invasion des sangliers et des biches dans plusieurs grandes villes, à l'arrivée de multiples espèces d'oiseaux dans les centres-villes des grandes agglomérations. Tout cela a donné lieu à une remise en question sur le rythme de la vie humaine et le sens donné à nos activités quotidiennes, illustrée par un certain exode urbain à la suite du confinement.
[...] Aujourd'hui, les notions d'espace et de temps sont complétement bouleversées. Mais que cela signifie-t-il vraiment ? Affirmer que le temps s'accélère reste assez flou puisque le temps semble fixe. Pour Hartmut Rosa, au-delà de l'unité de temps, c'est la perception que nous en avons qui change. Les individus perçoivent plus rapidement le temps car les rythmes de vie s'accélèrent. Hartmut Rosa est un sociologue et philosophe allemand qui a beaucoup étudié le rapport au temps dans la postmodernité. Enseignant à l'université de Friedrich-Schiller d'Iéna, il fait partie de l'école de Francfort et est un représentant de la nouvelle théorie critique. [...]
[...] Toutes les structures sociales et familiales sont bouleversées par l'arrivée de ces nouvelles technologies. Les changements n'interviennent plus d'une génération à l'autre ou sur plusieurs générations mais au cours d'une seule et même génération. Les structures sociales deviennent très instables. Rosa sépare dans son ouvrage les différents types d'accélération pour en faciliter l'analyse et nous partager sa lecture du phénomène, mais dans sa logique, ils se confondent tous et participent au même mouvement d'accélération globale qui provoque une « obsolescence » des expériences et des attentes qui orientent a priori l'action (Rosa p. [...]
[...] Rosa cite à ce titre les agriculteurs bio, les membres de sectes et les « consommateurs de drogue », faisant un rapprochement assez inhabituel (Rosa p. 112). Tout cela a des conséquences dans tous les domaines de la société, et notamment au niveau politique, car ce rythme n'est pas propice à la réflexion et au dialogue. En démocratie, les processus politiques sont pourtant censés permettre la délibération. Or, la vitesse du temps social ne permet plus de mettre en place les conditions à un réel débat démocratique et à la participation des citoyens. [...]
[...] L'accélération n'est donc pas forcément ramenée à une notion de temps particulièrement liée au contexte social mais véritablement à un nombre a priori objectif de choses par unité de temps (Rosa p. 18). Il est pourtant admis que le temps est pluriel et qu'il existe une multitude de temporalités et de manières de penser le rapport entre présent et passé. Ne pas choisir de l'appréhender dans son pluralisme, c'est décider de ne pas faire de différence entre temps personnel et temps social, ce qui est problématique car cela nie toute alternative dans le déroulement des sociétés. [...]
[...] L'expérience temporelle est au centre de sa théorie d'accélération. Pour lui, c'est le rapport entre l'avenir, le passé et le présent qui permet d'appréhender les évolutions sociales et les rapports du sujet à lui-même. L'autonomie en tant que projet de la modernité est souvent mis en avant par Rosa pour qui les acteurs et les structures se coordonnent, les orientations des acteurs allant de pair avec les exigences systémiques mises en place par les structures. Ainsi, il dépasse de cette manière le clivage entre structures/systèmes et acteurs (qu'ils soient collectifs ou individuels) qui est l'un des principaux clivages en sociologie. [...]
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